Life is Strange

Cela fait plus de 30 ans que je fais des jeux vidéos. Et sans prétendre avoir tâté de tout (loin de là), je pense avoir eu pas mal de choses entre les mains. Et pourtant j’ai rarement (voir quasi jamais) vécu une expérience ludique comme celle de Life is Strange, le jeu de Dontnod et Square Enix sorti en 2015.

On va ici suivre les aventures de Max Caufield, jeune fille de 18 ans qui revient dans sa ville d’origine qu’elle avait quitté à l’aube de l’adolescence ; elle entre à l’université pour y suivre une formation en art, douée qu’elle est pour la photographie. C’est en assistant à un meurtre qu’elle découvre qu’elle est capable de remonter le temps pour modifier les événements. Elle va utiliser ce don pour enquêter avec son amie d’enfance sur la disparition d’une autre fille du coin, enquête qui va bien entendu l’amener aux tréfonds d’une sombre machination avec ses fausses pistes et ses révélations diverses.

Life is Strange est un jeu très contemplatif, bourré de cinématiques, on est même à la limite du film d’animation interactif. En fait, nos actions ne se concentrent que sur des choix à faire, que cela soit dans des dialogues ou dans la possibilité de remonter dans le temps pour modifier nos actions. Et c’est la profondeur de ces choix qui donne tout son sel au jeu. Car non seulement les choix influencent vraiment l’histoire en donnant certains effets en cascade au scénario, mais en plus certains de ceux-ci sont juste affreusement durs. Vraiment. Il y en a où j’ai tout tenté et retenté dans tous les sens pour voir si je pouvais les court-circuiter ou les éviter. Poignant. Avec une vraie grosse dose d’émotions qui prend aux tripes.

Le jeu mêle très habilement une enquête d’enlèvement, une dose de surnaturel, et les travers d’une vie de fin d’adolescence, la trame de l’histoire faisant le passage à l’âge adulte pour Max qui doit faire des choix et les assumer, devenir responsable. Et tout cela avec des bouts d’histoire d’amour, de jalousie, de slut-shaming, de harcèlement, de sorties, de soirées plus ou moins officielles, de SMS (avec une réelle utilité dans le jeu), plein de choses qui ne sont ni plus ni moins que de vraies choses de la vie des adolescents. Et malgré ce côté « vraie vie », le jeu vous embarque dans sa magie et vous happe dans son histoire. Le jeu est lent, ce n’est pas un titre d’action, ce n’est pas du clic intempestif et frénétique, mais plutôt une vraie histoire qui va à son rythme et développe tranquillement tout son potentiel.

Le parti pris graphique aide aussi beaucoup à se plonger dedans. Son style visuel donne une réelle saveur au tout, avec ce côté « peinture à la main » et le rendu en particulier des photos, des éléments clés intimement liés à l’intrigue. Le tout accompagné d’une bande-son de très haute qualité avec des morceaux super émouvants aussi (dont Mogwai ou Foals). Une vraie direction artistique donc, qui donne une réelle identité à ce jeu, qui le transforme en vraie œuvre, plus qu’un simple produit marketing. Oui, Life is Strange est un des meilleurs exemples pour prouver que le jeu vidéo est aussi un moyen d’expression culturelle. Son découpage en épisodes donne aussi un rythme, une construction scénaristique bien précise, et une progression dans l’intrigue, pour un final dantesque, complètement barré, et un ultime choix sur lequel j’ai complètement bloqué, incapable de prendre l’une ou l’autre des deux options (et jouant sur les sauvegardes pour tenter l’un puis l’autre finalement).

Ce n’était pas facile de quitter ce jeu. Attaché aux personnages, pris dans cette intrigue, happé par ces émotions et bouleversé par certains choix, je suis arrivé à la fin avec ce sentiment de vide que laisse aussi la fin d’un excellent bouquin et la difficulté de se remettre sur un nouveau. Life is Strange est une véritable perle vidéoludique, un jeu à part certes, bien particulier et avec une identité forte, et c’est cela qui fait autant plaisir.

 

2 réflexions sur « Life is Strange »

  1. Salut,
    J’ai aussi aimé le jeu Life is Strange. C’est l’un de mes titres préférés. Je trouve que les visuels ainsi que le scénario ont été bien élaborés. Dès qu’on commence à jouer, l’immersion est complète.

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