Mortal Engines

Le film est présenté en gros et dans toute sa comm’ comme « le nouveau truc de ceux qui ont fait Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit ». Alors oui, on retrouve le trio Peter Jackson/Philippa Boyens/Fran Walsh à la production et au scénario, mais ça s’arrête là. Jackson n’est pas derrière la caméra (même s’il a beaucoup porté le projet) et on n’est pas du tout dans une adaptation de Tolkien ; l’adaptation d’une autre série de bouquins, certes, mais pas Tolkien. Une pub un peu orientée pour profiter du succès des deux trilogies? Sans doute oui ; d’ailleurs tous les gens qui étaient avec moi quand on y est allés pensaient que c’était un film de Peter Jackson.

On est ici dans l’adaptation du premier tome d’une quadrilogie de bouquins (Mécaniques Fatales en vf) de fiction orientée ados/jeunes adultes, du post-ado au doux relents de steampunk. Après une guerre qui a ravagé une bonne partie de la planète, l’Humanité a changé de mode de vie. La plupart des gens vit dans des cités mobiles, des villes sur roues/chenilles, plus ou moins grande selon que l’on a une bourgade locale ou une capitale comme Londres. Cette dernière est d’ailleurs une immense cité prédatrice qui en avale d’autres pour profiter de leurs ressources. Dans ce contexte, une jeune femme déterminée souhaite exercer sa vengeance et va se retrouver mêlée à un immense conflit et à une menace qui risque de détruire le peu de monde encore plus ou moins libre sur la planète.

Alors bon OK, le scenario tient sur une feuille de PQ. Mais je ne m’attendais pas à mieux de ce point de vue. Je suis allé voir ce film parce que j’avais envie d’en prendre visuellement plein la gueule. Et là j’ai été satisfait. Le réalisateur Christian Rivers tient là son premier long-métrage, mais il travaillait avant avec Peter Jackson sur les effets spéciaux de plusieurs films. Il a su donner une ambiance assez dingue à ce film. N’ayant pas lu les bouquins, je ne sais pas vraiment à quel point les descriptions qui y figurent donnent le ton. Mais le résultat à l’écran est bluffant. L’ambiance steampunk de ces villes géantes est complètement folle. Les machineries, les mouvements, les bâtiments, tout en jette. Quand on ajoute à cela la cité volante et les aéronefs, on a un vrai travail de design aux petits oignons. J’ai vraiment beaucoup beaucoup apprécié cet aspect. Et tant qu’on y est, le design de Shrike aussi. Et le film a ses moments vraiment épiques qui lui donnent une grosse ampleur. Bon, on sent le gars venant des effets spéciaux et qui peut se lâcher avec un budget conséquent. Franchement c’est un univers au design qui claque.

Après, oui, comme dit plus haut, le scénario ne vole pas bien haut. Entre des personnages très archétypiques, des situations très clichés, et peu de profondeur, on ne va pas super loin. Sans compter les quelques trous scénaristiques abyssaux ou les réactions absolument désespérantes des personnages. Bref, pas très folichon. D’autant que les enjeux ne semblent finalement pas si dramatiques, on rentre finalement peu dedans. On a de la peine à vraiment s’y coller. Surtout quand on sait à l’avance que les gentils vont gagner (parce que c’est inhérent à ce genre de film). Et puis bon, il y a cette habitude tenace dans tous ces bouquins/films pour jeunes adultes à coller une société hyper millimétrée divisée en castes bien précises et en rôles sociaux bien attribués ; ça permet toujours d’avoir un esprit rebelle qui veut sortir des cases, certes, et cela plaît au public visé. Mais quand même, cela commence à faire un peu répétitif (Hunger Games, Harry Potter, Le Labyrinthe, Divergente, toujours ces strates sociales bien définies et claires). Alors non on n’ira pas voir Mortal Engines pour l’histoire.

Si elle commence le film avec une attitude très carrée et basique, la jeune Hera Hilmar réussit à faire évoluer son jeu en révélant petit à petit les faiblesses de son personnage ; et si elle ne m’a pas convaincue pendant un bon moment, j’ai fini par me laisser prendre au truc et à l’apprécier. Malheureusement, son rôle reste trop fade et plat pour lui permettre de donner toute la mesure de ce qu’elle vaut. Il en est de même pour ses comparses, cantonnés à des personnages vraiment clichés. Rober Sheehan était bien plus prenant dans Moonwalkers. Même Hugo Weaving (Matrix, V comme Vendetta, Le Seigneur des Anneaux, Transformers, Captain America) n’arrive pas à démontrer son habituelle prestance et son charisme. Jihae fait ses débuts sur grand écran avec un rôle lui aussi trop archétypique pour être crédible. On pourra encore parler de Ronan Raftery ou Leila George. Il n’y a finalement que Patrick Malahide (Game of Thrones) qui m’a un peu convaincu ; et la prestation toute en CGI  de Stephen Lang (Les Chèvres du Pentagone, Avatar, Don’t Breathe,…)

Au final, un film qui saura sans doute toucher son public. Il a tous les éléments pour en faire un bon gros blockbuster. Pour ma part, je suis surtout satisfait du look de l’univers, du design, de l’ambiance technologique. On mixerait ça dans un truc plus sombre à la Mad Max et je pense qu’on obtiendrait un résultat qui claquerait bien fort. Du post-apo plus sombre avec des personnages plus torturés et profonds, ça ferait un truc qui en jetterait vraiment. Mais bon, ne boudons pas notre plaisir, le film est loin d’être un navet quand même, et il se laisse regarder comme bon divertissement.

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