Berlin, 1964. L’Allemagne s’apprête à célébrer l’anniversaire du Führer, 20 ans après avoir remporté la guerre. Un émissaire américain est attendu pour mettre un terme à la Guerre Froide. Les tentatives de rebellion contre le pouvoir fort et liberticide sont matées agressivement. La pensée unique guide la vie de tous les citoyens. C’est dans ce contexte qu’un inspecteur de la brigade criminelle un peu trop curieux va devoir enquêter sur la mort mystérieuse d’un ancien haut cadre du parti.
L’uchronie proposée ici par Harris est vraiment bien pensée. Les événements historiques ont été modifiés à partir de 1942 pour amener à la situation de 1964 telle que présentée. Le résultat est assez saisissant et donne froid dans le dos, laissant à imaginer ce que serait une société fasciste. Bien évidemment, le roman n’est pas à prendre comme une défense de ce mode de pensée ou du nazisme, Bien au contraire, le héros se pose des questions dès le début de l’ouvrage et son point de vue est donc important. De plus, l’importance des Juifs et de ce qui leur est arrivé montre bien que l’auteur attaque frontalement le régime nazi ; heureusement. On a donc un contexte très bien pensé, solide, avec de nombreuses références historiques, et même quelques personnages réels qui interviennent. Le tout fournit une ambiance qui nous fait plonger dans ce monde et dans l’intrigue.
L’intrigue, justement, nous entraîne dans un gros complot aux plus hauts niveaux de l’Etat évidemment, avec machination sordide, hauts dirigeants corrompus, assassinats subtils et ordres donnés depuis l’ombre. Le tout comprend des personnages marquants, bien pensés. Avec son rythme soutenu et ses révélations, le roman se révèle vraiment bon et ça a été une très bonne lecture.
Un excellent roman dystopique. A noter que le bouquin porte un autre titre dans certaines éditions « Le Sous-marin noir ». Et qu’un téléfilm est sorti en 1994, adapté du roman, avec Rutger Hauer dans le rôle de l’inspecteur : « Le Crépuscule des aigles ».