Esprits Criminels – saisons 1 à 6

Au hasard de nos pérégrinations télévisuelles, ma femme et moi sommes tombés à quelques reprises sur Esprits Criminels (Criminal Minds), une série sur laquelle on a fini par accrocher. On a donc décidé de reprendre par le début et de suivre les aventures de ces profilers capables de tout résoudre. La série tourne autour d’une unité du Département des Sciences du Comportement, une section du FBI spécialisée dans la psychologie du serial killer moyen. Notre groupe de héros va donc, épisode après épisode, chasser du tueur en série avec une efficacité redoutable. La série n’est pas tellement feuilletonante, pas de grands arcs scénaristiques ici, mais plutôt des épisodes en loners (à quelques exceptions prêts) avec un système à la « tueur de la semaine » ; à peu de choses prêts, c’est un épisode = 1 serial killer. A croire qu’il y en a une vraie tripotée à travers les Etats-Unis.

Esprits Criminels c’est surtout une série fonctionnant sur ses personnages. On a une brochette de gens à la fois très archétypiques et dotés de fortes personnalités. Le chef renfrogné qui dirige sèchement les opérations tout en protégeant son équipe au mieux des affres de la hiérarchie. La belle blonde pour les public relations. La brune intrépide. Le vieux mentor intellectuel de service qui a tout connu. Le jeune geek surdoué qui sait tout sur tout sauf les relations sociales. Le dur à cuire costaud, en plus métis pour servir de représentation des minorités. Et l’informaticienne décalée geek et délirante. Sans compter que ces rôles peuvent s’avérer interchangeables. Quand un « vieux mentor » s’en va, c’est un autre qui arrive. Idem avec la brune intrépide. Au fur et à mesure des épisodes, on voit leurs relations évoluer, se construire, se développer. On travaille aussi sur leur passé, chacun ayant droit à au moins un épisode lié à sa vie privée qui permet d’approfondir le personnage. Il y a là tout ce qu’il faut de charisme, de personnalité et d’archétype pour que le spectateur accroche aux héros et s’en sente proche. Ce qui rend d’autant plus brutaux les épisodes où on s’en prend à eux, que ce soit directement ou indirectement (via leur entourage). Les acteurs sont assez bons et tiennent leurs rôles. Reid par exemple est vraiment bien, avec un rôle pas évident. Garcia, bien qu’un peu too much par moments, est émouvante et vraiment bien interprétée. Hotchner est une réussite entre son apparence de glace cachant une profonde humanité. Je suis plus réservé sur Rossi que je trouve un peu bancal par moments, ou sur Morgan trop monolithique. Les seconds rôles sont aussi très bons. Et il y a d’ailleurs parmi eux un très grand nombre de têtes connues, des invités d’autres séries, souvent très bons d’ailleurs. C’est toujours un petit jeu d’essayer de retrouver d’où l’on connaît tel ou tel visage.

Je disais avant qu’il n’y a quasi pas d’arcs courant sur plusieurs épisodes, ce qui rend le visionnage et la récupération en cours de route assez aisée. Il y a quelques exceptions de serial killers s’étalant sur deux, voire trois épisodes. Il y en a un qui prend même un peu plus de temps, ayant développé une relation toute particulière au chef d’équipe. Et puis il y a toute cette deuxième moitié de la sixième saison qui a permis de développer un scénario plus étoffé, plus construit, plus complexe ; et plus intéressant aussi.

A force de se retrouver chaque fois avec un nouveau tueur en série, on se dit régulièrement « c’est un sacré malade, là ». Phrase récurrente du spectateur qui croit souvent toucher le fond de la noirceur de l’âme humaine et qui découvre que l’on peut aller plus loin. Parce que malgré sa légèreté d’apparence, la série s’avère dure et franchement pas rassurante. Comme elle a l’air plutôt bien documentée en faits divers réels variés, on se dit que les faits racontés sont plausibles, et du coup que l’Humanité peut aller bien loin dans l’horreur. Et quand la série aborde en particulier les méfaits à l’encontre des enfants, on se prend à frémir. Les références psychologiques sont évidemment nombreuses, et je ne suis pas assez compétent pour voir jusqu’où c’est documenté ou bien jusqu’où ça devient de la pure fiction. Mais au moins les criminels ne sont pas présentés comme juste « fous », on explique bien l’aspect « maladie », les éléments pouvant être à la cause de tout cela. Les serials killers de la série ne sont pas juste des cinglés ou des monstres, ils sont considérés comme des êtres humains malades. Et ça fait aussi froid dans le dos. C’est pourtant la réalité.

Comme dans beaucoup de séries policières, on a quand même rapidement une impression de TGCM (« Ta gueule c’est magique ») parce que la résolution de tout cela par le pur travail de profilers ça me laisse quand même dubitatif. CSI dit que la police scientifique peut tout faire. Ici que les profilers peuvent tout faire. C’est un peu toujours la même chose dans ces séries, où on a l’impression qu’une spécialité dépasse les autres, qu’un type d’unité peut tout réaliser et que rien ne leur résiste. Les explications et réflexions me paraissent parfois quand même bien capillotractées et tordues, fumeuses, évasives, poussant le bouchon trop loin. Malgré donc un côté se voulant réaliste et documenté, la série dépasse cela et nous rappelle sans cesse son statut de fiction.

La série dispose aussi d’une bande-son de bonne qualité avec de nombreux titres musicaux qui sont très bien choisis et collent à l’action. Autant les thèmes propres à la série que les chansons d’artistes divers sont souvent très efficaces.

Esprits Criminels n’est pas une grande série. C’est un divertissement, une série policière de plus, même si elle fait partie du dessus du panier pour moi, avec par exemple Cold Case. Il lui manque de la profondeur et des scénarios plus construits, plus sur la durée, des personnages plus fins et moins archétypiques. Mais elle reste très agréable et se laisse regarder. Elle a pas mal de bons côtés au final. Et puis bon, une série qui cite des gens comme Cory Doctorow ne peut pas être fondamentalement mauvaise. Sans compter que l’on y retrouve Inigo Montoya…

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