Un pavé, un sacré pavé que ce roman policier…
Des années que j’en avais entendu parler, qu’il faisait des hauts et des bas dans ma liste des à lire, que Dantec me faisait plus ou moins de l’oeil. Alors j’ai fini par craquer pour ces Racines du mal. Tout commence avec le suivi du parcours d’un tueur en série ignoble. On suit Andreas Schaltzmann qui massacre allègrement pas mal de monde, le tout justifié par un esprit totalement malade. C’est le 4eme de couv de l’édition que j’ai lu :
Andreas Schaltzmann s’est mis à tuer parce que son estomac pourrissait.
Le phénomène n’était pas isolé, tant s’en faut : cela faisait longtemps déjà que les ondes cosmiques émises par les Aliens faisaient changer ses organes de place, depuis que les nazis et les habitants de Vega s’étaient installés dans son quartier.
Schaltzmann est sa perception tronquée du monde, sa vision déformée et profondément dangereuse. Donc il tue. Point. On ne cherche jamais à le faire passer pour un méchant ou un gentil, pas de morale là, on le suit c’est tout. Et je crois que c’est ça qui est dur. Pas de bouffée d’air, pas de sortie de cet enfer. Jusqu’à ce que l’on cherche à lui coller sur le dos des meurtres qui ne sont pas de lui. Et ça il n’aime pas du tout. Après tout, dans son esprit malade, ses crimes sont justifiés, pas obligatoirement ceux des autres. Après cette (longue et) dure introduction donc, nous allons suivre des spécialistes de psychologie, des gens qui étudient l’esprit humain, sur les traces de monstres bien pires que Schaltzmann. Nous allons nous enfoncer vers les pires horreurs que l’esprit humain peut produire. Dantec présente dans son roman des actes réellement monstrueux. Mais au moins on suit des gens luttant contre ces crimes, et cela permet au moins de ressortir un peu de l’horreur. A cela s’ajoute une pointe de SF, ou plutôt d’anticipation, avec des ordinateurs à l’IA si développée qu’ils en deviennent des aides précieuses.
Au final, à la sortie de ce bouquin, je comprends mieux pourquoi Dantec dérange ; même s’il s’agit d’un de ses premiers bouquins, et donc dans les « encore compréhensibles » (d’après ce que que j’en ai lu dans d’autres critiques). Mais effectivement, cet auteur n’est pas de tout repos à lire. Ses positions sur l’âme humaine et sur les rapports entre les hommes ne sont pas franchement positives. Que de noirceur dans cet ouvrage! pris comme un roman policier, il y aune intrigue solide, des méchants bien méchants, une poursuite de meurtriers, etc. Mais au-delà il y a des éléments dérangeants, et la lecture des racines du mal n’est pas vraiment de tout repos…