Dans le village de Thiercelieux en 1846, on suit le parcours de deux jeunes filles d’une quinzaine d’années, malmenées par la vie (l’une vit avec sa grand-mère après le décès de ses parents, l’autre va devoir faire un mariage arrangé qui ne lui plaît pas). En cherchant à se rebeller et à vivre comme elles l’entendent, à comprendre leur passé pour mieux se construire, elles vont s’allier à d’autres enfants et se retrouver mêlés aux graves problèmes du village. La découverte de masques de loups et d’un poème parlant de vengeance va changer la donne, et des événements terribles vont commencer à se produire à Thiercelieux, où la suspicion deviendra monnaie courante.
Oui, c’est le roman officiel du fameux jeu des Loups-Garous de Thiercelieux, écrit par le duo Paul Beorn et Silène Edgar. Un roman de littérature jeunesse, dans lequel on retrouve tout ce qui fait le sel du jeu et tout plein de clins d’œils, mais sans la dose de violence que pourraient amener des cadavres déchiquetés par de gros monstres assoiffés de sang. Ce n’est pas pour les plus jeunes non plus, mais dès 10-11 ans sans problème. Les héroïnes ayant une quinzaine d’années, et il y a quand même des scènes un peu agressives, du suspens, des trucs qui peuvent être tendus pour de jeunes lecteurs. L’écriture y est plaisant, rendant le texte accessible et agréable à lire. Le choix de raconter à la première personne en alternant les points de vue des deux héroïnes nous attache encore plus à elles, et le lecteur est vite embarqué là-dedans. Le double point de vu permet de voir les choses selon différents angles et de soutenir ou pas les choix des protagonistes.
Le livre reprend des habitudes de la littérature jeunesse avec ces enfants aux familles abimées par la vie, avec aussi certaines facilités comme de gros fusils de Tcheckhov. Également l’inévitable romance et choix à faire. Et puis plusieurs personnages assez caricaturaux. Mais rien de saoulant ou de pénible là-dedans, il s’agit souvent de passages obligés pour toucher le public visé.
J’ai bien aimé retrouver les personnages du jeu, les rôles, et cette ambiance (surtout vers la fin) de suspicion et d’accusation. On a assez tôt le coup du loup-garou qui en accuse un autre pour se disculper. On retrouve plein de trucs qui nous plongent dans l’univers du jeu. Certains passages ne dépareilleraient pas lors d’une partie. C’est très sympa de voir comment les auteurs se sont appropriés les personnages des cartes et les ont transposés en personnes avec un peu de profondeur. Au final, le roman est plaisant à lire, un petit moment de détente sympathique. Mais en tant qu’adulte (donc pas le public premier du livre), je suis resté un peu sur ma faim. J’aime et je conseille…