Vivent les libertés humaines

Alors là on dépasse des bornes que je pensais innateignables…

Forcer de pauvres personnes requérantes d’asile à rester dans des zones si fermées qu’on les croirait. Ils ont souffert dans leur pays, souffrent encore physiquement et/ou psychologiquement, et on ne peut pas leur accorder un minimum de dignité. On dirait que l’on prend tous les requérants pour des criminels. Généralisation de merde!!! Y’a plus de criminels suisses en Suisse que de criminels étrangers. Faut pas déconner non plus.
Et voilà pour le coup de gueule de la journée

Celles et ceux qui continuent à lutter au quotidien pour préserver un minimum d’espace aux droits humains dans ce pays croyaient avoir bu le calice jusqu’à la lie. C’était malheureusement faire preuve de manque d’imagination…
Une nouvelle proposition choc est tombée hier dans la trop longue série des mesures prévues pour durcir une Loi sur l’asile dont la révision sera examinée en septembre par le Conseil national. L’idée, émanant de la commission de gestion du National, est toute simple. Il s’agirait de définir des «périmètres d’assignation» pour interdire aux requérants d’asile de pénétrer dans certains secteurs. Voire de sortir du centre d’hébergement durant une période pouvant aller jusqu’aux six premiers mois suivant le dépôt de la demande.
En d’autres termes, sous prétexte de prévenir les abus, la commission propose tout bonnement d’emprisonner toute personne ayant l’insolence de venir chercher asile en Suisse. Qui dit mieux?
Pour délirante qu’elle soit, la proposition ne fait que venir prolonger une mesure déjà appliquée. A Genève comme à Lausanne, des périmètres d’exclusion ont été définis, puis élargis, pour interdire aux requérants dealers l’accès à certains quartiers. Une politique qui a soulevé mainte controverse quant aux contrôles au faciès menés par la police pour vérifier l’identité des personnes de couleur ayant l’audace de se promener aux alentours de nos gares.
On s’aperçoit aujourd’hui que cette première mesure n’aura servi que de laboratoire à de nouvelles atteintes aux libertés fondamentales. Une fois testées, celles-ci s’appliquent d’ailleurs souvent à des catégories de la population allant bien au-delà des seuls requérants. Cornavin a ainsi été nettoyée de l’ensemble de ses marginaux par les vigiles privés engagés par les CFF, sous la bienveillante surveillance de la police.
Mais emprisonner les requérants ne suffit pas. La commission propose aussi de les obliger davantage à participer à des programmes d’occupation. Elle n’est pas allée jusqu’à suggérer ce qu’on pourrait leur faire fabriquer dans leurs cellules pour rentabiliser leur séjour chez nous…
Car l’essentiel est de prévenir la délinquance. En mettant tout le monde au même tarif, pour mieux nourrir une xénophobie qui justifiera ensuite de nouvelles mesures. A Bex, dans le canton de Vaud, une initiative de l’UDC demande ainsi désormais la fermeture du centre pour requérants. Les autorités locales jouent les modératrices, alors qu’elles avaient allumé l’incendie.
Dans une telle logique, le travail ne peut être qu’une punition. Lorsqu’il devient facteur d’intégration, on le bannit. Comme dans le canton de Vaud, où des dizaines de requérants déboutés se voient sommer de quitter l’emploi qu’ils occupaient parfois depuis des années.
Dans ce même canton de Vaud, d’autres requérants déboutés, ceux de la fameuse liste dite des 523, n’en continuent pas moins de bénéficier d’un formidable soutien de la population. Le conseiller d’Etat UDC Jean-Claude Mermoud n’en a pas moins répété sa volonté de les renvoyer envers et contre tout, en s’asseyant sur un vote pourtant clair du Grand Conseil. Notre politique d’asile ressemble de plus en plus à un coup d’Etat permanent.

(Le Courrier, 31.08.05)

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