Après quelques jours, je me permets de faire un petit retour sur les votations du 18 mai et les divers sujets passés par les urnes. Si vous me suivez plus ou moins régulièrement, vous savez déjà ce que j’ai voté. Que ressort-il donc de cette journée? Et bien tout d’abord un joli taux de participation à 56%, parmi les plus hauts depuis bien longtemps. Et ça fait plaisir de voir que les citoyennes et citoyens savent se mobiliser. ceci étant dit, passons maintenant aux résultats…
Pas de Gripen
Eh oui, tout va bien et Ueli n’aura pas ses nouveaux joujoux. Cette dépense inutile, largement excessive et complètement inadaptée a été refusée par le peuple. Qu’est-ce que je suis content. 53,8% des votants se sont exprimés contre cet achat et j’espère que le message sera clair. Le peuple s’est plusieurs fois exprimé pour un maintien de l’armée dans les dernières années mais il montre ici sa volonté de disposer d’une armée crédible face aux réelles menaces actuelles. Un très bon résultat, sans doute en partie dû aux bourdes à répétition du ministre de l’armée et aux relations Suisse-Suède dans l’affaire. Tant mieux.
Plébiscite pour les soins médicaux de base
88% des votants ont soutenu l’article constitutionnel sur les médecins généralistes. Reste à voir ensuite la traduction de cet article en loi et en financement, mais au moins là la volonté est maintenant solidement assise de ne pas laisser aller les déserts médicaux et de soutenir les soins de base. Une bonne chose à mon avis.
Très fort soutien à l’initiative de la Marche Blanche
En jouant encore une fois sur la corde particulièrement sensible de la pédophilie et de la défense des enfants, la Marche Blanche a fait passer son initiative facilement. 63,5% des votants ont accepté le texte interdisant à vie à toute personne avec un passé judiciaire vaguement pédophile de travailler avec des enfants. Bien entendu je peux entendre l’émotion derrière ce texte, mais en même temps il s’oppose aux bases de l’État de droit et en particulier au principe de proportionnalité. Tout cas doit être traité indépendamment et il faut refuser de tels automatismes ; c’était l’un des arguments qui me faisaient refuser l’initiative pour le renvoi des criminels étrangers et je le maintiens dans ce contexte. Mais voilà, l’émotion a pris le pas sur la raison, et il va falloir faire avec ; je plains les juristes qui vont devoir rédiger les textes découlant de cette initiative.
Toujours pas de salaire minimum en vue
Donc l’État va devoir continuer à subventionner le monde économique ; un monde économique qui, rappelons-le, se plaint souvent des interventions étatiques. Mais quand ça les arrange, par exemple pour combler des salaires ne permettant pas de vivre dignement, alors ils sont bien heureux d’avoir l’État derrière.
Pendant toute la campagne, on nous a bassiné avec le partenariat social, les CCT, les salaires à adapter suivant les branches et les régions ; et maintenant que la votation est passée, vont-ils vraiment tenter d’arranger les choses? J’ai de la peine à y croire et j’imagine que l’on va continuer à voir des working poor, à rencontrer des gens ne pouvant pas boucler leurs fins de mois, etc. Dommage que l’on manque ainsi de respect et d’humanité… Trois quart des votants ont refusé ce salaire minimum et, comme souvent, j’attends donc les opposants au contour, voir s’ils assument leurs paroles de campagne ou pas.
Ils n’assumeront pas.