Siberia est une série de fiction présentée sous la forme d’une émission de téléréalité. Aucun autre cadre, aucune explication, ne sont donnés. Dès le début, on découvre les 16 participants au show qui se font expliquer le concept par le présentateur… Les voilà débarqués par hélicoptère en pleine Sibérie, dans l’un des coins les plus reculés de la planète, le plus loin possible de toute trace de civilisation. Une grosse somme d’argent sera à se partager entre tous ceux qui tiendront le coup jusqu’à la fin de l’hiver ; pour ceux qui craqueraient, une zone à l’écart avec un bouton d’appel et hop on les évacue. Pour le reste, aucune règle, à eux de se démerder et de s’organiser pour manger, boire, se chauffer, se laver, prendre les décisions, etc. On a donc droit aux discussions captées par les caméras, en alternance avec les explications face caméra typiques de la téléréalité. Une galerie de personnages très différents, venus de divers points du globe, permet de mettre de l’ambiance là-dedans. Mais bien entendu, tout ne va pas se dérouler comme prévu. Très vite, un décès parmi l’équipe pose une ambiance particulière. Et puis il y a ces cris inhumains dans la nuit, ces traces étranges… A partir de là, les choses vont se compliquer et vont virer au survival difficile. Ah oui, on vous a dit que c’est la région de Tungunska?Siberia part donc sur une base très particulière, se la jouer téléréalité. C’est en soi une bonne idée, qui donne un peu de piment à cette série aux aspects assez « Lost » (surtout première saison). Alors par moments cela pose des petits soucis scénaristiques et brouille un peu les informations. Mais bon ça marche plutôt bien en général. La série arrive à poser une très bonne ambiance. Tout est vraiment tendu. On est par moment à la limite de Lord of the Flies (cité d’ailleurs dans la série), en version adulte. L’aspect sans règle, la reconstruction d’une mini-société, tout cela est très bien présenté. Et puis on vire au sanglant, au violent, au survival, au combat contre une nature hostile. S’il n’y avait que la nature…
Les acteurs, des inconnus, sont biens. On les sent à leur place. Comme dans toute téléréalité, on a là des clichés, des archétypes, dont on sait qu’ils vont construire des antagonismes et des alliances. Ils sont vraiment dedans, et on donne aux personnages les mêmes prénoms que ceux des acteurs. En plus, la série est plutôt bien mise en scène, avec les restrictions dues au choix de la réalisation sous forme de téléréalité ; les caméramen sont donc toujours au contact des personnages. Et on a même une petite pirouette scénaristique un peu farfelue pour justifier qu’ils continuent leur boulot quand tout part vraiment en couille. On a de beaux décors aussi, ainsi qu’une bande-son qui accompagne bien le tout.
Mais on n’est pas au niveau d’une vraie grande/grosse série à lourd budget. Et ça se sent. Bien que percluse de bonnes idées, Siberia est victime aussi de certaines faiblesses, on sent le manque de moyens par moments. Ce qui n’en fait pas une mauvaise série, loin de là ; j’ai d’ailleurs aligné les épisodes en très peu de jours car il y a une vraie maîtrise dus suspens et du cliffhanger.
On peut se poser des questions sur la fin. Avec l’avant-dernier épisode, jusqu’à ses dernières minutes, on pouvait voir une fin clôturant le truc de manière logique, carrée, bien comme il faut ; on avait même répondu à à peu près toutes les questions, évitant ainsi un syndrome à la Lost. Mais les dernières minutes de cet épisode ainsi que le dernier ouvrent beaucoup d’autres portes et promettent une saison 2… qui risque fortement de ne pas voir le jour d’après les infos que j’ai pu glaner. Et ça c’est vraiment pas cool. On se retrouve comme deux ronds de flan, avec plein de questions et une envie d’en savoir plus alors que tout aurait pu se terminer correctement.