Bad Times at the El Royale

1969… Un hôtel quasi déserté à la frontière entre la Californie et le Nevada, qui a eut sa période faste. Un jeune réceptionniste dépassé. Un vendeur d’aspirateurs qui a la tchatche. Un vieux prêtre rugueux. Une femme noire mystérieuse. Une jeune femme à tendance hippie qui envoie tout balader. Voilà la base pour que les choses partent en sucette au El Royale, à base de révélations, d’action, de baston, de dialogues bien sentis, le tout en suivant en parallèle les histoires des différents clients qui ont tous bien entendu quelques squelettes dans leurs placards.

Quand j’ai vu que Drew Goddard lançait son deuxième long-métrage (après la très sympathique Cabane dans les bois), je me suis senti très motivé. D’autant que le monsieur a prouvé ses talents de scénariste sur des trucs comme Buffy, Angel, Lost, Seul sur Mars ou encore la série Daredevil. Et puis la bande-annonce m’avait bien titillé, sans que je sache vraiment à quoi m’attendre en détails (eh oui il a l’habitude de nous surprendre dans ses films). J’ai été plus qu’agréablement surpris par cette mise en scène très forte. On sent une personnalité, une vraie volonté artistique, une création, pas juste un film de commande. La filiation tarantinesque est indéniable : personnages gratinés, dialogues fins, violence bien présente, narration en épisodes et non chronologique. Mais le réalisateur impose malgré tout sa patte et nous pond un très joli film. Teintes, photos, cadrages, sont au poil. Le cadrage est d’autant plus important qu’il est en lien direct avec l’intrigue qui parle de voyeurisme. On a vraiment des plans de grande qualité. Alors oui le film s’étend un peu et est parfois lent (il dure quand même 2h20), mais ce n’est que pour mieux poser son ambiance et pour détailler la profondeur de ses personnages, aucun n’étant véritablement ce qu’il prétend être bien entendu. Cette lenteur met d’autant plus en évidence les moments d’action, et en particulier le dernier acte épique complètement barré.

Devant la caméra, il fallait un casting de qualité pour poser ces personnages hauts en couleur. Et c’est une belle réussite là aussi. On a donc droit au bourru et dur Jeff Bridges (Tron, The Big Lebowski, Iron Man, Les Chèvres du Pentagone, Kingsman,…), qui réussit à devenir touchant. Il y a Cynthia Erivo, poignante et touchante, avec une voix qui décoiffe. On retrouve Jon Hamm (The Town, Mad Men, Sucker Punch, Baby Driver,…), avec sa prestance et son charisme habituels. Mais aussi Dakota Johnson (The Social Network, 50 nuances de Grey,…), Lewis Pullman, Cailee Spaeny (Pacific Rim Uprising,…), et un rôle complètement barré pour Chris Hemsworth (Thor, La Cabane dans les Bois, Blanche Neige et le Chasseur,…) qui sort de sa zone de confort. Leurs prestations sont assez dingues ; il faut dire que les personnages ne sont pas simples.

Je note encore un gros point bonus pour la bande-son absolument dantesque, avec des tubes de l’époque. Certains chantés par Cynthia Erivo qui m’ont laissé bouche bée. Mais sinon que du bonheur, souvent très soul mais aussi rock. Excellents choix pour plonger dans l’ambiance.

Un vrai cinéma de genre qui s’exprime. Et pas du tout dans les remakes/suites/reboots/adaptations dont Hollywood nous gratifie trop souvent. Une vraie histoire fraîche à raconter. Un film certes violent, avec des thématiques très adultes et dures, réservé à un public averti donc. Pour moi c’était du bonheur…

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