Alors je ne vais pas vous parler ici de la série, encore moins des comics, mais des jeux vidéo. Et plus particulièrement d’une série de jeux développée par Telltale, dont la première saison est sortie en 2012, et la deuxième en 2013. Oui, on parle de saisons, car chaque jeu est composé d’épisodes rythmant le tout (5 par saison). Ces jeux sont assez particuliers, du type très narratif, quasiment des films interactifs en fait, avec beaucoup de scènes à regarder/écouter, et des interventions ludiques ponctuelles. Eh oui on n’est pas ici pour appuyer frénétiquement sur les boutons d’un pad afin de massacrer du zombie par paquets de 12. On est plutôt dans une ambiance dure, sordide. Dans le premier jeu, on prend en main le destin de Lee, survivant à la première vague de l’apocalypse zombie qui va tenter de tenir le coup, de continuer à vivre, et ce d’autant plus qu’il va prendre sous son aile une jeune fille, Clémentine. Cette dernière sera d’ailleurs l’héroïne de la saison 2. Le jeu se focalise essentiellement sur les rapports humains pendant l’épidémie zombie, sur les liens entre personnes, entre groupes, sur la manière dont les gens se révèlent sous ces circonstances extrêmes. Le bien, le mal, et surtout des choix très difficiles, voilà ce qui attend le joueur. Avec quelques scènes un peu plus tournées vers l’action pour maintenir le rythme, mais ce n’est pas là l’essentiel.
A la manière du très bon Life is Strange, le gameplay de The Walking Dead repose sur des choix tendus qui influencent le jeu et les réactions de l’entourage. Et si le gros de l’intrigue reste identique pour tout le monde, les dilemmes proposés vont modifier grandement l’expérience de jeu ; sauver tel ou tel autre personnage des zombies, aider ou agresser ce personnage, choisir un camp, soutenir telle ou telle personne, garder les médocs ou les donner à un inconnu malade, etc. Ce d’autant plus qu’il y a régulièrement un temps limité pour faire son choix, ce qui rend le tout vraiment tendu. On est vraiment confronté à des cas de conscience, à des prises de position tendues aux conséquences parfois très fortes. Et là-dedans on a des personnages travaillés, profonds, auxquels on s’identifie et on s’attache. Du coup on se retrouve vraiment plongés dedans. La narration nous emporte de manière extrêmement efficace. Les choix proposés, les situations rencontrés, mais aussi le côté gore des zombies, tout cela fait de The Walking Dead un jeu clairement adulte. On a un système de point’n click pour se déplacer et interagir avec certains objets/personnages, on a des passages en QTE pour certaines scènes d’action, mais le gros du gameplay repose sur les choix à faire, avec cette saloperie de barre de temps à disposition qui disparaît trop vite.
Le style visuel se veut plus tourné vers les comics que vers du réalisme pur. On a des traits forts et des grandes couches de couleurs, qui donnent une impression de tout dessiné et peint à la main. Le jeu y trouve une forte identité visuelle qui nous plonge bien dedans. Il a son style bien à lui et c’est très agréable. Les voix sont aussi très réussies (on est dans de la VO sous-titrée). Et la musique très bien choisie aide encore plus à plonger dans l’ambiance.
Alors oui si on est habitué des jeux d’action, de jeux vidéo où on contrôle tout, tout le temps, ce type de jeu peut être déboussolant. Mais il est très difficile de ne pas se laisser prendre par l’intrigue, par l’ambiance, par les liens complexes qui se tissent, et par ces terribles choix à effectuer. Pour ma part, j’aime beaucoup ; même si moi aussi j’ai été surpris au début par ce style de jeu très narratif, où on subit beaucoup ce qui se passe à l’écran. L’expérience nouvelle, entre le jeu et le film finalement, est très réussie.