De la transparence financière en politique – épisode 3

Previously on… D’où vient l’argent de la politique en Suisse? et Initiative sur la transparence en politique.

Le nouveau round qui se lance aujourd’hui découle du refus du Grand Conseil vaudois de discuter de ce sujet avant … avant on ne sait pas quand en fait. En tout cas pas avant les élections. Parce que parler d’un sujet chaud et sensible avant les élections, il paraît que c’est mââââl. Ben tiens, ce sera plus facile après. Mouarf, je me gausse. La majorité de centre-droit tient mordicus à rester dans le flou et l’ombre, à se cacher derrière un rideau de fumée particulièrement opaque. De mon point de vue, mais peut-être suis-je particulièrement paranoïaque, je n’y vois que l’intention de cacher quelque chose. Et une institution publique comme un parti politique qui a quelque chose à cacher, et bien je trouve cela louche.

J’ai eu des échanges twitteresques à ce sujet avec un jeune PLR conseiller communal et candidat au Grand Conseil (mais Twitter et ses 140 signes ne sont pas bons pour argumenter et débattre, y’a plus de place ici et sur les commentaires de mes billets, par exemple). Il m’a asséné en retour l’argument de la liberté. Ah ben oui c’est certain. C’est du solide. Le débat ici n’est pas d’interdire certains financements, il ne sape aucunement la liberté de se faire donner de l’argent par quelque groupe que ce soit. Il est simplement demandé que les partis dévoilent publiquement (et si possible sans trucage) ces sources de financement. Je ne vois pas où est l’attaque contre la liberté.

Au contraire, cette information publique donnerait la liberté au peuple de voter en toute connaissance de cause en sachant qui finance tel ou tel parti et quels sont donc les retours d’ascenseurs que l’on peut attendre. Pas de mal à cela. L’électeur n’en connaîtra que mieux les gens qu’il élit et les idées que ces derniers vont défendre au cours de leur mandat. Un parti politique n’est pas une entreprise privée. On ne peut les gérer de la même manière. Un parti est public, il se doit d’être transparent vis-à-vis des électeurs.

On me dit dans l’oreillette que certains donateurs veulent rester anonymes… Ah ben oui c’est plus facile pour cacher les intérêts des élus ainsi. Si on participe à la vie publique, en finançant un organisme aussi public qu’un parti, on doit le faire en toute bonne conscience et publiquement. A nouveau, vouloir ainsi se cacher, cela ressemble furieusement à avoir quelque chose à cacher.

8 réflexions sur « De la transparence financière en politique – épisode 3 »

  1. Je vais tenter de résumer mon avis, mais je vais écrire un texte prochainement.

    Pour moi l’anonymat est un droit en politique, quand une personne va voter elle est libre de garder son vote anonyme. C’est une liberté et un droit lié à la démocratie.
    De ce fait, si un privé, une société ou une associations, souhaite soutenir un candidat ou un parti, je considère également comme un droit de garder l’anonymat.

    Personnellement il m’arrive que des personnes me soutienne seulement si je leur garanti l’anonymat. Pourquoi ? Certains sont des patrons de garage, de restaurants, de magasins et ne veulent pas lier la politique à leur commerce ou d’autres sont des élus d’autres partis, mais me soutiennent et souhaite naturellement que ça ne se sache pas !

    Bref, c’est un choix, une liberté de chaque parti de publier ou pas la liste de ses donateurs. L’électeur en est conscient, alors si pour lui la transparence est un critère, il ne votera pas pour moi, mais c’est son choix, comme c’est le mien de ne pas publier le nom de mes donateurs !

  2. L’anonymat est un droit en politique? Je ne suis pas du tout d’accord avec cette idée. Je ne suis même pas sûr que ce soit un droit tout court, même si je veux bien l’admettre dans un domaine purement militant ou dans le cas des whistleblowers, de ceux qui dénoncent des pratiques frauduleuses sur leur lieu de travail.

    La politique est quelque chose de public et, avec la notion de public vient la notion de transparence.

  3. Alias a dit en gros ce que j’allais dire. On n’est pas dans la sphère privée, on est dans le domaine public par excellence.
    J’ai des soutiens dans d’autres partis, je ne m’en cache pas.
    Si une entreprise veut me soutenir, pourquoi voudrait-elle s’en cacher? C’est qu’elle correspond à mes idées, non?

  4. Si c’est un droit en politique pour les électeurs ! J’ai encore le droit de garder pour moi mon bulletin de vote, non ?

    Les politiques sont avant tout des miliciens, mais quand ils sont élus, ils doivent effectivement annoncer leurs liens d’intérêts. Certains sont syndicalistes, d’autres travaillent pour des ONG, il y en a même qui travaillent pour des lobbys. Mais ce qui compte c’est leur vote et à ce moment là, c’est public ! L’électeur peut demander des comptes aux politiciens et ne plus voter pour eux !

    J’y ai répondu, certains commerçants ne veulent pas mêler la politique à leurs affaires ! Chacun à ses raisons !

  5. Je peux choisir de voter pour un politicien annonçant un certain programme… et qui va habilement contourner ses déclarations en soutenant les lobbies/entreprises qui le financent. Autant que je sache qui est derrière sa campagne.
    Si un commerçant ne veut pas mêler la politique à ses affaires, qu’il ne finance pas un parti politique. S’il finance un parti ou un candidat, c’est qu’il se mêle de politique.

  6. Je suis intéressé à la question de la transparence des finances des partis mais je n’ai pas d’avis tranché, je n’ai pas lu le projet de loi, je ne fais pas de politique et je n’ai pas l’habitude de faire des commentaires 😉 mais je me fais la réflexion suivante.
    Finalement, il me semble que l’important est la limite entre le soutient (qui à mon sens devrait permettre l’anonymat) et le lobbying (selon wikipedia: « qui consiste à procéder à des interventions destinées à influencer directement ou indirectement les processus d’élaboration, d’application ou d’interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, de toute intervention ou décision des pouvoirs publics »).
    Ainsi pourquoi ne pas proposer une règle qui donnerait la possibilité de rester anonyme tant que le « don » ne dépasse pas un certains pourcentage du budget total engagé dans telle ou telle campagne ?
    Qu’en pensez-vous ? quels sont les limites pratiques et théorique d’une règle pareille ?

  7. Tout d’abord, merci pour cet intérêt, et surtout pour le commentaire, surtout si vous n’avez pas l’habitude d’en faire… Ca veut dire que le sujet intéresse et intrigue.

    En politique, tout soutien financier revient à une forme de lobbying. Plus ou moins actif. On a des gens qui donnent à un parti/candidat pour influencer ses décisions (actif). Et d’autres qui donnent pour soutenir un parti/candidat qui va déjà dans leur sen (passif)s. L’un comme l’autre est un soutien à des idées, une intervention plus ou moins indirecte.
    La question du pourcentage par rapport au total de la campagne n’est pas bonne. Si on veut introduire ce système (je ne suis pas spécialement pour aller dans ce sens), il faut alors fixer un plafond au don. Parce que sinon entre les partis financés par les cotis de leurs membres et ceux qui reçoivent des sommes faramineuses d’entreprises privées, il y aura une inégalité crasse. Mais l’un dans l’autre, on se retrouvera devant le problème de dons « saucissonnés » qui, pris séparément, sont inférieurs au montant/pourcentage décidé ; et qui, additionnés, le dépassent. Très difficile dès lors de faire un contrôle là-dessus.
    Pour moi le seul moyen de contrôle est de rendre les comptes des partis publics, mais complètement. Transparents.

    A partir du moment où une entreprise, un commerçant, un entrepreneur, investit de l’argent dans le domaine public, cela doit être public. Connu du public.

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