Voilà, ça faisait longtemps qu’il traînait dans un coin sans que je prenne le temps de le regarder. Erreur réparée. Hobo with a Shotgun est un bon gros pétage de plomb cinématographique qui fait du bien par où ça passe. Une série B voulue et assumée complètement hallucinée et hallucinante faite de violence et de délires visuels aussi bien que scénaristiques. On regarde ce film comme on regarde un Bubba Ho-Tep ou un Six String Samurai : sans chercher la cohérence mais pour se laisser aller dans un délire. Long-métrage tiré d’une fausse bande-annonce promue par Tarantino et Rodriguez, il se place aussi assez bien du côté de Machete du coup.
Comme le titre l’indique, le film tourne autour d’un hobo, un de ces SDF américains allant de ville en ville en squattant les trains de marchandises. Il débarque à Hopetown, ville sous la coupe du criminel Drake et de ses deux fils, une bande d’assoiffés de sang sadiques et cruels. Leur principal jeu est de torturer et massacrer les pauvres et les SDF justement. Notre hobo passe par la case torture avant de se rebeller ; il va donc prendre le premier gun venu (le fusil à pompe du titre) pour nettoyer la ville et massacrer du criminel dans un bain de sang incroyable, pour les beaux yeux d’une prostituée.
Hobo with a shotgun, c’est un hommage. Oui. Un hommage aux films d’exploitation sanglants et crus. Aux films à petit budget. Jusqu’à l’affiche qui rentre aussi complètement dans le ton. Le réalisateur n’y va pas par quatre chemins et ne s’embarrasse pas de pudeur lorsqu’il filme les massacres. Le sang gicle, membres et têtes explosent, ça saigne, ça crie et ça hurle. Une violence permanente. La violence pour répondre à la violence dans une escalade sanglante qui ne peut que mal finir. Le tout filmé de manière très directe et crue, avec des couleurs saturées. Quand on rajoute les vraies sales gueules de service et les tenues improbables (en particulier le duo The Plague), on obtient un résultat qui claque. Bien sûr, comme beaucoup de films de ce genre, il va déclencher des réactions très contrastées, et pas mal de monde ne va pas apprécier, tout simplement.
Le film est porté par ses acteurs, et en particulier un Rutger Hauer parfait. Sa gueule fait le personnage. Sale, mal rasé, bourru, les traits marqués, il campe notre hobo sans nom avec son air patibulaire. Les autres acteurs sont nettement moins connus, mais la famille criminelle vaut le détour, que ce soit Drake ou ses deux fils, des personnages rendus parfaitement détestables et monstrueux. Drake en nouveau monsieur loyal de jeux du cirque modernes et sanglants fait un méchant de grande classe, d’une cruauté grandiose.
Un délire, un bon gros trip violent et cynique, voilà ce qu’est Hobo with a Shotgun. On peut lui trouver un fond de réflexion sociale, avec cette tirade de la prostituée qui défend les SDF, mais là n’est pas le but premier. C’est avant tout un bon gros défouloir et un exercice de style. Dans son genre, c’est une réussite.