It Follows

IT-Follows-iTunes-PosterSi vous suivez un tantinet ce blog, vous aurez constaté que je suis assez porté sur les films qui font sursauter/flipper/transpirer/trembler, et que j’en ai vu passer du très bon comme du très mauvais. Normal quoi. Mais c’est vrai qu’à force de plonger dans un domaine, on devient difficile.Finalement, les films de flippe actuellement c’est un peu les mêmes recettes avec des jump-scares qu’on voit venir à des kilomètres, et sans grande créativité. Alors quand plusieurs magazines et sites parlent d’un film de 2014 comme ayant apporté son lot de fraîcheur sur le marché du genre et qu’il s’agit d’une petite pépite, je ne pouvais que suivre ces injonctions. Et j’ai donc regardé It Follows. Et bien je dois dire que ça faisait un petit moment que je n’avais pas été aussi collé à mon siège et autant mal à l’aise devant un film d’horreur.

La scène d’ouverture nous met directement dans une ambiance sombre, malsaine, tendue, et qui pose bien le décor. Le film va nous amener à suivre Jay, ses sœurs et amis, quand la jeune femme se retrouve victime d’une malédiction qui lui a été transmise parce que le porteur précédent souhaitait s’en débarrasser histoire d’éviter de mourir (on peut le comprendre). Il y a un petit effet Ring là-dedans, puisque à partir de l’événement déclencheur, les victimes sont inlassablement poursuivies par un esprit implacable qui semble n’avoir comme seul but que de massacrer sa cible, et qui peut prendre la forme de n’importe qui en fait. Bien évidemment Jay tentera de remonter aux sources, de comprendre d’où cela vient, puis de se débarrasser de la terrible malédiction. Le tout avec plus ou moins de succès.

Oui c’est volontairement que je ne vous parle pas de ce fameux élément déclencheur, ni de comment passer le relai de la malédiction à quelqu’un d’autre, histoire de maintenir un peu le suspens (vous trouverez des spoilers à la fin de ce billet pour celles et ceux qui ont vu le film). Mais sachez que l’on est ici devant un film qui aborde un malaise profond de la société, qui peut faire des références à certains de nos maux modernes, et qui devrait résonner pas mal aux oreilles de bien des gens.

Là où le film touche vraiment, ce n’est pas tant dans le gore ; on a bien quelques passages peu ragoutants, mais sans excès ni abus. Ce n’est pas non plus sur l’effet facile du jump scare ; on en a quelques uns, d’ailleurs suffisamment réussis pour tomber toujours justes. Ce n’est pas sur l’explication d’une malédiction ancestrale que l’on devrait à un quelconque mauvais acte. Ce n’est pas sur l’apparence horrible d’un monstre terrifiant ; en fait on voit peut l’esprit en question et il peut prendre la forme de n’importe qui. It Follows fonde sa réussite sur l’ambiance qu’il distille. Inquiétant, tendu, sombre, le film en devient parfois limite malsain. On est dans la tension permanente et l’impression de ne pas pouvoir en sortir, d’un gouffre qui s’ouvre sous les pieds de l’héroïne sans trouver de moyen de reprendre pied. On navigue pendant un temps sur la frontière entre folie et réalité avant de partir vraiment vers le fantastique. Voilà un métrage qui vous colle au siège et vous attire dans un puits de noirceur.

Et puis la réalisation est fort bien foutue. On n’est pas dans l’épileptique si courant de nos jours. le tout est posé, souvent lent ; il y a certes quelques accélérations, certaines étant même ralenties volontairement. Des plans larges où se cache la sourde menace, des travellings montrant un monde où n’importe qui peut se révéler menaçant. Une musique très électronique et sourde, avec des basses profondes. Et aussi des acteurs qui franchement s’en sortent plutôt bien, pour en pas dire très bien quand on regarde l’héroïne Maika Monroe.

En gros, si vous aimez les films de flippe, vous ne serez pas déçus. SI vous êtes du genre à faire la chèvre catatonique au moindre bruit, ce n’est peut-être pas un film pour vous. It Follows est une réussite dans sa catégorie, et apporte un bol d’air frais dans un genre qui tourne quand même pas mal en rond.

 

Je rajoute en fin de billet quelques mots avec du spoiler dedans… passez votre chemin si vous n’avez pas encore vu le film…

La fin… waow… Quand le générique a débarqué j’ai d’abord hurlé au scandale en en demandant plus, qui quand quoi comment et tout. Surtout qu’avec cette dernière scène, j’étais super tendu. Et puis finalement non, c’est une très bonne fin. Impossible d’échapper à la malédiction, on ne peut pas avoir de happy end avec un truc aussi terrible, et la seule issue est de disparaître. Tout comme il s’avère impossible de remonter aux origines de la malédiction, de cette créature, de ce mal si sombre. Et du coup ça laisse l’imagination du spectateur se mettre en branle et travailler dessus. J’aime bien les films qui ne me donnent pas toutes leurs clés direct comme ça, même si cela peut s’avérer frustrant sur le moment..

Et puis le sujet du sexe. Là où une première lecture au ras des pâquerettes pourrait laisser envisager un truc prônant l’abstinence, on passe vite au-delà de tout ça. Certes le sexe est le moyen de se passer la malédiction. Certes le sexe rapide, le coup d’un soir, la prostitution, sont présentés comme des solutions de facilité. Mais finalement on en reste aussi sur le sexe d’amour, de partager et s’offrir mutuellement quelque chose de très profond et intime. Finalement ce n’est pas le sexe qui est mal. Non. Idem pour une interprétation de la malédiction comme les MST, fléau de notre société ; là aussi c’est un peu facile et un peu court pour un film qui sonne bien plus profond que cela. Je pense que l’on peut facilement évacuer ces lectures trop simplistes. Et regarder un peu plus loin. Le sujet du film n’est pas le sexe, le sujet du film c’est la menace, cette angoisse, cette sensation oppressante d’être sans cesse suivi et observé par quelqu’un ou quelque chose qui vous veut du mal. Et le sexe ne devient plus que le médium de passage de relais. Il perd ce rôle sacré que lui donne les pro-abstinence et devient quelque chose de normal dans notre vie.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.