Midnight Mass

On suit ici les pas d’un homme sortant de prison après une peine pour un accident de la route ayant causé la mort d’une jeune femme. Il retourne sur l’île où il a grandi, un coin perdu avec quelques dizaines d’habitants vivotant de la pêche et très attachés pour la plupart à leur communauté chrétienne. Notre héros y retrouve sa famille, qui l’accueille malgré le fait qu’il a perdu la foi, ainsi que son amour d’enfance. Et puis il y a aussi une grenouille de bénitier, un shériff musulman, une médecin aux idées modernes, entre autres personnalités de l’île. Tout ce petit monde attendant l’arrivée du nouveau prêtre remplaçant leur curé habituel retenu par la maladie sur le continent. Lorsque des ombres étranges apparaissent la nuit, que la tempête a un effet surprenant sur les oiseaux, et que les gens commencent à se comporter bizarrement, notre héros se retrouve pris dans une intrigue à l’ambiance malsaine et sordide.

Bien qu’ayant ses quelques scènes bien trash voire une ou deux versant dans le gore, Midnight Mass est davantage une série tendue et de suspens que d’horreur. Elle s’adresse cependant à un public averti car il y a des moments biens durs. Mais tout comme les autres créations de Mike Flanagan (Oculus, The Haunting of Hill House et Bly Manor), on est sur une ambiance très bien posée. Ici tout est très vite bien mis en place. L’île loin de tout et coupée du monde, la communauté ultra-croyante, les quelques personnalités hors de la communauté, des événements inexplicables, une tension permanente, tout y est pour bâtir un contexte prenant dans lequel on plonge facilement. Par la suite, le développement du scénario nous amènera des surprises, de l’action, pas mal de suspense et de tension, de la violence, et des révélations. La vie sur la petite île ne va pas être de tout repos. Surtout que chacun est persuadé d’agir juste et de bien faire, la plupart des personnages ayant leurs motivations.

Et puis al série aborde pas mal de problématiques assez intéressantes. Bien sûr il y a au premier plan la foi, en particulier ses extrémités irréfléchies et le fanatisme, avec toutes les exactions possibles en son nom lorsque la foi est mal utilisée. C’est très intéressant à suivre, en particulier dans notre société pleine d’excès. Mais on a d’autres éléments bien traités, comme la culpabilité (le héros débute la série en tuant quelqu’un, et se posera la question de sa responsabilité puisqu’il n’était pas sobre au volant), l’amour (une belle histoire), l’acceptation des différences (la médecin, le shérif, l’alcoolo marginal,…), ou encore la question de si la fin justifie les moyens. Une série assez profonde donc, et plutôt bien pensée. Elle a certes ses raccourcis et ses faiblesses scénaristiques, mais elle reste très bien conçue.

La réalisation est très réussie et permet de rendre l’ambiance oppressante et de plus en plus glauque sur l’île. La musique colle très bien au tout, et les plans magnifiques rendent très bien compte des paysages et des intérieurs. Il y a vraiment de très belles images dans cette série très travaillée, très graphique. Devant la caméra, les acteurs (dont pas mal d’habitués de Flanagan) se donnent pour de belles prestations qui rendent hommage et aident à l’ambiance générale très réussie. Citons les prestations de Zach Gilford (The Purge : Anarchy,…), Kate Siegel (Oculus, Hill House, Bly Manor,…) , Hamish Linklater (Battleship,…), Annabeth Gish (X Files, Flashforward, Hill House,…), Samantha Sloyan(Hill House,…) , Rahul Kohli (Bly Manor,…), ou encore Matt Biedel (Altered Carbon,…).

Une bien belle réussite que cette série. Certes elle prend son temps (pas mal de dialogues, de longs plans tranquilles), mais elle nous pose une très bonne ambiance pour une intrigue tendue qui va rusher dans sa dernière partie. Ça en vaut la peine.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.