Dix ans que le roi Arthur a déserté le trône, laissant le pouvoir du royaume de Logres à Lancelot. Le tout après une dépression, quête existentielle et tentative de suicide. Le peuple de Bretagne vit sous le joug du tyran qu’est devenu Lancelot, ce dernier employant des combattants saxons pour retrouver Arthur mais aussi tout membre de cette fameuse résistance qui s’oppose à son pouvoir. La vie n’est pas drôle pour les habitants. Alors quand on retrouve enfin Arthur et qu’il revient au pays, cela fait naître pas mal d’espoirs. Mais Arthur a-t-il vraiment envie de reprendre le trône?
Ah, Kaamelot…! Je me souviens encore de ce jour sur les forums rôlistes où un type a dit « je sors de chez M6 avec mon pote Alexandre et on leur a présenté une mini-série pour reprendre la capsule de Caméra Café, c’est du médiéval-fantastique humoristique autour de la légende d’Arthur » (en gros hein, c’était il y a longtemps). Et depuis la série est devenue culte avec ses 6 saisons qui ont permis une belle évolution. Si elle a commencé sur un ton franchement humoristique, elle s’est quand même assez vite enrichie de narration sur la durée, de subtilités, d’une vraie histoire. Celle-ci a abouti à des dernières saisons plus complexes, plus sombres aussi, avant que la série ne s’achève. Mais son créateur n’en avait pas fini, et il en raconte maintenant la suite au cinéma. On ne présente plus Kaamelot, ses personnages hauts en couleurs, ses dialogues incroyables, sa musique, sa construction très fine ; de toute manière si vous ne connaissez pas la série, mieux vaut passer votre chemin pour le film, vous risquez d’y perdre beaucoup (par contre, allez vous faire la série, puis le film).
Astier se fait ici plaisir en prenant le temps de raconter sur la durée d’un long métrage tout un pan de l’histoire de son personnage. Alors on y retrouve tout ce qui fait plaisir dans la série, avec les personnages toujours aussi décalés (beaucoup d’anciens mais aussi quelques nouveaux) interprétés par des acteurs en grande forme ; avec la musique, toujours splendide et vraiment utilisée à très bon escient ; avec un humour bienvenu ; avec une finesse d’écriture toujours présente. Bref, c’est du bonheur pour qui aime la série. Mais Astier s’était déjà essayé au format long sur Kaamelot dans les dernières saisons qui formaient chacune un tout, au contraire des petites capsules indépendantes du début. Du coup finalement ici il se retrouve avec moins de temps qu’une saison entière, et ça se sent. En fait on pourra reprocher à ce film d’être trop court du coup, et cela se sent dans les nombreuses ellipses, les raccourcis, les éléments rapidement expédiés. On finit par sauter rapidement d’un élément à l’autre avec pas grand chose d’explications entre deux, on reste sur notre faim avec des trucs qui restent pendants ; et c’est un peu dommage, c’est d’ailleurs le principal défaut du film. On est dans une sorte d’ambiguïté où, en cherchant le format long, Astier se retrouve coincé car n’ayant pas assez de temps. Sans compter qu’à côté de toutes ces ellipses, on a une série de flashbacks qui franchement n’apportent pas grand chose et ne servent guère l’intrigue. On a l’impression qu’Astier voulait trop en dire mais n’en avait finalement pas le temps.
Mais ne boudons pas notre plaisir. C’est toujours aussi agréable de replonger dans ce monde arthurien réinterprété par l’imagination d’Astier. Il lui donne une saveur assez dingue. Et cela fait du bien de retourner dans Kaamelot en évitant les épisodes vus, revus et re-revus, ça donne un bol d’air frais. Les fans de la série apprécieront. Et ceux qui n’aiment pas peuvent passer leur chemin. Et ceux qui ne connaissent pas? Et bien je disais plus haut d’aller d’abord voir la série ; parce que finalement si on sort du côté fan-service, le film a certes de bons acteurs, une jolie réalisation et une très belle musique, il lui manque quand même quelque chose pour s’imposer comme un vrai grand film. Typiquement, s’amuser d’une scène aussi longue que celle du robobrol sans avoir eu les épisodes concernant les jeux du Pays de Galles, cela me paraît compliqué (et elle est longue, cette scène). De même avec le roi burgonde par exemple.
Alors oui je suis un peu beaucoup très fan de Kaamelot et j’ai apprécié le film. J’ai même passé un très bon moment et je le range avec le reste de la série dans les trucs super sympas que j’ai vus. L’ensemble Kaamelot est culte, ouie. Mais le film en lui-même ne fera à mon avis pas référence au panthéon du cinéma en tant que grand film. Et franchement il a toute sa place pour continuer la légende d’Arthur, et j’attends la suite avec impatience.
Une réflexion sur « Kaamelot – Premier volet »