Mes premiers pas dans Tang Garden

Voilà un jeu que j’ai soutenu sur Kickstarter, séduit que j’ai été par la beauté de son matériel. Je me suis bien évidemment un peu renseigné sur le fonctionnement du jeu aussi, mais je dois bien avouer que c’était assez impulsif. Reçu au début du confinement, je n’avais pas eu le temps de m’y mettre (sauf pour peindre les figurines) avant tout récemment. Quelle frustration! Bref, j’ai enfin pu y jouer, et j’ai eu pas mal de plaisir à le faire. Un jeu de pose de tuiles, de construction de paysage, et de gestion des modes de scoring (parce qu’il y a pas mal de choses qui peuvent rapporter des points). Et un jeu zen, calme, prônant la réflexion plutôt que l’action.

On est en Chine, à l’époque de la dynastie Tang, âge d’or des jardins chinois. Et chaque joueur va prendre en main le destin d’un ingénieur en jardins qui doit aider à concevoir un endroit magnifique à la demande de l’Empereur. Au cours de la construction, plusieurs personnages viendront profiter des paysages et des vues pour leur plus grand plaisir ; à vous de les combler.

Je l’ai dit plus haut, mais je le redis, Tang Garden a un véritable effet Waouw. En ouvrant la boîte et en découvrant le matériel, on a vraiment envie de jouer. C’est beau, complet, riche, au point qu’il m’a fallu naviguer sur le web pour trouver des conseils sur l’art de tout ranger dans la boîte une fois les éléments assemblés. Et une fois mis en place, le jeu en jette carrément. En plus de son joli plateau, de ses cartes magnifiquement illustrées, il dispose d’éléments en 3D comme des ponts, des arbres ou des pavillons, qui donnent un vrai plus au jeu. Sur les bords du plateau viendront se greffer en vertical des pans de paysages qui offriront une véritable œuvre d’art dans tous les sens par où on regarde le jeu. On notera juste les figurines, qui ne sont pas d’une très grande finesse. Petites, elles servent de pions pour situer les visiteurs du jardin. Mais je dois dire que je suis content de les avoir peintes pour donner un peu plus d’immersion (et pour les reconnaître plus facilement avec l’utilisation de couleurs).

En gros, à son tour un joueur va faire une action obligatoire à choix parmi deux ; et il pourra aussi y adjoindre un certain nombre d’actions facultatives. L’action obligatoire sera l’une des deux suivantes :

  • Construire le jardin. Le joueur va piocher l’une des tuiles jardin visibles sur l’une des 4 piles (sans retourner celle en-dessous) et la placer en suivant les règles habituelles dans ce type de jeu (en gros la continuité des terrains qui sont de 3 types : végétation, roche et eau). Pour chaque côté de la tuile touchant un terrain adapté, le joueur va progresser sur son plateau personnel sur l’échelle de ce type de terrain. Si la tuile ajoute un sentier, il recevra des pièces (des points de victoire en somme). Si la tuile est posée sur une case où est déposé un jeton paysage, le joueur prend le jeton et va alors installer en bordure du plateau l’un des paysages décoratifs. A noter que l’on ne retourne les tuiles du dessus des piles faces visibles que s’il y en a 1 ou 0 de visibles à la fin du tour du joueur.
  • Améliorer le jardin. Le joueur va piocher 2 cartes décoration, plus 1 par tuile jardin face cachée (dans les 4 piles). Il en choisit une, défausse les autres, et installe la décoration concernée dans le jardin pour peu qu’un emplacement adapté soit disponible. Ces décorations peuvent être des poissons, des oiseaux, des plantes, des arbres, des ponts, ou des pavillons. A noter qu’il faut bien garder la carte décoration devant soi car elle permettra de marquer des points en fin de partie.

Le joueur pourra également effectuer une ou plusieurs actions facultatives. Par exemple il pourra utiliser l’une des 4 lanternes qu’il a devant lui, chacune utilisable une fois par partie et permettant d’améliorer une autre action. Mais surtout le joueur pourra activer un personnage. En début de partie, il en a reçu un qu’il a devant lui. Et tant qu’un joueur a un personnage devant lui, ce dernier lui donne une capacité spéciale (augmenter les points de victoire ou la progression sur le plateau personnel selon l’action effectuée, en général). Si j’active un nouveau personnage, je vais prendre sa carte (soit l’une des 2 faces visibles soit au hasard celui sur la pioche). Je choisis ensuite un des deux personnages (mon ancien ou le nouveau) à garder devant moi (sa capacité spéciale sera active), et l’autre va être posé sur une case du plateau en regardant dans une certaine direction. Attention, on ne peut activer un personnage que quand on a suffisamment avancé nos cubes sur les 3 lignes du plateau personnel (végétation, roche et eau).

A la fin de la partie (une pile de tuiles jardin vide ou seuls 3 jetons paysages restants), on va compter les points. Il y aura ceux accumulés en cours de partie (pose des tuiles, avancements sur le plateau personnel, capacités de certains personnages). En plus, on va en recevoir selon les décorations posées (des duos d’animaux, des collections d’arbres, etc.) Et on va aussi en gagner en fonction de ce que voient nos personnages posés sur le plateau, chacun ayant des éléments qu’il souhaite observer. Cela fait toute une petite salade de points fort sympathique.

Tang Garden reprend donc au final des éléments très classiques, en particulier cette construction de paysage « à la Carcassonne » très facile à prendre en main ; mais rien que le scoring sur la pose de ces tuiles oblige déjà à une certaine finesse. On y ajoute les éléments de décoration nécessitant de bien jongler (tout en sachant que le tirage des cartes peut ne pas être avec nous, du tout). Et puis surtout la finesse apportée par les personnages à placer ; mettez le trop tôt et les autres vont vous saloper sa ligne de vue (c’est un des principaux moyens d’interactions du jeu, savoir mettre le bon paysage pour s’arranger tout en empêchant les autres de disposer de ce qu’ils cherchent), mettez le trop tard et il n’y aura peut-être pas d’endroit bien adapté. En sachant qu’une lanterne permet, une fois par partie, de déplacer un de nos personnages.

Alors ce n’est sans doute pas le jeu du siècle et il ne conviendra pas à tout le monde. Pas mal de réflexion pour penser aux différents modes de scoring, peu d’interaction directe finalement, possibilité du « pas de chance » avec jamais la bonne tuile ou la bonne carte. Mais moi je suis passé par-dessus tout cela et j’ai bien aimé y jouer. J’ai réellement été transporté dans le truc par le matériel de qualité et les illustrations. Ce qui aurait pu être très abstrait nous plonge finalement dans une ambiance très réussie grâce à cela. On a l’impression de vraiment chercher à créer ce jardin. Le tout en jouant tranquillement. On retrouve le côté zen inhérent au contexte avec un jeu davantage basé sur la réflexion que l’action. Rien de bien frénétique ici. C’est assez reposant et sympathique. J’aime bien oui.

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