Star Wars 8 – Les derniers Jedi (en 4Dx)

Voilà, je suis allé voir ce Star Wars nouveau, évidemment. Alors bon, je suis un peu fanboy sur les bords, plutôt bon public, et Star Wars c’est une de mes madeleines de Proust. Franchement tu me mets devant un écran avec des sabres-lasers et des X-Wing, et je suis content ; tu fais retentir les premières notes du thème après le petit silence et je suis content aussi ; j’ai pas besoin de grand chose quoi. Mais honnêtement le film était bien. Bon, comme toujours il y aura des mécontents, et « haters gonna hate ». Et j’admets qu’il y a des éléments sur lesquels on peut un peu tacler le film. Mais ne boudons pas notre plaisir. C’est un très bon film de grand spectacle avec ses moments épiques comme il faut, qui rend vraiment hommage aux origines de Star Wars tout en amenant sa touche, bien plus proche dans l’esprit de la trilogie originale que de la prélogie, et ça c’est bien aussi. J’ai donc passé un excellent moment dans mon siège (avec l’expérience particulière de la 4Dx sur laquelle je reviendrai plus loin dans le billet).

Bon, cet épisode 8 alors, ça donne quoi? On avait laissé Rey devant Luke Skywalker, lui tendant son ancien sabre laser, pleine d’espoir. De leur côté, les restes de la République anéantie par la terrible arme du Premier Ordre vont tenter de survivre dans une nouvelle forme de Résistance. Ce film va suivre en parallèle les combats désespérés de ces derniers face aux troupes du Suprême Leader Snoke, du général Hux et de Kylo Ren d’un côté, et de l’autre la découverte de la Force par Rey au contact d’un Luke Skywalker vieilli et aigri. Le film enchaîne les moments épiques, les passages de suspens, les dialogues permettant le développement des personnages, et quelques touches d’humour bienvenues. Le tout avec un très bon rythme soutenu. Il y a un petit côté « Empire contre-attaque » où Luke allait s’entraîner sur Dagoba pendant que ses potes se défendaient contre l’Empire bien entendu, et d’ailleurs les références sont nombreuses. Mais on n’est pas dans le quasi copier-coller de scénario façon Episode 7. Ici les références sont là pour être utilisées à bon escient, pour être retournées ou utilisées d’une autre manière. D’ailleurs ce passage de témoin, cette transmission d’un héritage, est au cœur même du film et son histoire.

Le film donne lieu à de très belles images et à quelques plans réellement impressionnants. Le réalisateur Rian Johnson était déjà à la barre du fort sympathique Looper et il nous présente ici un réel talent (je me réjouis de voir ce qu’il pourra imaginer dans le cadre de sa future nouvelle trilogie Star Wars, sans lien avec les Skywalker cette fois). D’autant qu’il est aussi scénariste et qu’il se laisse du coup bien aller à une vision assez personnelle. Certes, le film est adoubé par Disney (une société reconnue pour se fâcher avec pas mal de réalisateurs pour cause de « différend artistique »), mais on sent une vraie patte, une vraie intention de poser une nouvelle pierre fraîche à l’édifice d’une des sagas les plus marquantes du septième art. La preuve en est que ses choix quant aux personnages, leur avenir, leurs choix, font grincer des dents sur la toile et que certains intégristes ne supportent pas que l’on sorte de leur vision. Moi ça me plaît au contraire. J’apprécie beaucoup sa vision de l’univers. Pas de médichloriens mais une vision réellement mystique de la Force. Un vrai passage de flambeau de l’ancienne à la nouvelle génération, qui réussit à dépasser ses modèles pour s’imposer avec ses spécificités.

Et puis il y a cette utilisation maîtrisée des effets spéciaux, présents en nombre mais au service de l’histoire, avec un maximum d’effets en live, en dur, et des trucages numériques juste là où il faut. Franchement ce film a le mérite de présenter de vrais beaux morceaux d’anthologie, des passages épiques à souhait, et tous les éléments attendus d’un film Star Wars.

On n’échappe à quelques incongruités et légèretés scénaristiques, à quelques choix profondément débiles de la part des personnages, à quelques situation un peu WTF, ou à du Deus ex machina grossier, mais globalement le tout tient très bien la route. Et puis bon il y a la musique de John Williams, les thèmes connus comme les nouveaux, formant une superbe partition qui accompagne les aventures ; toujours aussi héroïque et enivrante (rha putain ce moment où les premières notes résonnent dans la salle après un moment de silence, toujours du pur bonheur).

Les acteurs font aussi partie intégrante de la qualité du film. Daisy Rdiley, nouvelle égérie propulsée par l’épisode 7, sait poser un personnage attachant, charismatique, fort et doté d’une certaine profondeur. A ses côtés, John Boyega et Oscar Issac profitent eux aussi de leur charisme et de leur prestance pour poser des personnages attachants. On ne résistera pas non plus à Kelly Marie Tran ni à Domhnall Gleeson. Parmi les nouveaux venus, on notera encore Laura Dern, Gwendoline Christie de retour sous son armure, Andy Serkis et Lupita Nyong’o méconnaissables car en motion capture, ou encore Benicio del Toro qui nous livre une belle prestation bien allumée. Et quel plaisir de retrouver les anciens Carrie Fisher et Mark Hammil, avec des personnages iconiques qui ont su évoluer en 30 ans ; pas simple de remettre ce genre de nom à l’écran, et le film leur redonne une grande ampleur (malgré une scène un peu trop WTF pour Leia). J’ai par contre beaucoup plus de peine avec Adam Driver que je trouve justement peu charismatique et pas dans le ton du personnage ; j’arrive pas à le faire coller au truc, il ne passe pas trop.

Au final on tient là un bon film, avec une belle dose de grand spectacle très bien mis en scène et une évolution claire d’un univers qui enchante des générations entières de spectateurs. Il redessine le futur de la saga après un épisode VII un peu trop ancré dans le passé, et ça c’est bon. Avec Rogue One, on a un signal positif quant à l’avenir de Star Wars (et on va en bouffer dans les années à venir du film Star Wars, l’année prochaine avec le spin-off sur la jeunesse de Han Solo et dans deux ans avec l’épisode 9, pour commencer).

Un petit mot maintenant sur la 4Dx, système de cinéma où en plus des lunettes 3D, tu te retrouves sur un siège qui bouge, avec de l’air soufflé, des petites giclettes d’eau dans la face, un chouilla de fumée, etc. Tout ce qu’il faut pour développer l’expérience cinéma au-delà de ce dont on a l’habitude. Alors oui c’est clair quand on est dans un vaisseau en plongée avec la 3D et que le siège penche vers l’avant, la sensation ressentie est vachement balaise. Oui quand on est sur une falaise sous la pluie et que tu as du courant d’air et des gouttes d’eau, c’est assez immersif. Mais c’est au final assez gadget. Comme pour la 3D qui a maintenant envahi les salles, la 4Dx ne transformera jamais une bouse en bon film (et inversement). C’est un petit plus sympa par moments. Mais en fait c’est trop au final. Il y a bien des scènes où les mouvements sont inutiles ; à se demander si certaines scènes n’ont pas été pensées juste pour ça parfois (Finn ridicule avec son eau qui gicle). Quant aux à-coups dans le dos, ce n’est pas super agréable. Alors bon c’était sympa de le tester une fois, et c’était le bon film pour le faire. Mais je ne vais pas renouveler l’expérience régulièrement, surtout vu le supplément tarifaire relativement indécent. Sans doute une ou deux fois sur d’autres films à grand spectacle, mais c’est tout.

 

Bon, et pour terminer, une partie de billet avec spoilers…

Oui, 2-3 mots sur des éléments de l’intrigue…

Quand même…

Donc si vous n’avez pas vu le film, STOP!

Arrêtez-vous là!

Vous êtes certain(e) de vouloir continuer?

Bon, OK, à vos risques et périls…

 

Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est la manière dont les références aux autres films sont reprises et retournées. C’est parfois très gros puisque l’on est à la réplique près, mais l’utilisation qui en est faite va dans une autre direction. Rey entre dans le lieu saint des Jedi exactement comme Luke dans l’antre du Côté obscur de Daggobah. Le face-à-face Rey-Kylo est un parallèle à celui de Luke-Vador (mais ici le grand seigneur est mort avant même que ça ne commence), tout comme il vient après le face-à-face Rey-Snoke faisant écho à celui entre Luke et l’Empereur, le tout après le passage dans l’ascenseur entre Rey et Kylo comme entre Luke et Vador.  Le faucon arrive in extremis pour sauver les vaisseaux qui attaquent le gros méchant, comme dans l’Episode IV. Luke annonçant à Kylo qu’il reviendra s’il le tue sous la colère comme Obi-Wan face à Vador, alors qu’en fait il n’est pas réellement présent. Etc. On en a plein des comme ça. Et pourtant ce n’est pas désagréable, car on est vraiment dans le passage de témoin entre générations. D’ailleurs, la mort de Luke en est le plus grand symbole, au moment où Rey commence à maîtriser ses pouvoirs. L’autre grand symbole étant Kylo se débarrassant de son masque, héritage de son grand-père l’empêchant de devenir lui-même et de s’épanouir. D’ailleurs, son retournement contre son maître ramène aussi à Vador. On notera encore la manière dont les batailles de début et de fin font écho à Hoth. Même le retour de Yoda fait plaisir. Je trouve tout cela vachement bien amené. On sent le fan service sans que cela soit de la redondance. Un hommage, une citation, et non un plagiat.

J’aime aussi beaucoup l’utilisation de la Force. Redevenue mystique, on n’a plus ces putains de médichloriens amenés dans la prélogie et qui avaient saboté le tout. Elle retrouve son côté inexplicable, son aspect de pendant à la technologie. Et cette manière de lier des gens, de communiquer, le lien entre Rey et Kylo, bien foutu et posant une ambiance bien particulière. Par contre, le fait que les fantômes de la Force semblent en fait capables d’agir sur le réel, c’est un peu bizarre. Sans parler du fait que soudainement les démarrages en hyperespace peuvent démolir la gueule de gros vaisseaux balaises ; genre il aurait fallu y penser du temps de l’Etoile de la Mort, non?

Par contre, j’ai toujours un peu de peine avec ces choix profondément débiles de certains personnages. Quand tu as un plan super bien huilé et que sous tes ordres tu as une tête brûlée qui va foncer si la situation ne lui convient pas, tu le mets au moins en partie dans la confidence, histoire qu’il ne risque pas de tout faire foirer. Quand tu as une base inexpugnable, tu en fermes la porte avant que les méchants arrivent, pas au moment où leurs navettes sont juste à portée pour tenter de forcer le bout de passage encore ouvert. Et puis il y a cette scène complètement WTF avec Leia dans l’espace ; alors oui on sait qu’elle a la Force, mais de là à la maîtriser alors qu’elle devrait être morte (ce qui au passage aurait fait un bel hommage au décès de l’actrice) ; pas compris, pas aimé ce passage.

Au niveau des explications, j’ai bien aimé la relation foireuse entre Luke et Kylo, avec chacun sa vision du truc, et la culpabilité qui du coup envahit Luke. Et l’explication du basculement vers le côté obscur. On manque par contre des éléments sur comment Snoke l’a récupéré.

Et ce qui reste inexpliqué? Finalement Snoke disparaît brutalement (anti-climax pour la mort de ce personnage reconnu comme super puissant et grand big boss) sans que finalement on ne sache d’où il est sorti et comment il en est arrivé là ; j’aurais apprécié avoir des infos en plus sur ce personnage. Et les parents de Rey? J’aime bien la version donnée par Kylo (ce côté « tu n’es rien » qui casse l’aspect « héros élu » trop cliché) ; mais est-ce la vérité? Ou bien a-t-il juste dit cela pour la manipuler, pour tenter de la retourner? Et si c’est la vérité, a-t-on une explication pour laquelle la Force est si puissante spécialement chez elle (nan parce que faut quand même dire qu’elle la maîtrise pas mal pour quelqu’un qui n’a pas été formé)? Pas compris non plus comment l’utilisation de la Force pouvait à ce point avoir pompé l’énergie de Luke pour arriver à cette fin ; cela ne me semblait pas trop le cas précédemment. Et il reste encore ces fameux chevaliers de Ren dont on n’entend plus parler.

Encore un regret… poser un personnage de super-stromtrooper hors du commun avec une belle armure, et le dégager en un rien de temps (aussi anti-climax pour la mort de Phasma, dommage).

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