Chronicle

chronicle-poster-frenchJ’avais plusieurs fois entendu parler de ce film sorti en 2012 et j’ai enfin trouvé le temps de le visionner. Bien m’en a pris, car voilà une vision fort sympathique et pas classique de l’acquisition de super pouvoirs par des ados. On a donc trois ados, le renfermé dépressif qui se fait emmerder, celui qui tente d’être cool mais sans vraiment l’être, et la star président du comité des élèves, qui se retrouvent par hasard au contact d’un objet bizarre. Ils se découvrent alors dotés de pouvoirs surprenants et absolument pas naturels. Passant de plus en plus de temps ensemble, liant une amitié solide, ces trois gars vont travailler leurs pouvoirs, les développer, les utiliser comme n’importe quel ado le ferait sans doute (à savoir pas pour sauver le monde mais plutôt pour le fun, regarder sous les jupes des filles ou se rendre sans perdre de temps au centre-ville). Normal quoi. La puissance de leurs pouvoirs ne cesse d’augmenter. Ainsi que leurs dilemmes et problèmes, leurs démons intérieurs prennent aussi du galon. Se sentant surpuissants, au-delà de l’Humanité, vont-ils alors user de leurs pouvoirs pour dominer le monde ou les garder cachés? Le tout se termine dans un climax qui n’est pas sans rappeler Akira, et ça envoie du bois. Le tout est présenté en found footage par le regard de la caméra achetée par l’un des héros, puis quand l’action se développe par d’autres caméras.

Le film a été réalisé par Josh Trank (qui a depuis commis un reboot des 4 Fantastiques conspué par presque tout le monde, faudra que je le voie pour me faire mon avis quand même), avec un scénario de Max Landis, sur une idée des deux gars en question. C’est un film fait par des inconnus (à cette époque), et ça se sent au niveau des moyens mis à disposition. Le found footage permet souvent de contourner le manque de moyens, et il y réussit très bien, même si le dernier acte du film prend soudainement une sacrée ampleur. Les effets spéciaux restent de qualité, mais on sent quand même ce manque de moyens par moments où ça pique un peu les yeux. Pour ce qui est des trois héros, Alex Russell trouve là son quasi premier rôle. Dane DeHaan et Michael B. Jordan ont eux à leurs compteurs pas mal d’épisodes de séries et de seconds rôles, mais rien de bien marquant auparavant ; idem pour la très mignonne second rôle Ashley Hinshaw. La plus grosse star c’est Michael Kelly, méconnaissable et dans un second rôle lui aussi. Un film d’inconnus avec des inconnus donc, mais qui tient vraiment bien la route.

Autour du genre « super-héros », le film brasse de nombreux éléments. Par exemple le côté « drame familial » avec la famille d’Andrew complètement partie en sucette (mère malade en stade terminal, père chômeur alcoolique violent) qui est très bien posé, sans excès mais décrivant toute la douleur de la situation. L’adolescence (et ses travers) est au centre aussi des préoccupations, avec les divers types d’ados, leurs relations, leurs joies et leurs peines, leurs découvertes (alcool, fête, sexe, entre autres), et aussi leurs pètages de plomb et cette impression de ne jamais être entendus/compris (en fait le final du film c’est une grosse crise d’ado qui passe mal). Comme dans pas mal de films de super-héros, on a tout un fond sur le sens des responsabilités (« un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »), avec des héros très irresponsables dans l’utilisation de leurs pouvoirs (mais tellement ados du coup, et tellement vrais, tellement proches du spectateur). L’amitié est aussi au cœur du film, avec ces ados qui ont des liens très différents aux autres (celui qui n’en a aucun, celui qui tente de paraître cool et celui qui déborde de liens superficiels) mais qui vont nouer entre eux une amitié fulgurante après avoir découvert ce truc qui les unit. Un film plus profond qu’il n’y paraît, donc, et franchement intéressant. Et puis pas mal rempli de références aussi, aux super-héros divers bien entendu ; mais pour moi en particulier à Akira (et c’est un compliment).

Franchement j’ai beaucoup aimé ce Chronicle. Alors certes ça manque parfois d’un peu de souffle et de moyens. Mais ce n’est pas un film de super-héros plein d’esbroufe à la Marvel/DC, ici le côté super-héros permet le traitement de thématiques plus profondes et dans l’ensemble fort bien amenées.

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