Cannes 2018 (2/6) : protos et jeux à venir

Après vous avoir présenté le Festival et montré ma petite galerie photos, voici le premier billet de la série consacrée aux jeux découverts sur le FIJ 2018 (les avis de mes collègues sont précisés)…

Entre les allées du festival et le off en soirée, on a pu tâter de pas mal de jeux pas encore sortis. Petits protos pas encore très développés ou produits quasiment finalisés en kickstarter, ce sont des jeux que vous ne trouverez pas pour le moment dans vos boutiques. Donc voici quelques petits retours sur Age of Towers, Baiam, Black Angel, Chronicles of Crime, Dwars et Fortress Escape.

Age of Towers

L’avis d’Alex : En étant à la recherche d’une nouvelle table pour jouer, nous tombons sur une magnifique table aménagé par la Fabrik D’ID et nous décidons d’essayer ce jeu ; même si nous ne pouvons pas aller sur cette magnifique table. Le principe du jeu est un tower defense, c’est-à-dire que vous devez essayer de protéger votre citadelle des attaques ennemies et être celui qui défend le mieux. À première vue, le jeu est très fourni en pièces et très bien travaillé, avec des illustrations somme toute très jolies dans un style un peu BD heroic fantasy ; tous les adeptes de ce monde-là seront ravis (ce qui peut ne pas plaire à tout le monde).

Le jeu se déroule en quatre phases : aube, jour, crépuscule, et nuit. Il y a une phase où l’on peut acheter des cartes, construire nos tours de défenses, ou rallonger le chemin amenant les ennemis à notre citadelle. Une autre phase où les monstres avancent et une autre phase où on essaye tant qu’on peut d’éliminer des monstres. Le jeux s’arrête lorsque trop de monstres ont attaqués la citadelle (15 points) ou lorsqu’un des joueurs à réussi à éliminer le chef ennemi !

Ce qui est vraiment cool dans ce jeu, c’est que pour gagner il faut survivre le plus longtemps possible, et surtout résister le mieux possible aux attaques ennemies. Et l’autre aspect intéressant, c’est le fait de pouvoir faire des crasses à vos adversaires, grâce aux cartes achetées au marché, en leur envoyant vos monstres sur leur chemin ou en leur subtilisant leur tours. Mais attention à bien vous protéger également !

Ce jeu a vraiment de quoi séduire au niveau de sa mécanique de jeu et des interactions  avec ses adversaires. La situation pouvant être renversée à tout moment, il faudra savoir gérer ses ressources pour ne jamais être à court afin de pouvoir acheter telle ou telle amélioration ou carte.

A noter que le jeu a été largement financé sur Kickstarter et devrait arriver cette année.

L’avis de Julian : Une bonne surprise découverte par hasard le dernier jour. Ayant beaucoup joué à des tower defense sur Warcraft 3, le nom me donnait envie de l’essayer. Je n’ai pas été déçu. On subit le jeu du début jusqu’à la fin, le but étant de ne pas être le premier à mourir, le tout sans être aidé par les fourberies de nos adversaire.

Le matériel est vraiment bon et donne envie de jouer, le jeu est actuellement en précommande et devrait sortir cet automne sauf erreur.

 Sur le site de l’éditeur

Baiam

J’ai plongé pendant de nombreuses années dans les Livres dont vous êtes le héros. Depuis quelques temps, j’ai découvert les BDs dont vous êtes le héros, qui rendent le truc plus accessible, en particulier aux plus jeunes (car moins de texte) et y ajoutent un petit plus (la recherche de numéros dans les décors). L’éditeur spécialiste de ces ouvrages, Makaka, se lance avec Baiam dans un truc qui le rapproche encore plus du jeu de rôle : la BD dont vous êtes le héros mais à plusieurs, sous la houlette d’un auteur et d’un illustrateur de talent, Shuky et Gorobei. Quatre livres à prendre en main en même temps par quatre joueurs pour incarner chacun un personnage différent. En l’occurrence quatre frères et sœurs qui doivent rendre service à leur père malade de la grippe en allant chercher des trésors. On peut choisir de se concentrer sur l’un des types de trésors, ce qui rendra la quête plus ou moins difficile et l’adaptera à différents âges de lecteurs.

Les quatre personnages sont différents. Il y a le super agile qui peut grimper et sauter, le gros bourrin qui pète tout, la fille qui parle aux animaux et a une panthère apprivoisée, et la super douée des énigmes. Et lorsque l’on s’aventurera dans les pages du bouquin, les cases ne révèleront pas la même chose aux différents personnages. Et oui devant cette porte solide, le balaise du groupe peut aller en bouger le levier d’ouverture. Et oui il n’y a que l’agile qui peut grimper prendre ce pot tout en haut. Et oui l’intello sera la seule à avoir un indice affiché dans ce coin. Et oui, cet animal ne sera activable que pour celle qui saura lui parler. Pour réussir, il sera nécessaire de coopérer, et donc de communiquer. En expliquant que “eh les gars je vois un truc dans ce pot en hauteur, je vais y aller… – ah bon tu peux y arriver? – et comment, attendez deux secondes.” Et hop, certains peuvent aller à des numéros qui seront différents pour chacun.

On ajoute donc une dimension “jeu de société coopératif” à la BD dont vous êtes le héros. Un aspect quasi “jeu de rôles” même puisque nous nous sommes pris tous les 4 à jouer nos personnages. On était à fond dedans, l’ambiance était au rendez-vous. Et en choisissant la difficulté la plus élevée, on s’est vraiment retrouvés à réfléchir ; les neurones ont été bien sollicités avec des énigmes pas toujours évidentes. Par contre on est assez facilement tombés sur des trésors plus simples ; les différents niveaux de difficulté semblent bien gérés. J’ai vraiment accroché au truc. En regardant les différents trésors à suivre, les différentes îles à visiter, on peut imaginer une certaine rejouabilité, avec la possibilité de prendre différents chemins. Et ça c’est très bien.

Avec encore un ou deux petits bugs à corriger et le système de scoring à revoir, l’éditeur devrait tenir son délai de mai 2018 pour la sortie. Je l’attends de pied ferme en tout cas, très impatient.

Page Facebook de Baiam

L’avis de Laura : Même en n’étant pas une fan de BD, j’ai pris beaucoup de plaisir à ce jeu ! Le mélange jeux de rôle et résolution d’énigmes est réussi avec un fonctionnement léger mais très prenant. Le plus dur c’est de ne pas céder à l’envie de regarder toutes les images, même celles qu’on est pas censés, quand un autre aventurier résout un de ses indices.

Black Angel

L’avis d’Alex : Black Angel est un jeu de Pearl Games qui nous a habitué à des petites perles ludiques tel que Deus , l’Auberge Sanglantes ou encore Troyes . De plus, réalisé par une triplette d’auteur tel que Sébastien Dujardin, Alain Orban et Xavier Georges, autant vous dire qu’on était plusieurs à être dans les starting blocs pour pouvoir essayer cet ange descendu des cieux (hahaha). Le jeu n’est pas encore terminé.

Le jeu se situe dans une période où le monde est proche de ses derniers jours et où les différentes nations, après s’être fait la guerre, décident de faire une trêve et de s’unir pour envoyer des robots coloniser des planètes afin de pouvoir s’y implanter. Mais cette union n’est qu’un moyen de pouvoir être la première nation à se sauver en laissant ses adversaires sur le carreau (he oui ! le monde ne changera finalement jamais.)

Le jeu se joue sur deux plateaux : un qui représente l’intérieur du vaisseau Black Angel avec les différents robots des différentes nations, et l’autre qui représente l’espace où évolue ce même vaisseau. Sans compter son plateau joueur personnel.

Voici les grandes lignes du jeu… Dans le vaisseau, on place nos robots devant les trois familles d’actions, et chaque robot mis devant une famille d’actions va nous permettre de lancer un dé de cette famille afin de réaliser des actions. Donc plus vous placez de robots, plus vous pouvez réaliser d’actions, et plus les chiffres obtenus seront grands, et plus les actions seront intéressantes (déplacements, développement de technologie, réparation du vaisseau….) Toutes ces actions vont vous permettre d’améliorer votre plateau personnel et de coloniser des planètes sur le plateau espace ; tout ceci donnera des effets qui, au final, vous permettront de marquer des points de victoire.

Malheureusement, nous n’avons pas pu faire une partie complète et nous n’avons fait que quelques tours de jeu ; mais la mécanique nous a beaucoup plus car nous avons beaucoup de possibilité de faire des point de victoires. Ce qui m’a également plu, c’est que les différentes actions disponibles vont être diminuées par des attaques d’aliens, et donc vous devez tous protéger et réparer le vaisseau pour qu’il tienne le coup et pour pouvoir continuer à utiliser les actions. Donc d’un côté vous jouez pour que tout le monde puisse utiliser les ressources, mais d’un autre vous essayez d’être devant tout le monde. De plus quand vous colonisez une planète, vous bénéficiez d’avantages que les autres peuvent aussi venir utiliser.

Cette avant-première m’a vraiment mis l’eau à la bouche et je pense qu’il va encore légèrement évoluer. Mais que je pense que ce jeu a de quoi séduire les fans de gros jeux de gestion, et pourquoi pas être parmi les sélectionnés pour l’As d’or expert…

Chronicles of Crime

Et voilà un jeu de David Cicurel qui vient de démarrer son kickstarter (au passage, mes impressions sur les jeux en crowdfunding), édité par Lucky Duck Games (ceux du très sympathique Vikings Gone Wild, découvert en 2016 sur le même salon). Pour une fois j’ai eu l’occasion de jouer avant que le KS ne se lance, et je sais que je vais pledger. Parce que franchement je me suis bien éclaté en y jouant. Il s’agit d’un jeu d’enquête coopératif. La boîte de base et ses scénarios nous situent dans un environnement contemporain standard (2 extensions sont prévues, dont une dans une ambiance “film noir”). Nous avons pu tester à Cannes le premier scénario, où une femme est retrouvée morte dans Hyde Park. Le jeu nous fait aller d’indice en indice, de lieu en lieu, de témoin en personne liée à l’affaire, afin de démêler les fils avant de passer à la résolution qui est constituée d’une série de question. Un petit feeling de Sherlock Holmes Détective Conseil? Peut-être oui, mais avec une toute autre ambiance. Pour ce que j’ai pu en voir, les scénarios sont moins tordus ; on est plus dans la mouvance des séries criminelles de la télé que d’un truc complètement tarabiscoté. Dans ce jeu on suit un cheminement logique, parfois un peu linéaire peut-être, mais on avance au moins régulièrement.

Le gros plus du jeu est l’intégration d’une application smartphone/tablette qui a plusieurs rôles… Le jeu se joue avec des tuiles représentant des lieux et des portraits de personnages. Chacun dispose d’un QR code que l’application peut scanner, et elle va ainsi nous afficher la description du lieu, les paroles du témoin. En cours de discussion, on peut scanner un autre personnage ou un objet pour mettre la personne face à un indice spécifique. On peut aussi faire appel à des spécialistes techniques sur certains éléments de jeu. L’application gère aussi le temps qui passe ; chaque action va nous faire passer du temps et cela peut avoir un impact sur le scénario (rançon, délai avant fuite, etc.) Et surtout l’application nous permet d’explorer visuellement sur l’écran divers lieux de l’enquête. Avec les petites lunettes fournies, cela se fait en réalité virtuelle et je dois dire que c’est super immersif. On explique aux autres ce que l’on voit, et ils vont chercher dans les cartes indices les éléments correspondants ; ça peut paraître gadget, mais c’est un plus non négligeable qui rajoute quelque chose à l’expérience de jeu.

Bon alors certes on peut revenir sur le sujet de ces jeux à scénarios non rejouables et refaire le débat pendant des plombes. Reste que l’expérience de jeu prodiguée par Chronicles of Crime est vraiment passionnante et motivante. C’est prenant, tendu, on a vraiment l’impression de vivre un truc, on est à fond dedans. Le look du jeu est vraiment bien foutu (j’espère un travail sur la matière des cartes et tuiles pour que les la lecture des QR se fasse au mieux) et aide à rendre l’ambiance.

Le site du jeu

 L’avis de Jonathan : En tant que fan de Sherlock Holmes Détective Conseil, ce jeu à tout pour me plaire.

Certes le niveau de difficulté des énigmes est clairement un cran en dessous et le scénario que nous avons testé avait un côté linéaire (on trouve un indice qui nous amène au suspect suivant, etc.) Mais l’utilisation de l’appli amène vraiment un plus au niveau du fun et de l’interaction entre les joueurs et les illustrations nous mettent parfaitement dans l’ambiance (certains suspects ont des gueules pas possible).

Bref, un jeu d’enquête que je recommanderai sans hésiter à ceux qui cherchent une version un peu plus “famille” de ce type de jeux.

L’avis de Laura : Un jeu génial ! Le jeu est très complet par rapport à la thématique d’une enquête policière comme on en voit à la télévision (même logique de déroulement entre les lieux, les objets à examiner, le temps compté et les choix décisifs pour le sort des personnages), ce qui rend l’immersion très réussie. L’utilisation des lunettes pour la réalité augmentée donne vraiment une touche « gadget » mais fun et très sympa. Même si la re-jouabilité est limitée aux scénarios, il y a largement de quoi s’éclater sans avoir un mal de tête à la fin !

Dwars

On a été alpagués au détour d’un couloir sur le stand de Paradice Games qui nous ont fait découvrir Dwars dont le kickstarter a débuté avec le festival ; une équipe de gens vraiment sympathiques et super motivés.

Dwars est un petit jeu de cartes pour deux, où les gobelins affrontent les nains. Chacun dispose d’un deck, et le but est de poser devant soi les 5 nains/gobelins différents qui s’y trouvent. A mon tour, après avoir tiré une carte de la pioche et l’avoir ajoutée à ma main, je propose de jouer une carte, en la présentant face cachée. Mon adversaire peut m’empêcher de le faire pour peu qu’il dispose d’une carte de bloqueur (un des personnages à poser) ; s’il le fait, il défausse son bloqueur et une autre carte de sa main, et moi je défausse la mienne. S’il ne s’interpose pas, je peux poser ma carte, et appliquer son effet (faire défausser l’adversaire, enlever un personnage, tirer une carte de ma pioche,…) C’est tout simple, vite joué, très accessible ; mais derrière cela, il y a quand même une petite dose de réflexion, un chouilla de bluff et de tension. Un petit jeu sympa quoi.

Je trouve le jeu un peu limité et répétitif. On nous a présenté les extensions prévues (avec des héros, des monstres et autres subtilités) qui devraient donner plus de peps et de renouvellement au tout ; dommage que cela ne fasse pas partie du jeu de base.

Et puis je ne suis pas fan des illustrations. Je ne dis pas qu’elles ne sont pas réussies (techniquement c’est bon), mais je ne suis pas fan de l’ambiance qu’elles donnent. Sans compter que le thème est très plaqué et que la mécanique pourrait sans problème être appliquée à autre chose.

Site du jeu

L’avis de Laura : Concept très sympa, une jolie revisite de la bataille de carte. Je partage l’avis que le jeu est un peu limité avec uniquement les cartes de base. Les « extensions » proposées pourraient être directement incluses afin de rendre le jeu plus dynamique.

L’avis de Jonathan : Un petit jeu amusant, pas prise de tête, que l’on peut sortir rapidement pour faire une partie en 10 minutes (3 pour expliquer les règles et 7 pour la partie). C’est sûr que cela manque un peu de profondeur. On peut regretter que les deux joueurs arrivent parfois à se “bloquer” mutuellement ce qui peut rendre la fin de partie un peu fastidieuse

 

Fortress Escape

Voilà un proto découvert au off qui a de l’avenir, à mon avis ; ce jeu de Laurent Brugière a gagné un prix à Octogônes (catégorie famille), qui lui a permis de figurer au Protolab de Cannes. Quelque part entre Room25 et Prison Break, il vous place au sein d’une forteresse bien gardée dont vous devrez vous enfuir. En début de partie, chacun reçoit un personnage qui dispose de base d’un objet, mais aussi un moyen de transport pour fuir qui devra être bricolé à partir de trois objets (ce moyen de transport reste caché, sorte d’objectif secret à réaliser). On tire aussi le point de sortie commun à tout le monde (grille d’aération, fenêtre, etc.) Et c’est parti. En début de partie, seules quelques tuiles définissent la prison.

A notre tour, on peut explorer en piochant une nouvelle tuile pour agrandir la prison, se déplacer, ramasser des objets, faire pression sur des gardes ou d’autres prisonniers, etc. Le nombre de tours étant limité avant de pouvoir s’enfuir, il y a une certaine tension. On passe son temps à chercher des objets pour construire notre moyen de transport, mais aussi à bloquer les autres et à leur pourrir la vie au-travers de cartes diverses. Un jeu finalement assez agressif et avec pas mal d’interaction.

Bon alors il y a certes encore un peu de boulot et 2-3 éléments sont à affiner, mais c’est encore un proto. Il dispose cependant d’un bon potentiel et j’espère qu’il donnera quelque chose.

Le jeu sur Création Jeu de société

L’avis de Jonathan : Un concept original pour un jeu assez marrant où l’on va chercher à piocher le plus d’objets intéressants tout en faisant des crasses à ses adversaires. Tout n’est pas encore parfait (la mécanique du directeur de la prison qui bloque une case n’est pas tout à fait aboutie, une grosse part de chance dans la pioche des objets du début, etc.) On peut néanmoins espérer qu’après quelques modifications ce jeu se voie éditer.

 

Prochainement la suite…

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