C’est au-travers de la bande-annonce assez sympathique du film éponyme que j’ai découvert ce roman. Je me suis donc lancé dans la lecture, mais sans avoir vu le film. Et franchement c’est un polar très sympathique.
Rachel est pendulaire. Elle passe matin et soir en train dans une banlieue de Londres, lui permettant de voir ce couple dans et devant leur maison. Elle leur donne des noms, imagine leur vie, les idéalise. Elle leur fait vivre son rêve alors que pour elle la vie n’est pas fondamentalement au mieux avec alcoolisme, chômage, divorce, etc. Son ex-mari ne vit d’ailleurs pas loin de ce couple, avec sa nouvelle femme et leur bébé. Jusqu’au jour où la femme du couple idéalisé par Rachel disparaît brutalement. Persuadée de détenir des éléments de l’enquête, elle va décider de quitter son rôle de spectatrice et d’agir, tentant ainsi de reprendre sa vie en main, d’en faire quelque chose ; et découvrant que derrière la perfection fantasmée se cache une vie pas si belle que ça. Elle va se retrouver mêlée à une terrible affaire, du genre sordide, qui n’est pas sans lien avec son histoire à elle.
Le livre est raconté à la première personne, en alternant les points de vue de trois femmes, sous une forme de journal, les chapitres étant coupés par les dates (regardez d’ailleurs bien l’année en changeant de personnage) et les indications sur le moment de la journée ; le tout mis en place dès le début car suivant les allers-retours quotidiens de Rachel en train. Ces points de vue forcément subjectifs nous orientent dans notre lecture et notre perception des événements. Le lecteur est dépendant de la manière dont les protagonistes ont vécu les choses. De ce qu’elles ont vu et surtout perçu, avec toujours l’idée qu’un témoin oculaire n’est jamais réellement objectif. Du coup, les fausses pistes s’enchaînent, et l’auteure prend un malin plaisir à nous entraîner dans cette toile de relations pas toujours roses. Du coup c’est très bien mené car on a plusieurs suspects crédibles, et l’agencement des événements nous fait douter. Avant d’obtenir les révélations d’un chapitre final au climax solide.
J’ai trouvé très intéressant d’avoir une auteur qui relate son intrigue par le prisme de trois personnages féminins. On sent une certaine honnêteté, un certain réalisme dans les personnages. Il y a de la crédibilité. Et sous une couche de vernis se trouvent toujours des failles, des aspects sales de la vie. Chacune ayant ses cadavres dans son placard. Même le personnage principal, Rachel, n’a rien de l’héroïne typique et se révèle quelqu’un d’ordinaire à qui ont peut facilement s’identifier. En fait on rentre bien dans l’histoire car les personnages sont justement terriblement humains et avec des défauts qui les rendent proches de nous.
Un roman prenant, où on a vraiment envie d’aller de l’avant pour savoir qui quand quoi comment. Pour démêler ces différentes fausses pistes, pour saisir le fond du truc. Un polar bien écrit et qui se lit facilement, qui nous absorbe bien. J’ai bien aimé.