Bon ben il fallait quand même que je le voie, celui-là. Un film d’action qui dépote avec Zack Snyder aux commandes, un mec que j’aime pas mal du tout ce qu’il fait en général. Et en plus basé sur un comics de Frank Miller (pas le dernier venu), lui-même inspiré de la Bataille des Thermopyles. Des faits historiques, le comics avait déjà pas mal dévié vers une narration romanesque que le film a lui-même encore décuplé (pour ce que j’en sais, n’ayant pas lu le comics). Nul besoin donc ici de chercher le réalisme ou la véracité historique, tout étant sublimé, transformé, adapté. Mais l’idée de base est la même, à savoir le récit de la manière dont le roi de Sparte Léonidas a retenu l’invasion de la Grèce par l’Empire perse pour permettre à ses compatriotes de se préparer à résister, et ce avec une force militaire infiniment inférieure en nombre mais de grande qualité. Du coup le film ne prend pas de gants, et si on a droit à une introduction pour nous mettre dans le bain, pour comprendre les personnages et leurs motivations, et pour saisir les enjeux, l’essentiel du film se résume à une série d’affrontements formant une immense bataille, avec nos spartiates confrontés à chaque fois à des adversaires plus balaises, tels des héros de jeux vidéos qui montent de niveau vers le boss de fin.
Bref, pas besoin de se prendre le chou, on est là pour de la baston, et il va y en avoir. Le tout avec la patte Synder, à savoir un truc hyper chorégraphié et millimétré, des plans tous soigneusement travaillés et des effets spéciaux par pelletées pour obtenir une image ultra léchée. On aime ou on n’aime pas, mais c’est le style du réalisateur. En général j’aime bien (Sucker Punch, Man of Steel) mais là ça a un petit je ne sais quoi de too much, sans doute que le contexte de l’Antiquité ne colle pas si bien que ça à ce style visuel. Avec une bande son partant elle aussi dans des sonorités très modernes, on a vraiment une forme qui ne cherche pas à coller au fond antique, mais bien à devenir une narration romancée et décalée de cette bataille. Mais oui, c’est super esthétique. Chaque mouvement est étudié de près, les ralentis nombreux permettent de tout observer, les filtres donnent une tonalité et une lumière bien particulières. Tout en reprenant une esthétique proche de celle du comics, Snyder impose aussi son style. Le truc, c’est que cela rend le tout encore plus caricatural. Déjà que l’histoire de base est vachement poussée, avec une Sparte totalitariste ne supportant pas la plus petite déviation d’un idéal, quitte à faire subir toutes les atrocités possibles aux enfants dès leur plus jeune âge, avec un roi-dieu perse grandiloquent et plus qu’imbu de sa personne, avec des personnages très tranchés et manichéens. Le récit a une tendance à la misanthropie, à la misogynie, au pro-totalitarisme, au pro-militarisme, qui flirte avec le malsain par moments. De ce que j’en ai compris, c’était déjà le cas du comics. C’est sans doute voulu, mais ça ne passe pas toujours bien.
Du coup mieux vaut se concentrer sur le premier degré et la baston en elle-même plutôt que sur ce fonds. Et la baston, et bien elle a de la gueule, tout le monde y a mis ce qu’il faut pour. J’ai déjà parlé de la patte du réalisateur qui a mitonné son truc aux petits oignons pour que le spectateur prenne chaque plan au mieux. Des mouvements de muscles aux giclures de sang, tout est traité avec une précision d’orfèvre. La musique pose une ambiance épique qui colle au sujet et soutient le combat sans fin que mènent nos spartiates. Devant la caméra, Gerard Butler a la lourde tâche d’incarner Léonidas menant ses guerriers vers une mort quasi-certaine et devant donc se révéler un meneur de grande qualité ; ses discours se révèlent d’ailleurs prenants. En dehors de Michael Fassbender et de Lena Headey dans le seul rôle féminin, les autres acteurs ne me sont pas connus, mais ils ont le mérite d’avoir donné de leur personne, avec sans doute pas mal d’entraînements physiques pour avoir tous des looks d’athlètes bodybuildés.
En gros, il y a du bon et du moins bon dans ce film, mais il faut dire ce qu’il en est : les scènes de baston envoient vraiment du bois.
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