Voilà, c’est fait, le retournement de majorité s’est confirmé. Il y a 3 mois, lors de l’élection complémentaire au gouvernement vaudois suite au décès de M. Jean-Claude Mermoud, la réussite de la Verte Béatrice Métraux avait fait passer la majorité à gauche pour au moins les 6 mois restants jusqu’à la fin de la législature. Ce week-end avait lieu le second tour permettant de déterminer les élus pour la nouvelle législature débutant en juillet. Après une campagne très dure et bercée d’arguments de mauvaise foi, les résultats sont tombés, confirmant le gouvernement actuellement en place, remplaçant le sortant Vert François Marthaler par la PS Nuria Gorrite. Double basculement donc en ce dimanche historique : à gauche oui, mais aussi avec une majorité de femmes. Vous l’aurez compris, je me réjouis énormément de ce résultat, même si cela signifie un chemin quelque peu tortueux pour l’avenir. En effet, le parlement cantonal reste, lui, à droite (64 sièges pour PS, verts et La Gauche, et 85 pour le PLR, l’UDC et la prétendue alliance du centre qui penche très nettement à droite, plus un petit siège pour Vaud Libre). Il s’agira dès lors pour les élus du gouvernement de naviguer avec beaucoup de précision et de pragmatisme afin d’obtenir des majorités.
Cette journée marque encore une fois les problèmes internes de l’UDC. Tout en se réclamant fort d’un quart des voies exprimées en suffrage à la proportionnelle, ce parti fait toujours son calimero en se plaignant de ne pas faire élire de candidats au système majoritaire. La preuve que, si l’on reconnaît leur force en matière de débat et d’ouvrir sa gueule, l’UDC a de la peine à présenter des candidats crédibles et fiables pour un collège gouvernemental. Si on va un peu plus loin dans les résultats de dimanche, l’alliance contre-nature PLR-UDC semble avoir fonctionné à moitié seulement. Elle a fonctionné dans le sens que la proportion de bulletins modifiés à droite reste faible, et donc que ceux qui ont voté l’ont fait sans rajouter d’autres candidats (mais il y en a quand même eu). Par contre, il y a eu plutôt peu de bulletins PLR, et donc la mobilisation dans la droite traditionnelle a été relativement faible. La preuve encore une fois qu’une bonne part de la base et de l’électorat PLR ne se reconnaît pas dans ce parti UDC qui s’éloigne de plus en plus des valeurs helvétiques et démocratiques et dont les positions sont de plus en plus indéfendables pour les autres partis. On n’a pas fini d’avoir de nombreux débats là autour. La question restant de savoir si la droite va continuer à se tirer ainsi des balles dans le pied en continuant avec une alliance n’ayant pas lieu d’être ou si les dirigeants PLR vont se rendre compte qu’ils devraient plutôt traiter avec leurs alliés naturels, genre PBD, vert’Libéraux, ou PDC par exemple.
la gauche a montré ce week-end que l’union fait la force. Une union solide derrière trois candidates crédibles ayant déjà eu l’occasion de montrer leurs compétences à des postes dans des exécutifs. La grande gagnante du jour est la nouvelle arrivante Nuria Gorrite, syndique de Morges, la plus charismatique et celle avec la meilleure image des trois candidates. Suite à diverses discussions que j’ai eues, je sais qu’elle a même su séduire des gens de droite de par son pragmatisme, sa capacité de travail et ses compétences. Une grande réussite qui prouve la qualité de cette candidature. Béatrice Métraux, en place au gouvernement depuis trois mois seulement, est arrivée deuxième ; elle est la preuve que les Verts constituent une force importante avec laquelle il faut compter (malgré le recul au parlement) et dont les propositions et la vision à long terme doivent être intégrés aux décisions. Malgré son élection, la troisième place de la PS Anne-Catherine Lyon constitue quand même un camouflet pour celle qui a travaillé dur dans un dicastère pas facile ; message d’avertissement pour une politique qu’elle n’a pas toujours tenté de garder à gauche (je pense en particulier à tous les employés de son dicastère dont le salaire a été sacrifié pour la nouvelle grille salariale et qu’elle n’a pas donné l’air de vouloir défendre), et probablement une indication que son sens de la communication devrait s’étoffer un peu.
Citons le score non négligeable d’Emmanuel Gétaz qui, bien que dernier, tutoie les 9%. Pour le jeune parti Vaud Libre se voulant du centre, ce score permet de rappeler l’existence de forces en dehors des deux principaux blocs de l’hémicycle (même s’il ne s’agit que d’un député, ces 9% de voies ne doivent pas être oubliées).
La participation maintenant… 35%. Bien évidemment c’est peu, très peu. Trop peu? Pour un second tour, qui plus est arrivant au terme d’une année extrêmement chargée en votations/élections, ce n’est finalement pas si mal. On aurait comme toujours aimé avoir plus, bien entendu, permettant ainsi de légitimer davantage la position des élues. Problème récurrent de nos élections-votations. Fatigue-t-on la population à trop souvent l’appeler aux urnes? Ceci est un autre problème.
Pour le moment, l’heure est à la fête suite à cette victoire. Puis viendra l’heure de se mettre au travail pour une majorité gouvernementale de gauche qui devra composer avec un parlement majoritairement à droite. Blocages et obstructions en vue? Les débats risquent d’être nourris. Mais nous aurons au moins davantage de propositions allant dans le sens de l’Humain et du bien commun, de la durabilité, et des investissements pour la population.