Monster Slaughter

J’avais évoqué ce jeu dans mon billet d’il y a en gros une année sur les jeux via Kickstarter. Comme je l’ai reçu et que j’ai pu y jouer, je vais vous donner mon petit avis. Attention, comme d’hab, je ne prétends pas à une analyse exhaustive du jeu, mais c’est plutôt une présentation et un ressenti sur quelques parties. Il s’agit d’un jeu d’Henri Molliné illustré par Edouard Guitton et édité chez Ankama. C’est pour 2 à 5 joueurs, dès 9 ans (14 pour la version internationale, à cause des petites pièces), et des parties d’environ 45′ (attention sur les premières, il faut un tout petit peu de temps pour expliquer les règles, et puis il y a aussi un délai de mise en place).

Le principe de Monster Slaughter est de prendre en main une famille de monstres (le papa, la maman et le gamin) et d’aller trucider une bande d’étudiants partis faire la fête dans une cabane au fond des bois. En se déplaçant de pièce en pièce, en fouillant et en frappant, on va pouvoir désosser de l’humain et gagner des points. Très simple jusque là, le jeu prend un peu d’ampleur avec le fait que chaque joueur parie en début de partie sur l’ordre dans lequel les étudiants vont crever, et en choisissant un plat de résistance, à savoir l’étudiant qu’il préfère dévorer. Du coup on peut faire déguerpir les étudiants dans d’autres pièces ou aider ces derniers à se défendre face à des monstres d’autres familles. Sans prétendre à être un gros jeu de réflexion, il s’avère donc un chouilla plus fin que ce que la description de base peut laisser entendre.

Bon, ce qui impressionne avec Monster Slaughter, c’est la quantité de matériel. La grosse boîte carrée ne rentre pas dans la Kallax (au grand désespoir de ma copine), et elle pèse son poids. Dedans, en tout cas pour la version KS que j’ai, une tera-floppée de figurines (fort sympathiques). Il y a aussi du carton pour un décor et de nombreux jetons. Le matos a de la gueule, vraiment. Utiliser des jetons au look de steaks, cerveaux ou os pour le décompte des points, ça met dans l’ambiance. Les familles de monstres sont très sympas, avec des looks très cools. Il y a de la qualité là (j’ai une figurine qui est arrivée cassée, ayant souffert du transport, et Ankama me l’a échangée rapidement et facilement). Un peu moins sur le matos en carton par contre, avec des murs à installer dont je ne suis pas certain de la tenue sur la durée, et des portes dont certaines m’ont lâché quasi tout de suite (le système n’est pas super bien pensé). Sinon on a encore un bon paquet de cartes diverses. Le tout est illustré de fort jolie manière, avec une ambiance films d’horreur amusante et exagérée ; oui, le jeu joue sur les clichés du genre.

Au niveau de la mise en place, on utilise le fond de la boîte pour simuler une cabane dans les bois (c’est assez malin), entourée de zones de terrain (qui servent aussi à poser marqueurs et cartes), et on y met des murs en carton pour délimiter les différentes pièces. Chaque joueur va prendre une famille de monstres avec ses figurines et ses 3 cartes. A noter que les monstres ont des capacités différentes selon qu’il s’agisse du papa, de la maman ou de l’enfant, mais que ces capacités sont les mêmes entre les familles ; chaque famille dispose en plus de son petit pouvoir spécial. On créé ensuite un paquet de cartes fouille avec des objets divers et des pièges, et on répartit ces cartes sur chaque pièces de la cabane (plus la pièce est grande, plus il y a de merdier dedans, donc plus il y a de cartes) ; on ajoute sur chaque pioche (une par pièce donc) une carte « étudiant » au hasard : on sait donc qu’il y a un étudiant par pièce (« séparons-nous, nous couvrirons plus de terrain ») mais pas qui est où. On créé encore une pioche d’événements et c’est parti. Chaque joueur va parier avec des jetons face cachée sur l’ordre de décès des étudiants, et aussi en sélectionner un comme son plat de résistance.

Au début d’un tour de jeu (sauf le 1er), on retourne une carte événement, qui fera un effet positif ou négatif influençant tout le monde pour le tour entier. Puis, en commençant par le premier joueur, chacun va activer un de ses monstres, effectuer ses différentes actions, et passer la main au joueur suivant ; lorsque l’on active un monstre, on retourne la carte le représentant, et lors des tours suivants on ne pourra activer que les autres membres de la famille ; si au début de mon tour mes 3 monstres sont face cachée, je les remets face visible et j’ai de nouveau le choix de qui utiliser. Donc chaque monstre a droit à un certain nombre d’actions par tour, et il peut :

  • Se déplacer d’une zone extérieure à une autre, de l’extérieur vers l’intérieur pour peu qu’il n’y ait pas de porte, ou entre les pièces s’il n’y a pas de porte non plus (en début de partie, chaque porte est en place).
  • Jeter un œil dans une pièce adjacente, à travers la serrure d’une porte, et regarder ainsi secrètement la première carte de la pioche de cette pièce.
  • Défoncer une porte, ce qui a pour effet de semer la panique dans la pièce vers laquelle on défonce la porte, et du coup on mélange la pioche de cette pièce. Une fois une porte défoncée, on peut se déplacer par là.
  • Épouvanter un étudiant de sa pièce ou de celle d’à côté, lui faire peur, afin qu’il s’enfuie dans un autre lieu.
  • Fouiller une pièce et ainsi tirer des cartes de la pioche en question, On les tire dans l’ordre. Si on a un objet, on le garde secrètement. Si on a un étudiant, on révèle la carte et on pose sa figurine dans la pièce car on l’a sorti de sa cachette. Si on révèle un piège, on applique son effet immédiatement.
  • Attaquer un étudiant. En ce cas, les autres joueurs peuvent décider de défendre ce dernier (ben oui, je vous rappelle que vous avez parié sur l’ordre des décès) grâce aux cartes objets récupérées. La plupart des objets trouvés sont plus efficaces contre une famille de monstres bien précise. Et les étudiants ont chacun leur petit pouvoir spécial pour se défendre. Pour chaque blessure infligée à un étudiant, je gagne un steak ; si je le tue en lui faisant perdre son dernier point de vie, je gagne un os. Si un étudiant meurt, chacun révèle dans quel ordre il envisageait de le tuer (et si on a eu raison, on gagne un jeton cerveau). Enfin, si je tue mon plat favori, je gagne un jeton cible.

Pour certaines actions (défoncer, épouvanter, attaquer), on résout la chose avec des lancers de dés, et le hasard s’en mêle. Et même si on peut influencer sur ce hasard, personne n’est à l’abri de mauvais lancers qui peuvent pourrir un plan savamment huilé. Allergiques au hasard, passez votre chemin donc.

Le jeu se termine soit lorsque tous les étudiants sont morts, soit avec l’aube qui arrive après 8 tours. On additionne les points des différents jetons steaks (2 points), os (2 points), cerveaux (3 points) et cibles (5 points), plus 1 point par porte défoncée, et on peut savoir qui a gagné. Pour obtenir un max de points, il faut donc bien viser les jetons cerveaux (si les étudiants meurent dans l’ordre que l’on a prévu) et cible (si l’on achève son repas favori). Le pari effectué en début de partie sera donc à la base de toute notre stratégie de défense des étudiants, de fouille des pièces, de faire peur aux étudiants, etc. C’est bien là-dessus que le jeu se révèle plus subtil qu’un simple bourrinage en règle.

A noter que l’une des cartes événement peut faire intervenir un invité surprise, un visiteur de la cabane qui n’est pas un étudiant, pas dans la liste des « à bouffer » mais qui va venir mettre son petit grain de sel ; tous ces personnages proviennent de la culture geek et sont assez amusants.

Il y a également une extension mettant en place un abri de jardin hors de la cabane et qui offre davantage d’objets aux étudiants, ainsi qu’un havre de paix (mais je n’ai pas encore testé cette variante).

Monster Slaughter est un jeu qui joue à fond la carte du film de genre avec des monstres stéréotypés et une histoire de cabane au fond des bois, des étudiants typiques comme la blonde, la geekette ou le footballeur. Un ensemble d’éléments classiques qui font directement plonger dans l’ambiance. Comme les décors et figurines sont bien foutus, cela rend encore mieux le truc. On a vite tendance à imiter les bruits des bestioles et à se prendre au jeu. On rigole pas mal autour de la table du coup. Mais sous ses airs de ne pas se prendre au sérieux, le jeu a un vrai fond compétitif et on est à fond dedans pour obtenir le max de petits jetons. La lutte est acharnée, même si de bons choix peuvent être sabotés par une série de mauvais jets de dés. Le jeu reste assez accessible, même si la durée de mise en place peut rebuter ; et la première explication des règles peut faire peur, mais il s’avère au final assez simple et limpide car très logique. On peut monter des stratégies, réfléchir, faire des sales coups (oui attention ce n’est pas un jeu pour se faire des amis), mais le contrôle n’est pas complet et le hasard a sa place autour de la table.

Au final je suis assez content de mon achat. Ce n’était pas donné vu les kilos de figurines, mais il y a vraiment du matos. Monster Slaughter ne révolutionne rien mais il tourne bien, avec une mécanique sympa qui rend bien l’ambiance (on mélange une pioche en défonçant une porte pour simuler la panique, les objets plus efficaces contre certains monstres, par exemple). Les parties sont sympas et pas trop longues. Je regrette juste la mise en place un peu fastidieuse, et certains éléments de jeu de piètre qualité (les portes).

Le site du jeu

La fiche Tric Trac

La fiche Boardgamegeek

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