Archives de catégorie : Humeur

Durban… tout ça pour ça!?!?

Et voilà, le grand show de Durban s’est éteint et chacun est reparti chez soi (avec de gros n’avions qui polluent). Des jours et des nuits de tractations, de l’attente, du suspens, le sort de nations entières risquant d’être englouties, le sort de l’Humanité même (je ne parle pas de la planète parce qu’elle survivra à notre extinction), et paf la montagne accouche d’une souris. Comme dans toutes les dernières conférences sur le climat. En fait je dirais presque que l’on n’y a jamais vraiment cru depuis la conférence de Rio en 1992. Même à Kyoto quand des pays ont signé un accord, il était évident au vu de ceux qui s’y refusaient que cela n’allait pas changer radicalement la donne. Quelque part, je ne suis même pas déçu parce que depuis le début de cette conférence de Durban je n’en attendais rien ; il me semblait évident que cela allait capoter. Alors quand j’en entends certains crier à la victoire parce qu’ils ont obtenu de l’Inde et de la Chine de signer un truc qui n’engage à rien, ça me fait sourire. Quelle victoire? Qui y gagne? Continuer la lecture de Durban… tout ça pour ça!?!?

Quand le gouvernement commence à comprendre le web

Pour une fois que nos autorités ne sortent pas une connerie énorme au sujet du web, il est de bon ton de le signaler. Parce qu’on en a vu récemment des énormités. Utilisation de logiciels espions, volonté de rendre les FAI responsables et d’en faire une police du net, participation à l’ACTA, etc. Autant de points sur lesquels nos dirigeants ont montré leur manque de compréhension du monde de l’internet. Mais là, bravo. En réponse à un postulat du Conseil des Etats demandant de se pencher sur la législation protégeant le droit d’auteur, le Conseil Fédéral a répondu qu’il ne servait juste à rien de légiférer, que le droit actuel convenait. Le plus intéressant sans l’histoire, ce sont les arguments mis en avant :

« Le rapport brosse un tableau de la situation actuelle. Les enquêtes existantes permettent de conclure que jusqu’à un tiers des plus de 15 ans en Suisse téléchargent gratuitement de la musique, des films et des jeux. Il semble également que la majorité des internautes ne sait pas quelles offres sont légales et lesquelles ne le sont pas malgré les nombreux articles parus dans les médias et les campagnes d’information.

La part du revenu disponible dépensée par les consommateurs et consommatrices dans ce domaine reste stable. On observe cependant des transferts au sein de ce budget. Ainsi, les utilisateurs et utilisatrices de sites de partage continuent d’investir dans le secteur du divertissement les économies qu’ils réalisent en téléchargeant des contenus sur Internet, mais au lieu d’acheter des CD et des DVD, ils s’offrent des billets de concert et de cinéma et des produits de merchandising.

Ce sont surtout les grandes sociétés de production étrangères qui pâtissent de ces nouvelles habitudes de consommation et qui doivent s’y adapter. Comme le montrent les transferts dans le budget divertissement esquissés dans le rapport, les craintes de voir cette évolution avoir un impact négatif sur la création culturelle suisse sont infondées. »

Communiqué du Conseil Fédéral, 30.11.2011

 Et voilà, c’est dit. Le gouvernement suisse pense en premier lieu aux créateurs t non pas aux distributeurs et aux majors. On rappellera que le fonctionnement actuel du droit d’auteur est en fait un droit aux distributeurs, qui rapporte aux grandes entreprises, mais qui ne permet pas réellement aux artistes de vivre (sauf quelques grosses pointures). Ce communiqué a le mérite de mettre les points sur les « i » et de rappeler quelques évidences que l’on entend bien peu souvent dans la bouche de nos politiques. Du genre :

  • les pirates dépensent de l’argent (et parfois beaucoup) en biens culturels
  • le créateur n’est pas celui qui souffre le plus du téléchargement illégal
  • le paradigme de distribution dans lequel notre économie s’est enfoncée est dépassé

Cela fait plaisir de voir enfin une réflexion posée, cohérente, réaliste et rationnelle. Continuer la lecture de Quand le gouvernement commence à comprendre le web

Notre week-end à Annecy

Petite virée en famille à Annecy le week-end passé. Ca nous était offert pour nos 10 ans de mariage (déjà…!?!?) par des amis vraiment généreux et qui ont eu là une très bonne idée. Nous avions en effet reçu deux nuits au Cocon, un appart  loué par Un lieu unique ; je ne peux que vous conseiller l’endroit, chaleureux, cosy, confortable, agréable, très joli, bien équipé (y’avait même le wifi!) et hyper bien situé, juste entre la vieille ville et le centre plein de commerces (sur l’île bordée par les deux canaux). Que du bonheur! Nous étions donc là avec les deux petiots et on s’y sentait très bien. Mais on a surtout fait quelques tours en ville.

J’avais un souvenir d’Annecy comme d’une toute petite ville qui abritait un magasin de jeu de rôles quand je m’y étais rendu adolescent. Mais ça va bien au-delà. On a fait pas mal de tours dans la vieille ville, qui est vraiment très jolie. Des bâtiments et ruelles sympathiques, un canal à longer (avec une place forte au milieu), un château (pas eu le temps de s’amuser à le visiter). Le tout avec de très nombreux commerces et un marché du dimanche matin.

En se déplaçant de l’autre côté, on a trouvé les commerces. Et je tiens à relever que je n’ai jamais vu de ville avec autant de confiseurs/pâtissiers/chocolatiers par habitant. C’est impressionnant! En poussant on est allé dans les zones plus modernes avec un centre commercial et Ludocortex. On s’est permis quelques folies, des cadeaux de Noël et autres, profitant de prix nettement plus sympas en France sur certains produits. J’ai fait un peu de copinage en librairie avec le Wastburg de Cédric Ferrand (je cherchais aussi Eternity Incorporated pour faire double copinage mais il n’était pas dispo). Un peu plus loin, j’ai mis à jour mon assortiment jeux avec le très très bon 7 Wonders que l’on ne présente plus tellement tout le monde en parle et que j’avais testé cet été, et aussi le sympathique Hanabi dont j’avais entendu parler en bien et que je vous présenterai sous peu (tiens, les deux sont du Antoine Bauza).

Annecy donc c’était très sympa, assez onéreux et avec un coffre bien chargé au retour par rapport à l’aller, mais on s’est fait plaisir et c’est ce qui compte.

Note 1 : y retourner quand il fait un peu moins froid pour profiter de se promener au bord du lac

Note 2 : y aller sans gnomes pour pouvoir prendre tout son temps dans les magasins

Note 3 : c’est impressionnant comme c’est mort le matin, vu les horaires d’ouverture des magasins (10h en général).

La censure du net selon les Etats-Unis

Alors  que je vous ai déjà parlé plusieurs fois du fameux et catastrophique ACTA qui s’avance, les élus américains arrivent tranquillement avec une loi qui va plus loin encore et qui, en plus, impacterait internet non seulement chez eux mais dans le monde entier. A l’heure actuelle se discute en effet le projet de loi Stop Online Piracy Act (SOPA). Comme d’habitude avec ce sujet, l’intitulé semble sympathique (après tout, arrêter le piratage c’est pas mauvais sur le fond). Par contre sur la forme (et donc les moyens) donnée au projet de loi, il y a beaucoup à dire. Tellement à dire que pas mal de monde s’y oppose. A commencer par les associations de défense de la liberté d’expression et de la vie privée. Mais aussi les éditeurs de logiciels par exemple. Ou Google menaçant de quitter la chambre américaine du commerce si cette loi venait à passer. Des gens qui d’habitude ne s’entendent pas sur le sujet. Ici presque tout le monde semble contre, à l’exception évidemment des fameux ayant-droits, la RIAA et compagnie.

Mais en quoi consiste le SOPA? En gros, cela permettrait à un ayant-droit constatant une utilisation non approuvée des oeuvres qu’il couve de faire bloquer sans procédure judiciaire aucune le site internet incriminé. Allant jusqu’à bloquer tout le site bien entendu, que le contenu incriminé soit réellement illégal ou pas, qu’il provienne d’un contenu généré par les utilisateurs ou par les auteurs du site lui-même. Et tout cela sans que la justice n’ait son mot à dire. L’ayant-droit pourrait obliger le blocage par le FAI, la disparition du site des moteurs de recherche, la fin de tout accord avec les systèmes de paiement type Paypal et la fin de tout contrat de de publicité sur le site en question. Bref, la mort du site. Et en gros la mort d’internet comme espace de liberté d’expression. La fin d’internet tel qu’on le connaît. Tout site à contenu généré par les utilisateurs (de Youtube à Twitter en passant par Facebook et Flickr) pourrait ainsi être victime de ce qu’en font certains utilisateurs.

Et tout ça pourquoi? Au nom d’un système de copyright daté et dépassé, qui n’a pas su s’adapter, et qui n’a rien d’un droit d’auteur ; ce système permettant aux ayant-droits de s’enrichir et privant le public d’un accès à la culture et aux œuvres de l’esprit ne sert en rien les créateurs qui n’en profitent pas réellement.

 

 Crédit photo : SOPA = Less Liberty and more Robo-Justice For All, par DonkeyHotie, licence Creative Commons, sur Flickr