Après une première saison encensée par la critique, le public (et moi), True Detective était attendu au tournant pour une deuxième saison. Exercice toujours périlleux, surtout quand les attentes se font aussi fortes. Le principe de True Detective, une enquête sur une saison solidement ancrée dans un lieu et liée aux fortes personnalités de ses protagonistes principaux, fait qu’il n’est guère possible de continuer au même endroit. La saison 2 change donc de décor, de personnages, et de ton. Elle nous emmène dans la région de Los Angeles, où un groupe de flics disparates va se retrouver à démêler les fils d’un même meurtre. Il y a le flic blasé de la police local, corrompu, alcoolique, drogué, divorcé mais prêt à tout pour voir son fils au maximum, désespéré et au bout du rouleau, sur la pente raide. Il y a le motard du contrôle des autoroutes, le CHIPs de service, vétéran qui a vécu les horreurs de la guerre, en couple, avec une mère envahissante. Et puis la fliquette des fédéraux, talentueuse mais torturée depuis son enfance quant à sa vie intime. Ajoutons encore un maffieux local qui perd des plumes et de l’influence, et on obtient notre groupe d’anti-héros avec leur lot de défauts. Des personnages fortement marqués, avec de l’épaisseur, qui vont enquêter sur un meurtre sordide, le tout autour bien entendu d’une grosse machination pleine de coups fourrés, de traîtrise et de poignards dans le dos.
Alors soyons clairs tout de suite, je n’ai pas autant croché sur cette saison que sur la première. la faute peut-être à une dilution des personnages principaux (4 anti-héros au lieu des 2 de la première), à des aspects parfois trop archétypiques chez eux (la fille en crise avec le sexe, le flic alcoolo divorcé avec un gamin,…). La faute peut-être aussi à une intrigue qui ne prend pas aussi bien. Il est difficile de gérer trop de fausses pistes. Parce que avec tout ce que l’on suit depuis le début, avec ce que l’on peut imaginer, avec les éléments dont on dispose, on ne peut jamais se douter de la réalité avant de s’en approcher en fin de saison, et c’est dommage d’être autant baladé. D’autant que finalement la conclusion, le crime à l’origine de toute cette histoire, n’a rien à voir avec l’ampleur promise par les découvertes passées. Alors oui True Detective joue plus de son ambiance, de ses personnages et de ses situations, que de la réelle résolution de l’intrigue ; mais ça reste une série policière quand même et donc la résolution du crime en est au cœur.
Alors oui on a de très bons acteurs avec des personnages forts. On a un setting génial bourré de corruption et de belles brochettes d’enfoirés. On a des décors magnifiquement capturés. On a de vraies scènes épiques (en particulier la fameuse fusillade où ça tire dans tous les sens qui est une énorme claque). Il y a des passages glauques, durs, cette marque de fabrique de la série. On a tous ces éléments associés mais la mayonnaise prend moins bien. On voit à quel point l’étape de la deuxième saison est difficile lorsque les attentes sont placées aussi haut. La série reste très bonne, nettement dans le haut du panier, mais pas tout-à-fait au niveau de la première saison.