Ce dimanche 27 novembre 2016, les citoyens suisses avaient la possibilité de s’exprimer sur l’initiative des Verts pour une sortie assez rapide du nucléaire. Ce sont environ 45% des citoyens qui se sont sentis concernés et qui ont glissé un bulletin de vote dans l’urne (ou dans l’enveloppe du vote par correspondance), pour un résultat négatif : 54% de non. Mouais. Franchement, bien que peu surpris, je reste quand même déçu. On avait là une belle possibilité d’inscrire réellement dans nos textes une sortie du nucléaire, un écartement de cette énergie si dangereuse et si nuisible. Mais non, rien à faire, la campagne des adversaires jouant sur la peur des pannes de courant a fait son boulot et a permis de l’emporter.
Reprenons… Le Conseil Fédéral propose une stratégie énergétique 2050 qui a été approuvée par le Parlement, bien que rabotée. Elle prévoit une sortie du nucléaire un jour, pour dans longtemps. Elle est une réponse à cette initiative des Verts voulant une sortie prochaine et claire du nucléaire. La stratégie 2050 est attaquée par l’UDC dont on connaît la force de frappe en votation, et ce n’est donc pas certain qu’elle l’emporte. L’initiative des Verts était au moins un signal clair… Avec un parc nucléaire parmi les plus anciens, des centrales déjà fermées parce que pleines de trous et de fissures, dans un pays où la principale ressource est la matière grise (bonne pour réfléchir et travailler à fond sur la transition énergétique), il y avait de quoi être en bonne place pour montrer la voie. Non le nucléaire n’est pas sûr ; les nombreux accidents plus ou moins graves de ces dernières décennies l’ont montré. Non le nucléaire n’est pas propre ; les déchets radioactifs produits vont empoisonner la vie de nombreuses générations futures, à commencer par nos enfants. Non le nucléaire n’est pas bon marché ; les coûts de traitement des déchets mais aussi de fermeture des centrales sont encore loin d’être réellement connus et seront à la charge du contribuable au final. On nous a mentis (consciemment ou non) pendant des décennies, et maintenant il est plus que temps de prendre un autre virage. Et non le recours au charbon ou au gaz de schiste n’est pas la seule solution. Investir dans la recherche et le développement, dans l’innovation, ce sont des trucs que l’on devrait savoir faire en Suisse (rien que la fameuse cellule de Grätzel en est un bon exemple).
Mais non, on préfère se réfugier derrière une peur injustifiée de restrictions, de douches à l’eau froide ou de coupure de la télévision, plutôt que de faire face au problème. Une peur d’affronter ses démons. Et on préfère foncer tête la première dans le mur. Et quand on nous dit que le peuple a voté « contre le nucléaire mais pour une sortie plus tard », ce n’est qu’une interprétation ; d’autres, comme l’UDC ont pris le message pro-nucléaire et redoublent d’énergie dans la récolte de signatures contre la stratégie 2050. On ne peut pas juste prendre le risque de vivre assis sur des bombes à retardement comme nos centrales nucléaires. Elles ont assez vécu. Que les sommes des lobbies du nucléaire se mettent plutôt à disposition des rénovations d’immeubles pour économiser de l’énergie ou dans la recherche pour travailler sur le rendement des énergies renouvelables ainsi que leur stockage. On a là encore une énorme marge de manœuvre sur laquelle travailler plutôt que de s’enfoncer la tête dans le sable et ne pas voir le désastre vers lequel on court.
Dommage donc, une bonne occasion de ratée en ce 27 novembre 2016…