J’avais bien aimé le premier tome des aventures de l’inspecteur Auer, Le Dragon du Muveran. Un bon polar, certes classique, mais situé dans un contexte rarement utilisé, et bien écrit. On prend les mêmes et on recommence pour cette suite.
Ici on a un tueur russe envoyé par un commanditaire secret, une vache assassinée sauvagement, des femmes qui disparaissent, et une histoire immobilière valant beaucoup d’argent. Ces différents éléments vont se mêler, se rencontrer, l’un se servant parfois de l’autre. Pour démêler ces fils, notre inspecteur est aux premières loges puisque ces exactions vont à nouveau se tramer (oh la coïncidence) sur le village de Gryon (que l’on va croire construit sur un ancien cimetière indien s’il accumule encore davantage de mauvais karma). Une enquête tendue s’ensuivra, qui ira pousser loin dans la vie privée du héros.
Quand je dis « on prend les mêmes et on recommence », c’est vraiment que mes commentaires sur le premier volume peuvent s’appliquer ici. Une enquête (ou plusieurs en parallèle) assez classique, avec peu de fausses pistes et une évolution que l’on voit venir. L’histoire est sympathique, le tout est tendu, mais reste assez convenu finalement, surtout si vous avez eu votre lot de séries télé policières ou de romans policiers. Et même si les deux éléments se mêlent, je trouve que cela fait un peu beaucoup pour un petit village d’avoir ces deux grosses affaires en simultané (c’est quand même pas de bol), surtout si peu de temps après les terribles événements du premier bouquin (qui auront quelques incidences dans celui-ci). Mais bon l’enquête est sympa à suivre et on a envie de voir comment notre héros va démêler tout cela.
Le héros justement, parlons-en. On a de plus en plus l’impression que l’auteur se met en scène au-travers du couple du héros justement. On retrouve les mêmes traits communs, avec toujours force détails sur le contenu des plaisirs de la table, de la boisson ou du cigare, tellement précis que l’on sent l’auteur lui-même amateur très éclairé. Cet opus plonge davantage dans l’intimité du héros, qui se questionne sur lui-même, sa vie, sa carrière, tandis que l’intrigue va le toucher très directement (dont un final tendu du slip).
Une écriture efficace, malgré des descriptions parfois un peu longues sur des choses inutiles à l’histoire (les mets, vins, alcools et autres cigares en particulier), avec un bon rythme. Le changement de point de vue permet de percevoir les événements par les yeux d’autres protagonistes, y compris les « méchants » de l’histoire. C’est assez intéressant.
Au final on a donc un honnête polar tendu comme il faut, mais dont le principal atout réside dans l’utilisation d’un décor bien de chez nous avec ses termes locaux, choses assez rare. J’aime bien oui.