Black Mirror

Et voilà, je viens de terminer le visionnement des 4 saisons de l’excellente série anglaise Black Mirror (sauf le fameux épisode « interactif » Bandersnatch)… et je ne peux que vous la conseiller fortement. C’est de la balle atomique. Si la 1ere saison peine un peu à se mettre en place (surtout le 1er épisode, de loin pas le meilleur ni très représentatif), la suite est très très bien ; j’en ai même bingwatché les saisons 3 et 4 de manière intensive.

Chaque épisode de la série peut être vu indépendamment et raconte une histoire séparée avec d’autres personnages ; bon, OK on peut trouver des liens (voir plus bas), mais ils ne sont que secondaires et on peut très bien regarder les épisodes indépendamment dans le désordre (avec un petit bémol pour le dernier de la saison 4 qui gagne à être vu en dernier). Le créateur de la série (et scénariste de quasi tous les épisodes), Charlie Brooker, s’est inspiré entre autres de la fameuse Quatrième Dimension pour cet aspect. Le fil rouge de la série est de nous placer dans un futur assez proche, avec beaucoup d’éléments communs à notre monde, et d’imaginer ce qui peut se passer en prenant le parti d’une révolution technologique. A chaque épisode, un objet, une création, une invention, est mise en avant, et décortiquée dans ses détails avec cette question du « et si ça merde? » Et on est systématiquement dans des évolutions technologiques pas si farfelues que ça ; il y a du crédible là-dedans. Pour certains éléments, on en est vraiment proches, alors que d’autres ne sont à l’heure actuelle probablement que dans la tête de quelques chercheurs. Mais il n’y a jamais d’invention complètement improbable. Presque à chaque fois je me suis dit que oui, cela pouvait sans doute arriver peut-être pas demain mais après-demain (quand on n’est pas tout simplement déjà dedans). Et c’est ça qui fait un peu froid au dos. En partant de cette idée de dérapage d’une technologie, on a tout un déclenchement de réactions, d’actions, de positions, de réflexions, d’interactions. Un regard critique acéré sur l’être humain, sa soumission à la technologie, et sur la société. La série est vraiment intelligente et bien foutue, et elle prend vraiment du galon dès la saison 2, puis s’envole bien haut avec les deux suivantes (comme je l’ai dit, le 1er épisode de la 1ère saison reste très particulier, peu représentatif et de loin pas le meilleur, ne vous arrêtez pas dessus).

Difficile de faire le tour des thématiques abordées tant elles sont nombreuses. La soumission à un pouvoir (politique, financier, technologique, scientifique,…), l’amour, l’âme, la définition même de l’Humanité, le rôle de la technologie, les liens sociaux, le pouvoir de l’anonymat, l’adéquation aux attentes du monde extérieur, la pression sociale, etc. Tout est fait de manière intelligente et souvent fine. Je tiens à relever un point important : la variété des personnages. On a déjà une belle variété ethnique, loin du cliché caucasien. Mais aussi beaucoup de rôles importants et forts de femmes… et elles ne sont pas là juste pour être sexys et faire vendre, elles sont parfois belles et attirantes certes, mais ce sont avant tout des femmes de la vie de tous les jours, avec leurs avantages et leurs défauts, qui peuvent être héroïnes des épisodes et avoir des rôles centraux ; et franchement c’est une chose assez rare de nos jours sur petit comme grand écran. On a un panel de personnages très représentatifs de la société, avec des couples homosexuels, des croyants et des athées, des gens de différentes couches sociales, le tout mêlé de manière très juste pour recréer une société crédible. J’aime beaucoup cela.

En plus d’être intelligente, la série dispose d’intrigues tout simplement bien foutues. Presque tous les épisodes sont réussis scénaristiquement. Il y a un bon sens du rythme, du suspens, des personnages, des dialogues, tout y est. Et même si les ambiances sont parfois assez différentes, on sent une patte régulière qui façonne le tout. Et je dois dire que certains épisodes sont de petits bijoux de mécanique bien ficelée, comme l’épisode spécial de Noël en fin de saison 2 ou le dernier de la saison 4.

La réalisation a été confiée à pas mal de gens différents, parmi lesquels plusieurs qui ont un CV bien fourni : Euros Lyn (qu’on retrouve sur Doctor Who, Sherlock ou Daredevil par exemple), Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane,…), James Watkins (Eden Lake, La Dame en Noir,…), James Hawes (Doctor Who, Penny Dreadful,…), Tim van Patten (Game of Thrones, Rome, Deadwood, The Wire, les Sopranos,…), David Slate (Breaking Bad, Hannibal,…), Colm McCarthy (Peaky Blinders, Doctor Who, Sherlock,…), ou encore Jodie Foster pour un épisode remarquablement touchant. Du beau monde donc. Et la qualité est en général au rendez-vous. Tous les épisodes ne se valent pas en termes techniques, mais grosso modo on est quand même largement dans le haut du classement. La série est très agréable à regarder.

D’autant que devant la caméra, les acteurs sont souvent bons. La plupart ne sont pas tellement connus (et c’est une bonne chose car du coup on ne passe son temps à les identifier à d’autres rôles). Mais on trouve quand même quelques têtes connues, comme Daniel Kaluuya (Get Out, Black Panther, Kick-Ass 2,…), Jodie Whitaker (Doctor Who, …), Hayley Atwell (Captain America, Agent Carter,…), Jon Hamm (Baby Driver, Mad Men, Sucker Punch,…), Domhnall Gleeson (Pierre Lapin, Star Wars, Ex Machina, Harry Potter,…), Oona Chaplin (Taboo, Game of Thrones,…), Gugu Mbatha-Raw (The Cloverfield Paradox,…), Benedict Wong (Dr Strange, Infinity War, Prometheus, Sunshine,…), Kirsten Dunst (Spider-Man, Jumanji,…), ou encore Bryce Dallas Howard (Jurassic World, Le Village,…).

Un dernier mot sur la continuité du truc… Oui les histoires n’ont rien à voir entre elles. Mais on peut repérer des trucs communs. Il y a d’abord cette chanson que l’on trouve dans plusieurs épisodes, parfois avec un rôle important dans l’histoire. J’ai aussi repéré que dans un épisode on a le chanteur Tusk, dont on voit une affiche dans une chambre dans un autre épisode. Je pense qu’il y a plusieurs autres références croisées comme celles-ci que je n’ai pas vu. Mais c’est finalement le dernier épisode de la saison 4 qui nous confirme que tout cela, tous les épisodes, tout Black Mirror, se déroule dans le même monde, à différents points dans le temps. Les objets présents dans le musée ne prennent leur sens qu’après le visionnement de nombreux autres. C’est assez énorme d’ailleurs.

Bon, vous l’aurez compris, je suis uber-fan. J’ai beaucoup aimé. Un peu de peine à rentrer dedans au tout début, mais après c’est venu très vite. Le passage de 3 épisodes à 6 par saison quand la série est passée de Channel 4 à Netflix a aussi donné plus de force au truc. Une cinquième saison est annoncée, et je me réjouis. C’est une excellente série, très sympa et divertissante à regarder juste comme ça, mais surtout très intelligente et qui pose des questions passionnantes de très belle manière. J’aime. je recommande.

Une réflexion sur « Black Mirror »

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