Lendemain d’élection… réveil difficile

Difficile de se lever avec l’esprit clair ce matin… encore la gueule de bois suite aux résultats de hier soir…

Ouais, on s’est pris un grand coup dans les dents. On? Oui, le peuple suisse, la démocratie, la liberté, les jeunes, les humanistes, les minorités, les étrangers, les personnes dépendantes d’assurances sociales, plein de gens sont mal partis quoi. La victoire écrasante de l’UDC, avec ses sept sièges supplémentaires, renforce sa position de premier parti du pays. Mais sur quoi? Sur quelles valeurs? La peur a fait voter pour eux. Ils ont tout joué là-dessus, selon une mode du populisme facile, prétendant apporter des solutions simples à des problèmes extrêmement complexes.
Comment le parti qui a les deux ministres en charge de la sécurité peut faire campagne en prétendant que notre pays n’est pas sûr? Ils remettent en cause leur propre travail!?!? De plus, faut pas déconner, la Suisse est un pays tranquille, sûr ; s’il n’y avait pas ces routes à traverser, je laisserais mon gamin de 5 ans aller seul à l’école très confiant. Relativisons un peu les choses. Dans mon mémoire sur le sentiment d’insécurité, j’avais repris un titre de chapitre d’un bouquin « Paris n’est pas Chicago » en rajoutant « …et Lausanne n’est pas Paris ». Faut pas non plus peindre le diable sur la muraille.
Ce que je ne comprends pas non plus, c’est comment le populisme peut gagner dans de telles conditions socio-économiques. Que de pareilles idées et campagnes aient fonctionné dans les années 30, au milieu de la crise qui régnait, cela peut encore s’expliquer. Mais nous avons maintenant un taux de chômage bas, une bonne passe dans l’ensemble. On voit ces grands vainqueurs jouer avec des idées qui ne sont pas d’actualité…
Et comment ne pas revenir sur le côté xénophobe de l’UDC? Alors oui, ils n’ont rien contre les étrangers, du moment qu’ils sont riches et remplissent les caisses. Mais nous sommes tous humains après tout. Comment peut-on décider de rejeter ainsi des gens sous le prétexte qu’ils ont une autre nationalité. Surtout quand on est un pays aussi multi-ethnique que la Suisse… après tout, pour un pays aussi petit, on a quand même quatre langues nationales et des sensibilités très marquées…
Le fric ensuite… Quel choc! D’après les estimations, sur la campagne totale de tous les partis, l’UDC a dépensé la moitié à eux seuls. On parle de 15 à 20 millions alors que d’autres partis sont à 1 million. Evidemment, quand le PS n’a que des cotisations de ses membres et des dons, c’est dur de faire le poids face à un parti soutenu par de très nombreux lobbies économiques et industriels très puissants (Blocher, le leader UDC n’est-il pas lui-même millionnaire?). Comment lutter dans ces conditions. Et dire que nos chambres ont refusé une motion demandant la transparence des budgets de campagne. Ja’imerais bien savoir qi paye ces campagnes de l’UDC? On parle d’un généreux mécène qui a financé le fameux tout-ménages ayant défrayé la chronique, mais à qui l’UDC devra rendre des comptes du coup? J’attends d epied ferme l’initiative populaire demandant cette transparence financière des campagnes…
Gros point positif de la journée : la percée des Verts. Bien sûr, ça ne veut pas dire que la gauche gagne des sièges, mais ils font quand même une forte montée. Et ça au moins ça prouve que les Suisses se préoccupent parfois un peu de l’avenir de notre planète… même si leur avenir social semble ne pas les intéresser. D’un autre côté, si l’UDC place un de ses ministres au Département des Transports comme cela semble les intéresser, on n’a pas gagné. Les lobbies automobiles et pétroliers auront toutes les cartes en main et la priorité aux transports publics va passer à la trappe.
En tout cas, que de provocations et de coups de gueule dans cette campagne. J’ai déjà évoqué ça à plusieurs reprises sur ce blog. Comment ne pas rester de marbre face à ces provocations et à ces effets d’annonce? Bien sûr, si on ne dit rien c’est les laisser faire et accepter cela ; mais répondre c’est les mettre en avant et faire parler d’eux… « Faire parler d’eux », oui je crois que voilà une des grosses erreurs de cette campagne. Complètement orientée sur cette mise en avant, la campagne n’a que peu (voir pas du tout) abordé convenablement les sujets importants. Alors oui, j’ai entendu Darbellay du PDC marteler qu’il fallait ramener la campagne sur les sujets des gens, sur la famille, l’éducation, etc. Oui Maillard et Savary ont dit plus d’une fois de ne pas se concentrer sur Blocher mais plutôt sur le fond de la campagne. Mais qui l’a vraiment fait? Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu aborder le fond des problèmes. Après les résultats de hier soir, des représentants de partis disaient qu’il aurait fallu mettre l’UDC face à ses contradictions, voir pourquoi ils ne faisaient rien d’efficace sur les problèmes qu’ils soulèvent ; mais c’était après les résultats. Qui l’a fait avant? Dans la campagne? Je n’ai pas vu de vraie campagne, plutôt une guerre des tranchées, un bête affrontement sur la forme plutôt que le fond. Chose qui ne peut que servir les partis aux arguments simplistes qui évitent d’aller en profondeur.
Je reste convainc que les partis de gauche doivent réviser leur manière de faire et de communiquer. Même commentaire finalement qu’après la récente présidentielle française quoi. Pourquoi une telle défaite de la gauche? Pourquoi une telle claque pour le PS qui, bien que restant deuxième parti du pays, s’effondre. Comment se fait-il que la remise en question n’ait pas eu lieu plus tôt? L’UDC n’est pas la seule artisane de la victoire de la droite. La gauche a un rôle à jouer dans sa défaite. Et la lutte va devoir continuer. Ne pas baisser les bras, voilà la première chose. Ne pas se laisser abattre, et voir ce qui a manqué, pourquoi la cible n’a pas été atteinte…
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je ne suis pas un analyste politique. Je suis un citoyen réagissant ce matin à une journée noire…

3 réflexions sur « Lendemain d’élection… réveil difficile »

  1. En lisant ça je me disais:
    "C’est comme en France !"
    Mais tu l’as très bien dit dans ta conclusion…
    Le truc qui m’avait frappé à la présidentielle de 2002, quand l’extrême droite était arrivée au second tour, c’est que beaucoup de "campagnards" avaient voté pour eux alors même qu’ils sont les moins concernés par l’insécurité et les problèmes liés à l’immigration.
    Politique à l’américaine, ou les idées s’effacent devant l’étalage et le spectacle : on est pas sortis de la merde tiens, je me prends une bière à ta santé !

  2. Bon ben je fais pas un nouveau bille, mais je copie ici ce que j’ai lu dans Le Temps ce matin :
    "L’UDC prévoit néanmoins de consacrer sa prochaine assemblée, en principe en janvier, à «notre action au parlement», annonce le Neuchâtelois. Il s’agira d’établir une série de priorités que l’UDC tentera d’imposer, des priorités qu’elle puise dans son programme électoral: suppression de la norme pénale antiraciste, retrait de la demande d’adhésion à l’UE, baisse des impôts, réduction drastique des dépenses de l’Etat, expulsion des délinquants étrangers, interdiction des minarets, baisse de la redevance SSR, etc. "
    Ben on n’a pas gagné. Je sais que si tous les partis (ou une grande partie) se liguent contre l’UDC, ils ne pourront pas tout faire passer. Ils ne sont pas majoritaires au gouvernement, faudra des alliances, mais leurs thèmes font peur.

  3. "c’est que beaucoup de "campagnards" avaient voté pour eux alors même qu’ils sont les moins concernés par l’insécurité et les problèmes liés à l’immigration"

    Penser aux autres tu connais ? Voter, c’est pas que pour soi… on ne vit pas seul…

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