Deux artciles qui me font réagir
Ah, le problème de la délinquance et de l’insécurité. On en fait tout un fromage. mais c’est quoi l’insécurité. Y’a de fortes exagérations là-dessus. J’ai pas vraiment envie de m’étaler, je l’ai déjà assez fait dans mon mémoire, mais franchement y’a de l’abus.
L’exercice tient du rituel annuel. Et même si la police n’a pas mis cette fois l’accent, dans sa présentation orale, sur la forte proportion d’étrangers alimentant ses statistiques et surpeuplant Champ-Dollon, nul doute que les chiffres savamment distillés dans le dossier remis à la presse alimenteront la chronique. Et la xénophobie rampante.
Il n’est évidemment pas question de nier l’existence d’un problème quant à la propension accrue de certains réseaux criminels – particulièrement ceux actifs dans le trafic de stupéfiants – à utiliser la filière de l’asile pour mieux pénétrer le marché. Les premières victimes de ce phénomène sont les requérants eux-mêmes, en butte à tous les amalgames. Et à l’inhumanité d’une politique sans cesse durcie sous prétexte des abus commis par une petite minorité. Alors que les autorités mettent visiblement beaucoup moins d’énergie à résoudre le problème spécifique des dealers agissant sous la couverture du droit d’asile. Mais force est aussi de constater qu’un zèle particulier est mis, sinon à le résoudre, du moins à identifier le problème. Si les arrestations opérées l’an dernier en lien avec le trafic de stupéfiants sont en hausse, c’est qu’elles relevaient en 2003 d’une priorité moindre, admet la police dans son rapport annuel: les forces de l’ordre étaient alors trop absorbées par les événements liés au G8…
Mais les chiffres révèlent aussi un autre sens des priorités: sur les 1137 arrestations qui ont eu lieu en 2004 en lien avec le trafic de drogues, seules 210 l’ont été par la brigade des stupéfiants. Et ont plus spécifiquement ciblé les réseaux. Les 927 autres ont visé le menu fretin, sur la voie publique, là où des interventions coup de poing sauront rassurer la population. Des petits dealers qu’on va plus particulièrement chercher chez des suspects noirs de peau… La sur-représentation des requérants d’asile chez les trafiquants arrêtés n’a dès lors rien d’étonnant. A noter, d’ailleurs, que si le trafic de drogue inquiète la population, celle-ci réagit aussi à ces contrôles menés au faciès: 68% des 1600 personnes sondées l’an dernier estiment que les étrangers subissent, de la part de la police, une inégalité de traitement.
Mais la criminalité n’est pas seule à prendre le tour qu’on veut bien lui donner selon les priorités mises dans la chasse aux infractions. Le sentiment d’insécurité est à l’avenant. Alors que la police a dénombré l’an dernier 5 victimes d’overdose (un chiffre en nette baisse), elle déplore 28 victimes d’accidents mortels de la circulation. Un chiffre qui bat tous les records dans le canton (16 morts en 2001, 19 en 2002, 22 en 2003). Personne, pourtant, ne vient manifester dans les sondages son sentiment d’insécurité routière…
BILAN – Toutes catégories confondues, la criminalité a poursuivi sa hausse en 2004. La police met en cause des structures carcérales débordées entraînant un sentiment d’impunité.
«Nous sommes entrés dans ce que j’appellerais les mécanismes sociaux de l’impunité. La prison de Champ-Dollon étant pleine à craquer, nous avons dû renoncer à certaines opérations, à certaines arrestations. La petite et moyenne criminalité augmente en conséquence, et on ne maîtrise plus le phénomène.» C’est un constat alarmiste qu’a tiré hier devant la presse, à l’heure du bilan annuel, le chef de la police, Urs Rechsteiner. Qui, même s’il a souligné à plusieurs reprises ne pas vouloir se mêler de politique, n’a pas manqué l’occasion qui lui était donnée de faire passer un message aux députés qui devraient se pencher dès demain sur l’agrandissement de Champ-Dollon: «Il ne sert à rien de multiplier les forces de police si le service après-vente ne suit pas.» La criminalité a connu l’an dernier à Genève, toutes catégories confondues, une nouvelle hausse de 5,6%, avec un total de 52155 infractions au code pénal (hors loi fédérale sur les stupéfiants). Certains indicateurs sont stables ou à la baisse, comme les cambriolages, qui ont diminué de 2%, même si les infractions contre le patrimoine continuent à représenter 75% du total. D’autres sont à la hausse, telles les lésions corporelles graves, qui ont connu en 2004 un bond de 25%. Une montée de la violence qu’on note partout en Suisse, mais qui est aussi en lien avec une propension accrue à dénoncer les agressions, commente Urs Rechsteiner. Le nombre des victimes d’homicides, 6 en 2004, reste cependant globalement stable depuis plusieurs années.
Un autre indicateur ne connaît guère de variations: celui de la forte proportion d’étrangers, qui forment 80% environ (dont 50% de non-résidents) des 3723 personnes arrêtées l’an dernier à Genève. Un taux qui monte jusqu’à 90% s’agissant des arrestations en lien avec le trafic de drogue. Des chiffres à prendre avec précaution: rapporté à la population résidente, le nombre d’étrangers avec un statut stable arrêtés reste très proche de celui des Suisses. La statistique s’envole en revanche pour certaines infractions et certaines catégories, tels les requérants d’asile: 7,3% de ceux attribués à Genève ont été arrêtés en 2004 pour trafic de stupéfiants (contre 5,5 % en 2003, et 0,04% de Suisses).
CRAINTES SONDÉES
Plusieurs de ces dealers ont d’ailleurs été arrêtés et relâchés plusieurs fois, ce qui entraîne une «démotivation» de la police, souligne Urs Rechsteiner. En 2004, les forces de l’ordre ont ainsi remis à la rue 1710 personnes non refoulables (contre 4528 refoulements effectués). Une situation inquiétante, selon la conseillère d’Etat Micheline Spoerri, qui vient de s’entretenir avec la conseillère d’Etat Micheline Calmy-Rey des accords de réadmission en voie de négociation par la Suisse. «Berne mise désormais sur des accords liés à une contrepartie sous forme d’aide au développement. Une démarche que je soutiens, mais qui pourrait prendre du temps.»
En hausse dans la statistique des arrestations, la traque aux dealers vient aussi en tête des préoccupations de la population, selon un sondage mené l’automne dernier par la police auprès de 1600 personnes: consommation et vente de drogue sont cités comme les principaux ingrédients d’un sentiment d’insécurité, lui-même en augmentation de 10% depuis 2000, date d’un précédent sondage. Pour combattre cette peur, les sondés n’ont qu’une seule réponse, ou presque: 65% veulent davantage de policiers. Mais la police, est venu rappeler son chef, a toujours autant de peine à recruter.