Bon, qu’est-ce que je vais voter le 18 mai?

bild_schirm_fLes prochaines votations en Suisse auront lieu le 18 mai 2014, avec une belle brochette d’objets soumis au vote du peuple. Comme d’habitude, j’ai mon petit avis là-dessus et je me permets d’en faire part ici, des fois que cela puisse orienter le choix de certains indécis…

Arrêté fédéral du 19 septembre 2013 concernant les soins médicaux de base (Contre-projet direct à l’initiative populaire « Oui à la médecine de famille »)

Face au problème de diminution du nombre de médecin généralistes, un comité (Les médecins de famille suisses) avait lancé en 2010 une initiative demandant la revalorisation de ce type de médecine et de tout faire pour éviter les « déserts médicaux ». En 2013, les initiants ont retiré leur texte, satisfaits du contre-projet du Parlement, et c’est donc sur ce texte que nous nous prononçons.

Je ne vois pas de raison d’aller à l’encontre de ce texte qui va permettre à des zones médicalement très pauvres de proposer à nouveaux à leurs habitants les soins de base nécessaires. On ne peut se passer des spécialistes bien sûr, mais la médecine de base à portée de tous est nécessaire aussi. Je voterai donc « oui » à cet objet.

Initiative populaire du 20 avril 2011   « Pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants »

Encore une fois, La Marche Blanche nous sert un sujet extrêmement sensible. Dès que l’on parle de l’atteinte aux enfants, les tripes parlent et hurlent. Du coup, cet objet de votation devient très vite émotif. D’ailleurs, sur le fond, comme ça au premier abord, comment peut-on dire « non »? Je crois que la plupart des gens se sentent emballés à l’idée d’éloigner les prédateurs des enfants, et c’est normal. Et les sondages montrent clairement que l’initiative part victorieuse.

Mais en me penchant un peu plus sur le sujet, il y a un principe fondamental de l’état de droit qui m’est revenu, à savoir celui de la proportionnalité. Et finalement le fond juridique du texte est à mettre dans le même package que l’initiative scandaleuse sur l’expulsion automatique des criminels étrangers. C’est justement cet automatisme qui ne peut normalement pas exister dans l’état de droit. Chaque cas doit être traité séparément afin justement de rendre compte d’une peine proportionnelle à l’acte commis. M’étant battu contre l’injustice de l’automatisme pour l’initiative contre les criminels étrangers, je serais bien mal pris de vouloir appliquer ce même automatisme ici.

Il me semble que notre juridiction propose d’ores et déjà des peines allant dans ce sens. Un durcissement et de meilleurs contrôles sont annoncés par le Conseil Fédéral dans le cadre d’un contre-projet. Dès lors, j’aurais tendance à pencher pour le « non ».

Initiative populaire du 23 janvier 2012 « Pour la protection de salaires équitables (Initiative sur les salaires minimum) »

Et voilà le gros sujet bien chaud de la votation, le salaire minimum. Et honnêtement je ne vois aucune raison valable de s’y opposer. A l’heure actuelle, des dizaines de milliers de personnes (dont une majorité de femmes, bienvenues dans le monde de l’égalité) travaillent pour un salaire ne permettant pas de vivre convenablement, une situation tout simplement indigne et intenable.

Rappelons que l’initiative demande de pousser aux conventions collectives et réclame le salaire minimum là où ces CCT ne peuvent se mettre en place. Les opposants nous disent que l’initiative ne va pas et qu’il faut défendre le partenariat social. Comment défendre un partenariat social qui ne fonctionne pas et enfonce autant de monde dans la précarité? De nombreux domaines ne sont pas soumis à une CCT, le patronat s’y opposant. Que reste-t-il alors aux employés pour se défendre dans ces belles paroles de contrat social très libéral? Rien. Il n’est pas acceptable de continuer ainsi.

Rappelons aussi que les opposants à initiative assurent que, pour les employés ne recevant pas des salaires suffisants pour vivre, il y a les aides sociales. Cela me fait bien rigoler quand on constate que les mêmes politiciens sont les premiers à monter aux barricades pour couper dans les aides sociales en prétendant qu’elles coûtent trop cher et que c’est à chacun de se débrouiller selon un bon libéralisme solide. Belle ironie. Et joli foutage de gueule. Comment admettre qu’une personne travaillant normalement à 100% doive demander l’aide sociale pour boucler ses fins de mois? C’est inadmissible. L’économie qui s’assume libérale ne doit pas avoir à se reposer sur l’Etat et doit donc fournir les revenus suffisants à ses travailleurs. D’autant qu’un salaire plus élevé augmenterait le pouvoir d’achat de bien des personnes, leur permettant ainsi de participer davantage à l’économie par des achats de biens et de services dont ils ne peuvent même pas rêver à l’heure actuelle.

Loi fédérale du 23 janvier 2012 sur le fonds d’acquisition de l’avion de combat Gripen (Loi sur le fond Gripen)

Comme on dit : « Quand on devient adulte, on reste un grand enfant, c’est juste le prix des jouets qui augmente ». Notre ministre des forces armées veut donc acheter tout une volée de nouveaux n’avions de guerre Gripen. Pour quelques milliards. Dans un pays neutre dont la taille de l’espace aérien laisse à peine le temps à l’avion de décoller avant de dépasser les frontières. Pour nous défendre contre qui? Franchement on va me faire croire que l’armée suisse, quelle qu’elle soit, peut tenir le pays face à un adversaire déterminé parmi nos voisins? Laissez-moi rire. A la limite, si on tient à cette armée et qu’on veut l’améliorer pour être dans le coup, développons la lutte contre les cyber-criminels et les techniques de défense contre les techno-terroristes (mais de manière correcte, pas en les utilisant comme boucs émissaires pour anéantir la neutralité du net et si possible en évitant de continuer à amasser les flops dans les projets informatiques).

Cette dépense inutile verrait s’envoler des sommes astronomiques qui auraient bien plus leur place dans le financement, au hasard, de projets de logements accessibles, de lieux de garde pour la petite enfance, d’assurances sociales, ou que sais-je.

Le hic c’est que l’on ne peut pas voter contre l’achat en lui-même puisqu’il est dans le budget de l’armée. On peut par contre s’opposer au décret permettant le financement de cet achat, et c’est le cas avec ce référendum. Et là clairement je vous invite à votre « non » à l’achat inutile et dispendieux de ces n’avions.

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