Get Out

Qu’il est joli et mignon ce couple interethnique de la jeune fille blanche et du jeune homme noir. Leur histoire semble idyllique, leur amour parfait, ils envisagent un avenir sérieux. Bref, le moment pour lui de rencontrer les parents d’elle, malgré sa crainte qu’ils soient un peu racistes ou autres. Evidemment, il en a sûrement déjà vu passer des vertes et des pas mûres avec sa couleur de peau. En arrivant dans la belle et grande propriété, pas de remarques sur sa couleur non, mais quand même il y a le jardinier et la bonne, noirs, avec cette vilaine sensation de comme un puant souvenir d’une époque révolue. Mais bon les parents sont plutôt sympas. Oui mais voilà, les choses vont commencer à virer au bizarre, avec une ambiance qui va se pourrir et virer au sombre puis au très très dur.

Get Out est un film qui a fait beaucoup parler de lui. Cité à de nombreuses reprises, bardé de nominations, avec pas mal de prix à son actif, il n’a pourtant pas grand chose du grand blockbuster classique ; bon, il est porté par la maison de production Blumhouse à qui l’on doit pas mal des succès de films qui font peur (ou sont censés faire peur) des dernières années. Souvent catégorisé comme film d’horreur, Get Out n’en est pas un pour moi, et il sort du cadre des productions Blumhouse habituelles en s’avérant beaucoup plus fin (même s’il garde leur aspect « petit budget et grosses rentrées »). Un film de genre, un film d’ambiance sordide, un film au dernier acte violent et avec quelque plans un peu gores certes, un film clairement adulte aussi, mais pas un film d’horreur. La violence y est bien plus psychologique que physique. Jordan Peele signe ici sa première réalisation sur son propre scénario, et il démontre un réel talent. La mise en scène est très réussie, avec de très beaux plans, un sens du rythme certain, et une grande capacité à poser ses ambiances. Le premier quart d’heure suffi à nous poser les personnages pour que l’on puisse s’identifier et s’attacher à eux, à  nous donner les éléments et enjeux majeurs, à attaquer la thématique principale (le racisme), bref, on est vite plongé dedans. La suite de ce premier acte de mise en route présente l’autre pan, la belle-famille, avec tout autant de talent, et ces premiers indices que tout ne tourne pas rond. Le deuxième acte nous plonge au cœur de la thématique raciste et malsaine, avant d’enchaîner sur un troisième acte plus violent, plus physique, plus brut.

Les acteurs font beaucoup pour la qualité du film. Daniel Akluuya (Kick Ass 2, Sicario,…)en jeune noir amoureux, partiellement désabusé par le racisme ambiant de la société mais qui veut encore et toujours croire à l’avenir, un jeune homme comme les autres mais plongé malgré lui dans un truc malsain juste à cause de sa couleur de peau ; jeune, beau gosse, charismatique, dynamique, motivé, cultivé, intelligent, il a tout pour lui et le spectateur ne peut que prendre son parti et le suivre dans sa descente aux enfers. A ses côtés, Allison Williams joue la belle jeune femme intelligente, libre, rebelle, forte, amoureuse et heureuse ; elle nous démontre un très bon jeu et campe très bien un personnage complexe. Dans le rôle des beaux-parents si gentils mais en fait peut-être qu’ils sont pas si nets que ça, avec là aussi des personnages tortueux très bien interprétés, on a Catherine Keener et Bradley Whitford. Tandis que le frère bien barré se retrouve sous les traits de jeune premier de Caleb Landry Jones (X-Men First Class). J’ai beaucoup aimé aussi les prestations de Marcus Henderson, Betty Gabriel, et Lil Rel Howery. Et la brochette des gens « biens » invités à la fête, waow, ils donnent le ton.

Un très bon film qui réussit à poser une très bonne ambiance. J’ai vraiment beaucoup aimé le regarder, j’ai été bien pris dedans, j’ai même été assez surpris par ce dernier acte. En plus de son histoire bien foutue et de ses qualités esthétiques, Get Out se permet de traiter de sujets de société solides et importants. Bravo!

et maintenant, une petite partie avec spoilers pour celles et ceux qui ont vu le film, les autres n’y allez pas

 

ATTENTION SPOILERS

 

ATTENTION

 

STOP SI VOUS N’AVEZ PAS VU LE FILM

 

Alors oui j’ai adoré cette fin. Déjà le rôle de la petite amie, j’ai passé pas mal de temps à me demander si elle faisait partie du truc ou pas, si elle était vraiment gentille ou pas, et son attitude dans le dernier acte est tellement flippante (cf conversation au téléphone avec Rod). Et puis cette explication à tout, les motivations des « méchants », ce système « scientifique » pour se donner une sorte de vie éternelle, c’est assez énorme. Suffisamment pour que le héros pète les plombs et libère toute la violence accumulée, toute la colère qu’il avait emmagasinée à force de s’en prendre plein la gueule sans réponse (et pas que chez les beau-parents mais probablement toute sa vie). Un final explosif qui libère complètement la tension accumulée pendant tout le reste du film.

On traite finalement pas seulement de racisme dans ce film. Mais carrément de domination ethnique, d’utilisation de l’Homme par l’Homme. C’est puissant, violent, très dur. J’aime.

Une réflexion sur « Get Out »

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