Polisse

Bon ben voilà, je viens de voir l’un des films les plus durs émotionnellement que j’aie vu depuis bien longtemps. Polisse est un film sur les activités de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) de Paris. La réalisatrice s’est immergée dans le quotidien de ces flics avant de retranscrire cela avec des acteurs mais en se basant complètement sur des faits réels. Tourné de manière assez brute, souvent à la limite du reportage, proche des acteurs, très carré et sans grands effets, il plonge le spectateur dans les horreurs vécues par ces hommes et ces femmes. On alterne donc les scènes très dures sur ce qu’ils vivent avec leur vie de famille, souvent délaissée ou en retrait, et une petite amourette. On notera que la réalisatrice a écrit ce film spécialement pour son mec du moment, Joey Starr, qui en tient l’un des rôles principaux ; elle-même y joue une photographe attachée pour quelques mois à la brigade, comme une reconstitution de ce qu’elle a vécu en vrai, et tombant amoureuse du personnage de Joey Starr.

On ne ressort pas indemne de ce film. Il retourne les tripes, en particulier pour les parents. On se rend compte que notre monde est rempli de trucs assez incroyables et tellement durs. On se demande comment éviter cela à nos enfants. On se prend à se poser des questions sur notre attitude et nos relations familiales. Alors certes le film condense en deux heures un grand nombre d’événements, mais il y a de quoi flipper.

Ces scènes d’enfants violés et /ou maltraités, ces parents qui sont juste complètement à côté de la plaque, cette douleur, cette suspicion, c’est terrible. La mère qui dit que non, le deuxième elle ne l’élève pas comme le premier parce que l’assistant social lui a dit qu’elle n’avait pas le droit de le branler tous les soirs avant d’aller au lit. La fille annonçant à sa mère que papa l’aime trop et le regard suspicieux de cette dernière, puis l’attitude incroyablement hautaine du père. L’entraîneur malade, persuadé d’avoir une relation d’amour véritable avec un élève, et que ce dernier culpabilise quand le gars est inculpé. La gamine qui a sucé tous les potes de sa copine afin de récupérer son portable (mais c’était un super beau portable). Celle qui subit un avortement thérapeutique et dont on veut garder le bébé mort afin d’analyser l’ADN pour retrouver qui l’a violée. L’ado qui explique que c’est ça la vie maintenant, t’as 14 ans tu baises et tu suces, on kiffe ça quoi. Ces enfants de gens du voyage forcés à travailler par leur clan et retirés de force à leurs familles. Et celle qui m’a le plus touché parce que plus proche de ma situation professionnelle, avec cette mère prête à donner son enfant aux policiers afin qu’il soit placé en foyer et ne vive plus dans la rue avec elle. Y’a de quoi se faire retourner les tripes plus d’une fois au cours de ce film.

Heureusement que l’on a des scènes de la vie des policiers en dehors, de leurs soirées déconne, jeux ou sorties en boîte, de leurs délires entre eux, pour soulager un peu la pression. La petite histoire d’amour est certes un peu en trop, mais elle a aussi le mérite de détourner par moments l’attention de la gravité des situations rencontrées. Il y aussi ces quelques moments d’espoir où on voit des gamins s’en sortir. Y compris cette fin qui met en parallèle l’espoir du petit garçon qui tente de passer à autre chose (mais dont on sait qu’il ne pourra jamais oublier) et le désespoir de la flique qui n’en peut plus de ces atrocités.

Ouais, dur. Et pourtant nécessaire. Quand on entend des jeunes d’aujourd’hui parler avec autant de légèreté de tournantes, de leur vision du viol, de l’intimité, de leur rapport à leur corps et à la sexualité. Il peut être bon de se rappeler qu’il y a beaucoup de choses qui ne sont juste pas normales. Un film qui prend aux tripes emmené par une brochette d’acteurs en très très grande forme. Joey Starr m’a vraiment impressionné, dans un mélange de pudeur, de rage, d’émotion et de colère dont je le pensais incapable. Maiwenn se donne un beau rôle et est très bien, en retrait et fragile. Marina Fois confirme sa très grande qualité d’actrice avec une prestation géniale. Karin Viard, Sandrine Kimberlain, Naidra Ayadi, Louis-Do De Lencquesaing, tous sont vraiment très très bons. Et les gamins! Waow, quelle émotion!

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