Dimanche, alors que je faisais le kéké à Cannes au milieu de plein de zouaves ludiques, c’était jour de votation en Suisse (rassurez-vous, j’avais voté bien avant de partir). Pour les enjeux et mes positions, je vous renvoie à ce billet. Je suis donc à moitié content des résultats. Le gros succès de la journée a été la participation, se montant à plus de 60% (24 ans qu’on n’avait pas vu ça, et encore à l’époque près des 80% des citoyens s’étaient prononcés). Pour une fois, on a l’impression que les résultats exprimés reflètent réellement l’avis d’une proportion plutôt représentative des citoyens (je ne parle pas de la population puisqu’une bonne part de celle-ci est encore et toujours exclue des décisions politiques fédérales, quel que soit son degré d’implication et d’intégration dans la société). Le même jour se tenaient une tripotée de sujets cantonaux aussi, ainsi que les élections communales sur Vaud, ce qui fait que la journée a été bien suivie par le peuple. Et c’est tant mieux.
Je suis très heureux du score sans appel contre l’initiative de l’UDC dite « de mise en œuvre ». 58,9% des votants se sont positionnés contre ce texte indigne, injuste, amoral et scandaleux (avec 63,1% de participation sur cet objet). Alors certes il y avait une mobilisation comme on n’a jamais connu contre cette initiative, et le sens de la mesure semble avoir pris le pas sur un argumentaire bas du front. Je suis donc très soulagé de voir ce score. On a un effet de « too much ». L’UDC frappe trop fort, trop vite, trop souvent, trop loin. On voit bien que le peuple ne peut pas tout accepter sous n’importe quel prétexte. Il ne faut pas pousser mémé dans les orties, surtout quand elle est en shorts. Bien que restant le premier parti de Suisse, l’UDC doit voir ses limites et arrêter de se croire tout permis. J’espère que le message est passé et que l’on reviendra un jour à un vrai débat politique avec des éléments crédibles et applicables (leur prochaine initiative sur le droit international ne va cependant pas dans la bonne direction).
Rejeté de justesse lui, avec 50,8% des voix, le texte du PDC mérite aussi de passer à la trappe. Mais il ne faut pas oublier le fond et le débat qu’il a suscité. Il est dorénavant urgent que nos politiciens prennent en main les deux problèmes évoqués par cette initiative. D’une part par un lissage, une mise sur un pied d’égalité, de la question fiscale entre époux et non-époux ; je ne suis pas un spécialiste de la fiscalité, mais une imposition individuelle me semble le meilleur moyen, permettant aussi ainsi non seulement d’aplanir la différence entre couples mariés et concubins, mais aussi de simplifier les choses en cas de séparation/divorce. D’autre part il s’agit d’urgemment attaquer le débat sur le mariage pour toutes et tous ,car ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas la même orientation sexuelle que les autres qu’elle doit être discriminée ; on ne doit avoir aucune discrimination sur cette base, point.
Le peuple a par contre accepté le percement du 2ème tube au Gothard (57% quand même). Gaspillage d’argent, impact écologique (avec la construction, mais aussi avec l’augmentation du trafic), cadeau au lobby de la construction, soutien évident au transport par la route au lieu du rail, la position du pays me semble réellement dommage. Il va falloir cependant être aux aguets et s’assurer que les promesses du Conseil Fédéral sur l’ouverture des deux voies de chaque tube seront tenues afin de limiter l’appel d’air des camions déjà trop nombreux.
C’est sans grande surprise que l’initiative contre la spéculation sur les denrées alimentaires a été refusée (avec le score impressionnant de 60% de non). Sujet plus complexe sans doute, aux implications moins claires et moins concrètes. Sujet aussi moins médiatisé au milieu des débats ayant agité les esprits sur les autres objets. Noyé dans la masse, pas facile d’accès, ce sujet avait malheureusement tout pour échouer. Et pourtant j’aurais apprécié que l’on porte un signal fort aux financiers que leurs petits jeux ne devraient pas toucher aux besoins de base.
Je reviendrai sur les sélections communales (et plus particulièrement ma commune d’Ecublens) après le second tour qui va déterminer la Municipalité. Mais je voulais juste quand même glisser un petit sourire de contentement. Au Conseil communal, le groupe PS et Indépendants de Gauche a pris un sacré galon pour devenir la première formation politique de la commune. Si l’on ajoute les 2 sièges gagnés par les Verts (certes compensés par les 2 sièges gagnés à l’autre bout par l’UDC), cela démontre que la population n’est pas heureuse de la politique menée par la majorité de droite au cours de la dernière législature (le PLR ayant prix une sacrée veste hier). La réaction loufoque et décalée de Mehdi Lagger, vice-président du groupe PLR et indépendants de droite, m’a bien fait rire : « Pour la Municipalité, les choses peuvent encore changer au deuxième tour. Si ça n’est pas le cas, on va sûrement leur laisser la syndicature. On prendra douze points d’impôt et les gens réfléchiront à deux fois à la prochaine élection. » Je lui reconnais un joli sens de l’exagération.