Quand la tradition prime

Et voilà un nouveau lendemain de votation où je me retrouve encore dans la minorité. J’avais déjà dit au cours de la campagne mon opinion sur le sujet et argumenté un tant soit peu la chose. J’aimerais aujourd’hui juste revenir sur les résultats et ce que l’on peut en tirer. Ce que j’en perçois c’est que la Suisse (ou du moins la majorité des citoyens ayant exprimé leur avis dans les urnes, ce qui n’est pas la majorité de la population, à se demander si les autres n’en ont vraiment rien à secouer)… donc la Suisse reste fermement ancrée dans ses traditions souvent passéistes et ne cherche pas à s’adapter au monde moderne. Et les réactions des vainqueurs du jour ne sont que des confirmations dans ce sens, avec le fameux symbole du « citoyen soldat » érigé au rang de seul modèle viable pour le mâle de notre société, avec ce retour aux sources du yoddle, de la fanfare de village, de Guillaume Tell et consorts. Je ne dis pas qu’il faut effacer ces traditions, non, mais les intégrer dans une vision contemporaine du monde.Parce que les valeurs transmises par les opposants à l’initiative me font quand même un peu désespérer…

On nous dit que l’émotionnel a perdu face à la raison. Pardon? Je crois mal entendre là. Certes les partisans de l’initiative ont joué partiellement sur l’émotion, oui ; les cas de suicides, de violences familiales, tout cela touche les gens. Et le nounours en peluche qui saigne. Oui. mais il y a aussi les chiffres, les réflexions de criminologues, de policiers, de médecins, tout cela va bien au-delà du simple émotionnel.

Par contre je trouve gonflé que les adversaires de l’initiative utilisent cet argument à deux balles. Et eux n’ont pas joué sur l’émotionnel? L’élu UDC à poil avec juste son fusil pour jouer sur la corde sensible des mâles en manque de virilité ne jurant que par le substitut phallique du gros calibre. L’affiche voulant empêcher de laisser les armes aux seuls criminels, qui fait donc croire que, comme dans le bon vieil Ouest américain, tout un chacun peut se défendre et faire justice soi-même avec son arme, protégeant son lopin de terre et sa gentille famille contre les méchants peaux-rouges (euh pardon, ici c’est plutôt les membres de maffias étrangères qui sont visés). Ou encore la remise en question des traditions et valeurs suisses, parce que évidemment il faut faire tenir notre pays à des valeurs profondément guerrières et violentes, où un objet destiné à tuer devient le ciment de l’unité nationale et de notre appartenance au fier peuple helvète. Sans parler de la fin annoncée comme l’Apocalypse de nos stands de tir villageois et de nos sociétés de tir fondamentales au bien-être, ainsi que du tir sportif, alors même que l’initiative n’aurait fait que les entourer et donner davantage de légitimité aux tireurs en leur reconnaissant le droit d’avoir une arme et de savoir s’en servir. Ouais, c’est certain, les opposants à l’initiative n’ont utilisé que la raison, face au pur émotionnel des initiants. Beurk, discours pourri!

Bref, je ne suis pas très satisfait, non seulement du résultat du vote, mais aussi de la campagne qui s’est encore une fois engluée dans des poncifs au ras des pâquerettes. J’ai vraiment l’impression que tout une frange de nos politiques prend la population pour une bande de crétins incapables de comprendre un discours un tant soit peu réfléchi. Et c’est désolant.

2 réflexions sur « Quand la tradition prime »

  1. Ah oui, j’ai oublié de laisser un mot sur les autres sujets de votations. Ben ouais, j’ai une grande gueule, donc je donne mon avis sur des scrutions cantonaux qui ne sont pas dans mon canton, et toc.
    Berne a accepté le vote consultatif sur l’ouverture d’une deuxième centrale nucléaire à Mühleberg. Et là je dis stop. Où va-t-on? Certes on a sûrement fait peur aux gens en parlant d’autonomie en énergie, etc. Mais en même temps, si on mettait les mêmes sommes dans des énergies durables et propres, on pourrait alimenter tout autant. Encore faut-il en avoir l’envie. Et puis y’en a marre aussi de cette vague de greenwashing su lobby pro-nucléaire défendant la propreté de leur industrie sous le prétexte que ça ne produit pas trop de CO2 ; on en oublierait presque les déchets radioactifs là…
    Et puis Genève a refusé l’amnistie fiscale pour les fraudeurs des impôts, une projet qui aurait permis aux gens de rentrer dans le rang et de se montrer au public sans même que l’on tente de leur reprendre les sommes sur lesquelles ils ont fraudés pendant des années. Alors que les petits qui n’ont pas trop de quoi frauder, on ne se gêne pas pour les assommer avec des sommes incroyables…

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