Au fin fond de la forêt indonésienne, un homme émerge de la terre. Non, pas un zombie, mais un type qui avait semble-t-il été enterré vivant. Tentant de reconstituer sa mémoire, il découvre qu’il va devoir se livrer à un jeu de cache-cache sanglant avec un tueur implacable pour sauver sa famille et s’en sortir.
Si les choses semblent très classiques à ce stade, je dirais que le film vire ensuite vers quelque chose d’autre qui le rend assez délicieux. Mais je préfère ne pas trop en dire pour ne rien gâcher.
Le réalisateur Joko Anwar fait dans l’efficacité avec une certaine économie de moyens. Peu de décors (la forêt surtout), peu de personnages (tout repose sur le héros), peu de dialogue et de paroles (le type reste souvent seul), une bande-son restreinte laissant aux sons réels la responsabilité de poser l’ambiance. Et c’est une réussite. Dès le début, on est pris dedans. Le film prend son temps pour se dérouler, pour nous plonger dans son ambiance glauque, malsaine, sombre. Tout en retenue avec ses quelques flashs soudains d’action et de violence brute. La progression du personnage principal, allant de révélation en révélation tandis qu’il recouvre la mémoire, est une plongée dans le désespoir. Il y a des moments très durs. Difficile de se décoller du truc.
Le film repose sur les épaules de son interprète principal Rio Dewanto, assez incroyable et complètement habité par son rôle ; il donne une force, une présence, une prestance à son personnage, avec une progression tout au long du film. J’aime vraiment beaucoup sa prestation. Les autres acteurs ne sont qu’anecdotiques autour de lui mais réussissent à donner des personnages bien posés.
La tension qui s’accumule tout au long du film arrive à une conclusion de dingue. J’avoue avoir pensé que le final aurait sa révélation, son petit twist allant plus loin que ce que l’on peut en voir au début. Je ne m’attendais pas à cela. Joko Anwar est également le scénariste et il nous révèle un esprit sacrément tordu pour nous pondre un final assez fou. Je vous conseille de bien regarder jusqu’au bout, surtout quand on se dit que « Ok, c’est bon, le truc est bâché là ». Le film est vraiment fort.