Eternity Incorporated

C1-Eternity-Inc-BD-625x1024Le copinage n’a jamais tué personne, donc voici un petit billet sur Eternity Incoroprated du collègue auteur de jeux de rôles (on a bossé sur Capharnaüm) Raphaël Granier de Cassagnac. De la bonne SF bien foutue, intelligente, prenante et tout, ce fut une très bonne lecture.

Dans un futur pas trop déterminé, l’Humanité a succombé à un méchant virus. Seule une frange de gens sélectionnés a pu survivre sous les bulles créées par la société Eternity, des villes sous cloche protégées du monde extérieur, régies de manière très codifiée par des super-ordinateurs, des intelligences artificielles appelées Processeurs. Dans l’une de ces bulles, la seule qui ait survécu d’ailleurs, nous allons suivre les aventures de trois personnages très différents qui vont se retrouver mêlés dans une enquête particulière lorsque soudainement le Processeur s’arrête. Plus de directives, plus de contrôles de sa part. Une sorte de délivrance pour certains, un abandon pour d’autres. La liberté retrouvée va être plus ou moins bien vécue selon les affinités de chacun. Entre un DJ junkie révolté, une militaire qui patrouille les abords de la bulle, et une responsable de la connectique au Processeur, les différents éléments vont être dévoilés au lecteur. On entre très vite dans le monde d’Eternity Incorporated, facile d’accès, et du coup on se laisse vite happer par l’intrigue. En suivant les révélations et les découvertes des héros, le lecteur va échafauder ses théories sur la disparition du Processeur. L’auteur prend un malin plaisir à tisser de nombreuses fausses pistes, et il ne sera pas facile de démêler le vrai du faux. D’ailleurs la fin m’a pris de court, et j’avoue avoir été surpris par la révélation finale que je n’avais pas vraiment vue venir.

Le roman est bien écrit, agréable à lire. La langue est de qualité sans rendre le livre imbitable. Le style est assez nerveux pour soutenir l’action sans être haché non plus. On sent le background scientifique de l’auteur mais sans aspect rebutant. L’infodump permettant de se représenter le monde est bien posé, et les différents éléments apparaissent au bon moment. Et ça, ce n’est pas toujours évident dans les genres de la SF ou de la fantasy qui doivent nous présenter souvent de nombreux concepts nouveaux. Ici, on retrouve pas mal de trucs plus ou moins classiques de la SF et du post-apo ; virus mortel, menace de mutants, ville fermée, grande IA, castes définies, uniformes, vie bien réglée, tentatives de rébellion, etc. Mais le mix entre tout ça est vraiment bien foutu et on sent que l’auteur a réfléchi à son monde. Et puis on a là-dessus une intrigue prenante, une véritable enquête dont on a envie de découvrir les tenants et aboutissants, un bon whodunnit.

J’ai trouvé la fin un chouilla rapide et abrupte. Cette fin qui vient juste avant la révélation/épilogue. La tension monte beaucoup juste avant, on s’attend à un bon gros climax, et le truc retombe peut-être un peu vite. Par contre la révélation amenée dans l’épilogue est assez solide, même si je soupçonne Raphaël de s’être mis à la drogue pour rédiger cette partie déstabilisante. Il est toujours bon d’être surpris par la révélation d’une enquête, de se dire que « eh ben non on avait tort ».

Un très bon bouquin donc, de la bonne SF vraiment sympa. Je vais d’ailleurs aller me dégotter sous peu la prequel Thinking Eternity prochainement…

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