Un homme qui se réveille dans une salle de béton brut avec un mobilier minimum, en compagnie d’un autre homme. Ce dernier est là depuis un moment. Ils sont dans la Fosse, une sorte de prison dont chaque étage est une cellule pour deux personnes. Au centre un grand trou, permettant à la plateforme de passer. Chaque jour elle descend d’étage en étage, chargée à son sommet de plats somptueux et de repas en suffisance pour nourrir tous les étages. Sauf que les premiers se goinfrent et que les derniers étages se partagent des restes faméliques. Et chacun change d’étage à chaque mois. Notre héros va tenter de comprendre ce système, et de s’élever contre lui, dans une révolte qui sera chargée en violence et en brutalité.
Création originale Netflix des espagnols Pedro Rivero (au scénario) et Galder Gaztelu-Urrutia (à la réalisation), La Plateforme n’est pas un film simple d’accès. Déjà parce que l’on ne nous donne pas toutes les infos ; celles-ci sont distillées au compte-goutte et il faut prendre en compte le personnage qui les donne. Et on voit dans le final très controversé qu’il nous manque encore beaucoup de données claires pour comprendre tous les détails de cette œuvre. La fin laisse vraiment un grand questionnement en suspens. Mais les auteurs ont pu poser leurs thèmes et leurs critiques jusque là. Parce que oui il y a pas mal de thèmes à partir de là. bien évidemment une forme de lutte des classes avec le pourquoi ceux du haut ne laissent que de la merde (parfois littéralement) et des miettes à ceux d’en bas. La question des extrémités auxquelles une personne peut se sentir poussée lorsqu’elle est acculée.? Comment se sent-on pousser les héroïques ailes pour partir lutter contre l’injustice? Doit-on s’arroger le droit d’éduquer nos pairs, y compris en leur inculquant brutalement le respect des autres? Un film très dur aussi dans sa forme, avec une violence frontale jamais diminuée, voire même parfois accentuées. Une brutalité présente du début à la fin, qui démontre les extrêmes de l’Humanité.
Le héros est interprété par Ivan Massagué, qui réussit à très bien rendre ce personnage choqué par l’injustice, acceptant son sort avant de se révolter une fois qu’il a été confronté aux pires atrocités. Autour de lui, plusieurs personnages marquants interprétés par Zorion Eguileor, Antonia San Juan, Emilio Buale, ou encore Alexandra Masangkay, tous très investis dans des rôles parfois très durs.
La Plateforme n’est aps pour tout le monde. Un public adulte certes, mais aussi un public qui aime se poser des questions auxquelles le film ne répond pas, un public qui aime se voir bousculé et sorti de sa zone de confort, car oui ce film est dérangeant, déconcertant, en particulier sa fin. Mais très fort, prenant, tendu, et très bien interprété.