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L’élection sans surprise du Conseil Fédéral

Et voilà, c’est fait. Comme on pouvait s’y attendre, les six sortants du Conseil Fédéral ont été reconduits dans leurs fonctions par l’Assemblée Fédérale ce matin. Et c’est Alain Berset qui replace la démissionnaire Micheline Calmy-Rey. Même si le suspens était plutôt léger, il est bon de revenir sur certains éléments.

On notera que notre fameuse majorité féminine a été rabotée avec le départ de Calmy-Rey et l’élection d’un homme à sa place. Je ne suis pas un grand défenseur des quotas, je penche plutôt pour mettre les compétences avant le genre, mais là on avait des femmes compétentes. Et la majorité repasse en mains masculines. Pas convaincu que cela change grand-chose à la politique à un tel niveau, mais je trouvais l’image de toutes ces femmes assez sympa, ça changeait bien.

Berset plutôt que Maillard comme socialiste? Et bien oui, le plus consensuel et moins grande gueule l’a emporté. Normal et logique. Maillard reste l’une des seules grandes figures socialistes dans lesquelles je vois encore une bonne trace de gauche et de combativité. Trop marqué pour le Conseil Fédéral, trop engagé, mais nous pourrons continuer à profiter de l’avoir au gouvernement vaudois du coup. Espérons que Berset restera plus du côté engagé de Calmy-Rey que du côté « aile bien de droite du PS » comme sa collègue Sommaruga.

L’UDC n’a passé que son ministre déjà en place, à savoir Ueli Maurer. Fortement critiqué pour sa gestion de l’armée (entre autres la fameuse affaire récente de l’achat des avions de combat), il sait quand même se faire relativement discret et est plus soft que d’autres ténors de son parti. Ah oui, l’UDC, ils ont été les emmerdeurs de la session. A vouloir attaquer le siège de Widmer-Schlumpf, puis tous les suivants, ils se sont montrés d’une agressivité malsaine et maladive, laissant finalement ressortir leur haine habituelle et leur manque de consensus si typique. Rappelons quand même que lors de l’élection de Mme Widmer-Schlumpf, l’UDC disposait donc des deux élu(e)s réclamés par le parti. Mais comme cette dame a été élue sans être candidate officielle du parti, ils l’ont exclue (menant à la création du PBD). L’UDC s’est à l’époque elle-même coupée de son 2ème siège et n’arrête pas de pleurer ou de menacer depuis pour qu’on le lui rende au nom d’une certaine concordance sur laquelle personne ne s’entend. C’est quand même gonflé. Surtout que l’UDC n’a rien de concordant, de consensuel et de pragmatique ; alors pourquoi réclamer cette concordance? Le parti du grand écart entre des points opposés a reçu ce matin sa leçon. Ce n’est pas avec cette attitude qu’ils passeront un second élu au gouvernement. Et il ne sert à rien d’en appeler à la concordance entre Parlement et Gouvernement pour le nombre de sièges. L’UDC joue très bien le parti d’opposition, prêt à gueuler et élever la voix dans les parlements à tous les niveaux, ils ont par contre nettement moins de personnalités prêtes à la collégialité et au consensus réclamés par l’exécutif ; ça se confirme. Et je crois que c’est là la plus grande leçon à retenir d’aujourd’hui. L’UDC a atteint la limite, et il leur a été montré qu’ils ne peuvent plus continuer à regarder les autres de haut et à vouloir imposer leur loi. Les résultats des élections fédérales allaient déjà dans ce sens, mais là c’est une confirmation. Un parti qui joue l’opposition ne peut devenir majoritaire dans un gouvernement de collégialité. L’expérience Blocher a marqué les esprits.

Le résultat de cette élection est donc sans surprise et sans retournement de situation, bien à la Suisse. Ce qui est à retenir est l’attitude de certains partis et les positions prises, la cristallisation de certaines oppositions.

 

Sons of Anarchy – saison 4

La quatrième saison de Sons of Anarchy s’achève en apothéose de manière extrêmement poignante et dure. A l’image de la série toute entière en fait. Toujours tout en sang, en sueur, en larmes, en huile de moteur et en rock’n’roll. Toujours aussi dure et carrée, sans concession, aussi cruelle envers ses personnages qui souffrent. Mais toujours aussi bien foutue et prenante. Je ne vais pas revenir en détails sur tout ce que j’ai déjà dit de bien sur cette série (voir liens ci-dessous). Acteurs, mise en scène, photographie, musique, tout est parfaitement bien mis en place. Par contre je reviens un peu sur le scénario de cette nouvelle saison… Continuer la lecture de Sons of Anarchy – saison 4

Durban… tout ça pour ça!?!?

Et voilà, le grand show de Durban s’est éteint et chacun est reparti chez soi (avec de gros n’avions qui polluent). Des jours et des nuits de tractations, de l’attente, du suspens, le sort de nations entières risquant d’être englouties, le sort de l’Humanité même (je ne parle pas de la planète parce qu’elle survivra à notre extinction), et paf la montagne accouche d’une souris. Comme dans toutes les dernières conférences sur le climat. En fait je dirais presque que l’on n’y a jamais vraiment cru depuis la conférence de Rio en 1992. Même à Kyoto quand des pays ont signé un accord, il était évident au vu de ceux qui s’y refusaient que cela n’allait pas changer radicalement la donne. Quelque part, je ne suis même pas déçu parce que depuis le début de cette conférence de Durban je n’en attendais rien ; il me semblait évident que cela allait capoter. Alors quand j’en entends certains crier à la victoire parce qu’ils ont obtenu de l’Inde et de la Chine de signer un truc qui n’engage à rien, ça me fait sourire. Quelle victoire? Qui y gagne? Continuer la lecture de Durban… tout ça pour ça!?!?

Quand le gouvernement commence à comprendre le web

Pour une fois que nos autorités ne sortent pas une connerie énorme au sujet du web, il est de bon ton de le signaler. Parce qu’on en a vu récemment des énormités. Utilisation de logiciels espions, volonté de rendre les FAI responsables et d’en faire une police du net, participation à l’ACTA, etc. Autant de points sur lesquels nos dirigeants ont montré leur manque de compréhension du monde de l’internet. Mais là, bravo. En réponse à un postulat du Conseil des Etats demandant de se pencher sur la législation protégeant le droit d’auteur, le Conseil Fédéral a répondu qu’il ne servait juste à rien de légiférer, que le droit actuel convenait. Le plus intéressant sans l’histoire, ce sont les arguments mis en avant :

« Le rapport brosse un tableau de la situation actuelle. Les enquêtes existantes permettent de conclure que jusqu’à un tiers des plus de 15 ans en Suisse téléchargent gratuitement de la musique, des films et des jeux. Il semble également que la majorité des internautes ne sait pas quelles offres sont légales et lesquelles ne le sont pas malgré les nombreux articles parus dans les médias et les campagnes d’information.

La part du revenu disponible dépensée par les consommateurs et consommatrices dans ce domaine reste stable. On observe cependant des transferts au sein de ce budget. Ainsi, les utilisateurs et utilisatrices de sites de partage continuent d’investir dans le secteur du divertissement les économies qu’ils réalisent en téléchargeant des contenus sur Internet, mais au lieu d’acheter des CD et des DVD, ils s’offrent des billets de concert et de cinéma et des produits de merchandising.

Ce sont surtout les grandes sociétés de production étrangères qui pâtissent de ces nouvelles habitudes de consommation et qui doivent s’y adapter. Comme le montrent les transferts dans le budget divertissement esquissés dans le rapport, les craintes de voir cette évolution avoir un impact négatif sur la création culturelle suisse sont infondées. »

Communiqué du Conseil Fédéral, 30.11.2011

 Et voilà, c’est dit. Le gouvernement suisse pense en premier lieu aux créateurs t non pas aux distributeurs et aux majors. On rappellera que le fonctionnement actuel du droit d’auteur est en fait un droit aux distributeurs, qui rapporte aux grandes entreprises, mais qui ne permet pas réellement aux artistes de vivre (sauf quelques grosses pointures). Ce communiqué a le mérite de mettre les points sur les « i » et de rappeler quelques évidences que l’on entend bien peu souvent dans la bouche de nos politiques. Du genre :

  • les pirates dépensent de l’argent (et parfois beaucoup) en biens culturels
  • le créateur n’est pas celui qui souffre le plus du téléchargement illégal
  • le paradigme de distribution dans lequel notre économie s’est enfoncée est dépassé

Cela fait plaisir de voir enfin une réflexion posée, cohérente, réaliste et rationnelle. Continuer la lecture de Quand le gouvernement commence à comprendre le web