- Auteur : Keith Matejka
- Illustrateur : John Ariosa
- Édité par : Thunderworks Games et Intrafin
- Age conseillé : 10+
- Nbr de joueurs : 1 – 4
- Durée estimée : 60’
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L’avis de Jo
En préambule, je tiens à préciser que je suis un quadragénaire qui a baigné de tout temps dans l’Univers de Donjon & Dragons et pratique les jeux de rôle medfan depuis des lustres. Nul doute que cela influence ma perception et mon attrait pour un jeu comme Roll Player.
Février 2020 pre-COVID-19. Or donc, alors que je me balade dans les rayons et les stands du Festival International du Jeu de Cannes, je tombe sur un jeu dont le topo est en gros : « un dice game dans lequel le but est de créer un perso de jeu de rôles, point barre ». Cela se termine comme ça ? Yep, le jeu se termine avec la finalisation du perso. Dingue comme concept, allez on y va !
Bon je vous préviens, j’ai adoré.
Dans Roll Player, la joueuse ou le joueur est amené à créer un perso style Donjon & Dragons. Le but est d’engranger les points de victoire, en développant son perso. Pour commencer on tire au hasard une race parmi les classiques du genre (nain, elfe, mais aussi drakonian par exemple), puis on tire au hasard un dé dont la couleur détermine la classe du perso (clerc, guerrier, etc.). Pour finir, on tire un alignement (par ex. loyal bon, mais pas niais) et une carte histoire personnelle (par ex. ton perso est un aristocrate). Oui, il est donc possible de se retrouver à jouer un barde orque aristocrate loyal bon (mais pas niais). Mon humble avis à ce stade est qu’il est plus sympa de laisser les joueuses et joueurs choisir une race et une classe, puis choisir un alignement et une histoire personnelle parmi trois cartes tirées au hasard. Déjà qu’on doit développer un perso, autant le faire comme on l’entend, cela permet je trouve d’optimiser l’expérience de jeu en prenant une part plus active dans les aspects fondamentaux qui vont dicter le développement dudit perso. Petit détail sympa, chaque fiche de race est dotée d’une double face permettant de choisir entre un représentant féminin ou masculin de la race. Cela ne change rien ? Cela ne change rien !
Or donc, le but est de faire des points de victoire en créant son perso. Cela va se faire à travers une succession de tours dans lesquels les joueuses et joueurs seront amenés à tirer et choisir des dés (oui c’est un jeu de placement de dés) et s’approprier des cartes pour développer son perso. Concrètement cela se passe de la manière suivante. A chaque tour, la première joueuse ou le premier joueur pioche une série de dés au hasard et les lance (des D6 de différentes couleurs) puis les place sur des cartes qui détermineront l’initiative lors d’une phase ultérieure du tour de jeu (la phase dite de « marché »). Il faut ensuite choisir un dé, puis le placer sur sa fiche de personnage en marge d’une caractéristique (les six classiques d’AD&D : Force, Intelligence, Sagesse, Charisme, Constitution, Dextérité). Sur le plan du gameplay, c’est un aspect central. En effet, pour marquer des points de victoire, il faut atteindre avec la somme de 3D6 (encore à clin d’œil à AD&D) des totaux spécifiques en fonction de la classe du perso (genre le guerrier doit viser son 18 de FO pour marquer beaucoup de points). Au moment où on place son dé, on active également un pouvoir qui dépend de la caractéristique en question. Par exemple, si on place un dé sur la caractéristique de force, on peut inverser un dé déjà positionné sur le perso (un 1 devient donc un 6). La gestion et l’utilisation des pouvoirs de caractéristiques, qui pourront être utilisés un nombre de fois limité (vu que 3 dés maximum seront positionnés sur chaque caractéristique), est centrale pour optimiser le nombre de points de victoire obtenu. Pour compliquer le tout, notre histoire personnelle (rappelez-vous l’exemple de l’orque aristocrate) détermine un pattern dans lequel un dé de couleur spécifique doit être utilisé pour chaque caractéristique (par ex. le deuxième dé de la caractéristique « force » doit être un dé vert). Encore une manière d’optimiser les points de victoire obtenus, et de compliquer la création du perso. Chaque joueuse et joueur procède de la sorte avec son dé, puis on passe à la phase dite de « marché » ou on peut acheter des cartes en fonction de notre initiative (des traits, des compétences, des armes, des équipements). Ces cartes sont achetées avec des pièces d’or (qu’on gagne de différentes manières mais généralement en fonction de la couleur et du positionnement des dés sur la fiche de perso) et vont servir à développer le perso. Les traits permettront d’obtenir des points de victoire supplémentaires mais modifieront notre alignement (or chaque perso doit finir sur un alignement spécifique pour obtenir des points de victoire supplémentaires, par ex. loyal bon…). Les compétences influeront sur le jeu, mais chaque utilisation modifiera également l’alignement du personnage. Les armes auront différents effets (par ex. modification de certains dé ou bonus à certaines caractéristiques), et les pièces d’armures doivent être combinées pour optimiser les points de victoire engrangés. Pour terminer le tour, nous avons la classique phase d’entretien qu’il ne sert à rien de décrire ici.
Voilà grosso modo pour les règles. En concret, cela donne un jeu de compétition dans lequel les interactions entre joueuses et joueurs sont quand même assez limitées. Certes, on peut s’arranger pour chiper le dé de la couleur dont l’adversaire a besoin, ou faire de même avec une carte stratégique. Mais cela s’arrête à peu près là dans la possibilité d’interagir (ou plutôt de “nuire”) à sa prochaine ou à son prochain. Dans les faits, on est avant tout focalisé sur le développement de notre perso. Je mentionne ce point car je pense réellement qu’une belle partie de Roll Player, un peu comme une belle partie d’AD&D finalement, passe par l’intérêt que l’on porte aux actions des autres joueuses et joueurs. Jouer de manière autocentrée sans porter d’intérêt à la manière dont se développent les autres persos produira à mon sens une expérience de jeu bien moins intéressante. Personnellement, quand je joue à Roll Player, je joue plus pour l’immersion et le partage sur des références communes issues des JDRs et d’AD&D que pour la victoire stricto sensu. Je suis pourtant un grand fan des jeux de compétition et de baston où on se met sur la gueule.
En bref, si vous êtes un fana des JDR et des univers medfan AD&D, ce jeu est fait pour vous. Il y a plein de clins d’œil (références aux sorts, monstres, objets magiques, et classes d’AD&D). Attention – certains trouveront le gameplay un peu « prise de tête » ; car on est clairement dans un système mettant au premier plan la planification, la résolution de problème, et le calcul (il me faut encore ce dé, merde mon score de charisme est trop élevé, zut je devais mettre un dé rouge à cet endroit j’ai merdé, etc.).
Toute dernière chose, des extensions vont être disponibles, et ces dernières vont qualitativement transformer l’expérience de jeu. Par exemple la première (Monster & Minions) ajoute un monstre et ses sbires. Les personnages pourront donc combattre, gagner des XP et perdre des PDV. C’est cool ? Oui, c’est jouissif. Et à nouveau, nous avons les clins d’œil à dédé (genre l’ours-hiboux). Est-ce que je me réjouis de la suite ? A fond !!!
L’avis de Jonathan
Comme Joel je suis tombé sous le charme de ce jeu à Cannes. A la fois de par son thème et à la fois pour sa mécanique. C’est vrai que dans les jeux de rôles, l’un des moments les plus appréciables est la phase de création de personnage. Roll Player recrée cette expérience. Alors oui ici pas de background à créer ou d’histoire à imaginer. Le tout est prédéfini par le jeu. Mais l’atmosphère Donjons et Dragons est là. Du point de vue de la mécanique, le jeu est hyper intéressant et peut vite faire chauffer les neurones, même si le hasard garde une place importante. Lors des différentes parties que nous avons faites, les scores étaient très serrés. Le seul bémol selon moi est le faible niveau d’interactions entre les joueurs et le fait de ne pas pouvoir faire grand chose pour “arrêter” quelqu’un qui aura pris la tête. Il faudrait se concentrer sur les plateaux de jeux des adversaires pour savoir où ils en sont et quels dés ou cartes leur piquer pour leur mettre des bâtons dans les roues, mais c’est déjà assez compliqué de se concentrer sur son propre plateau.
Une première extension est déjà disponible en français et une deuxième ne devrait pas tarder à arriver. Et pour ceux qui en redemandent, une campagne Kickstarter vient d’avoir lieu pour “Rollplayer Adventure”, un standalone qui vous permettra d’envoyer les personnages que vous avez créés dans Roll Player vivre des aventures palpitantes.
En résumé: Amateurs de Donjon et Dragons : foncez! Amateurs de jolis dés de couleur : foncez! Amateurs de jeux un brin prise de tête dans lequel chacun se fait sa partie dans son coin : foncez! Amateurs de chocolat aux noisettes : pas grand chose à voir mais foncez quand même!
L’avis d’Oliver
Selon l’avis de Jo, qui résume pleinement le jeu dans ses aspects règles, techniques, et décorum. En résumé un jeu d’optimisation de placement de dés à améliorer ou modifier selon différentes combos, le tout dans le but d’obtenir les meilleures lignes ou colonnes pour marquer le plus de points de victoires, aidé par quelques options annexes du jeu.
Pas comme Jo, ni comme Jon, je ne suis pas tombé sous le charme complet du jeu. Le côté Donjon et Dragon est bien là, le décorum est très bien exécuté. Les règles, la mise en place, le jeu et la rejouabilité sont bien définies et simple. Je ne le dénigre pas du tout, trouvant la partie création de personnage jdr ludique et le faire en jeu est pas mal et bien amené. Cependant le jeu en lui-même reste un jeu de placement de dés avec des question d’achats, de modifications d’objets ; le tout pour améliorer son personnage et régi par le hasard des dés. Tout en essayant de ne pas laisser l’adversaire avoir les bons dés. Un peu d’interaction et voilà. Le but étant de faire de son personnage le meilleur personnage possible et dès lors, comme le dit très bien Jon, ceux qui aiment ce genre de jeu, foncez ! Il est bien fait, équilibré, joli et ludique pour différents âges. La façon de gérer les placements de dés me semble bien réfléchi. Pour ceux qui préfèrent un jeu à plus grande interaction / stratégique / placement / de combottage / de coups foireux ou d’optimisation autre que simplement modifier des dés selon le tirage, passez votre chemin ou à moitié votre chemin (ceux qui aiment se prendre un peu la tête avec des dés six). Le problème récurrent avec ce type de mécanique vient du hasard des dés. Trop de hasard à tendance à me rebuter dans le plaisir du jeu. Je ne dirai pas non à une autre partie mais clairement je préfère des jeux ou la cogitation est plus pointue. Jeu à sortir en ‘’pourquoi pas si on n’a pas envie de trop réfléchir ou de ne pas trop jouer avec les autres’’ et si l’on aime créer des personnages à foisons (ce qui est une bonne méthode assez ludique !)