The Woman in Black

Ah, la Hammer, un monument dans la production de films d’épouvante, une boîte qui a marqué les imaginaires de tout plein de monde avec ses films reprenant les plus grands monstres de l’histoire ou des créations maison. Le cinéma de monstres et d’horreur ne serait pas ce qu’il est sans elle. Après une longue période d’hibernation, la Hammer revient gentiment à la vie avec quelques films,dont le plus connu à l’heure actuelle est cette Dame en Noir de 2012 ; un succès mérité pour un film très agréable, mais également dû à l’identité de son acteur principal, Daniel Radcliffe, rien de moins que le petit Harry Potter lui-même, dans un rôle totalement différent.

Fin du XIXème siècle, le jeune clerc de notaire Arthur Kipps doit quitter Londres et son fils (qu’il laisse à une nounou vu que sa femme est décédée) pour rejoindre un petit village afin d’y assurer la succession d’une vielle femme décédée. Celle-ci possédait une grande propriété avec maison et n’a pas de descendant pour régler tout cela facilement. Du coup notre homme devra se plonger dans les documents anciens et découvrir que faire de toutes ces affaires. Peti village, ambiance sordide, brume, maison abandonnée, décès dans des circonstances mystérieuses,… Le décor est vite planté pour nous mettre dans l’ambiance. On sait où on va, reste à voir comment. Et là on ne va pas être déçu.

Très vite, les images et les sons vont nous poser l’ambiance glauque et malsaine qui sied à tout cela. Les clichés sont là pour aider, avec une brochette de personnages plutôt classiques mais qui servent à mettre la machine en route, à immerger le spectateur dans un truc connu pour pouvoir rapidement passer à la phase suivante. Des images dérangeantes, certaines apparitions, parfois sombres, à la limite du champ de vision ou de petits mouvements dans certains coins, voilà de quoi instiller l’ambiance fantastique et sombre, le côté épouvante. L’ensemble est très bien maîtrisé, le film est tendu, il y a de quoi sursauter ou de quoi s’agripper au fauteuil en se disant « attention non ne va pas là ». Alors on n’est pas dans le gore et le film n’en fait pas des tonnes. ce sont ainsi des accumulations de couches diverses qui vont construire une ambiance plus proche justement des films à l’ancienne que des déferlements sanglants de l’horreur moderne. Tradition de la Hammer. Les révélations s’enchaînent pour soulever le coin du drap dissimulant l’horrible vérité derrière tout cela. on ne parlera pas vraiment de twist ou de retournement de situation, mais juste d’une ambiance, d’un truc sourd qui plane constamment. Le genre de film à voir lumières éteintes et le son bien à coin.C’est une belle réussite pour un réalisateur qui n’a à son actif qu’un film auparavant.

L’ambiance générale est super bien posée, entre autres par une utilisation des couleurs et de la photographie très bien choisie. Ou plutôt la quasi absence de couleur, on est presque dans les tons de gris et le sépia. En BD, cela donnerait un peu l’ambiance de la très bonne Île des Morts. Avec des acteurs qui collent super bien au truc. J’avais déjà remarqué que Radcliffe avait bien grandi et s’en sortait très bien. Il n’est pas juste « celui qui a joué Harry Potter », mais il a un réel talent d’acteur. D’ailleurs ce rôle va vraiment dans un autre sens, et on le voit adulte, mal rasé, père de famille, torturé, blessé profondément, souffrant. Parmi les autres acteurs, on a de belles performances aussi afin de rendre le village si oppressant. Je pense en particulier à Ciarán Hinds (le Mance Rayder de Game of Thrones qui a aussi joué dans la saga Potter), toujours impressionnant avec une prestance incroyable. Janet McTeer joue la femme de ce dernier et elle aussi est grandiose, passant du calme à l’hystérie avec une facilité déconcertante.

Alors voilà, on pourra reprocher au film quelques petits problèmes. Comme justement ces clichés dans les personnages et le village, si classiques ; ils aident malgré tout à poser l’ambiance voulue. Il y a aussi cette soudaine révélation sur la manière de résoudre le problème, qui est assez vite amenée et passe presque trop vite pour un climax. Mais la vraie fin, l’épilogue qui vient derrière, est lui nettement plus profond et prenant. On évite le happy end qui aurait pu avoir lieu trop facilement et on pose une fin fort bien sentie.

Bref, on est dans le classique, avec plein de trucs déjà vus et pas de grande nouveauté ni inventivité. mais une maîtrise dans l’utilisation de ces classiques qui fait plaisir à voir. Le résultat atteint son but et pose très bien son ambiance si sombre et glauque en nous faisant sursauter.

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