La réalisation de films d’action et de guerre, c’est globalement un monde de mecs, des durs, des vrais. Sauf exception. Et parmi ces exceptions, il y en a une particulièrement notable, j’ai nommé Kathryn Bigelow (aux manettes entre autres de Point Break et Strange Days, rien de moins que deux références dans leurs genres respectifs). En 2009, elle nous a sorti Démineurs (The Hurt Locker en VO), oui le film qui a raflé la mise au célébrissime Avatar de son ex-mari James Cameron (le monde est petit) lors des Oscars 2010 avec entre autres celui du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur réalisateur (première femme a remporter ce trophée). Bref, une vague énorme et mondiale qui emporte Démineurs vers les sommets, et j’ai enfin pu trouver le temps de le voir…
Démineurs nous raconte les péripéties d’une troupe de démineurs (étonnant, non?) américains en Irak pendant la guerre ; leur responsable disparaît et un nouveau venu se greffe sur le groupe. Là où les hommes sont super carrés, précis, clairs, ce nouveau s’avère un fou furieux trompe-la-mort tendance limite suicidaire, ne s’encombrant guère du protocole et des règles.
Dit comme ça, on pourrait croire à un banal film de guerre à deux balles sans grande envergure. Mais dès la scène d’introduction, on s’aperçoit que l’on ne court pas dans la même catégorie que les autres. Une maîtrise de la tension, des plans, des couleurs, des images, du son, tous les éléments sont parfaitement utilisés dans une recette millimétrée pour nous en mettre plein les yeux et les oreilles afin de déborder avec pas mal d’émotion. Le talent de Bigelow ne fait aucun doute. Jamais je n’ai vu de scènes de désamorçage aussi bien rendues, prenantes malgré le peu d’action que cela suggère. Comme je le dis au-dessus, c’est le rendu de la tension qui est au premier rang. Le film réussit à nous faire serrer les dents en attendant de voir la suite des événements. Et ce tout au long du film. Les plans sont extrêmement bien choisis. Et l’utilisation parfaite des enchaînements entre musique et surtout les silences ajoute une bonne dose à ce cocktail réussi.
Le film est servi par des images superbes, des couleurs agréables, des teintes et des lumières parfaites qui illustrent toujours le propos. La réalisation est maîtrisée d’un bout à l’autre et le spectateur embarque avec ces soldats dans une situation très difficile. L’émotion surgit. Pas de manichéisme ici, les Irakiens et les Américains ont leurs salauds et leurs gentils. Ce n’est pas un camp contre l’autre clairement établis. On est dans le flou propre à cette guerre sale, faite de sales coups et de trucs vicieux. Au contact des soldats sur le terrain, confrontés à des situations dures et cruelles, on ne peut que constater l’horreur de la guerre. Et son poids sur les populations civiles en particulier. Un film aussi sur l’amitié, la confiance, les liens humains, avec ces hommes réunis dans une folie qu’ils ne contrôlent pas…
Démineurs est servi par une brochette d’acteurs impeccables, au taquet, parfaitement dans leurs rôles et qui rendent le tout vraiment prenant, en particulier un Jeremy Renner vraiment parfait.
Une dernière note pour dire que j’ai pu en profiter avec ma nouvelle installation en 5.1 et que ça déchire grave. Le son prend vraiment une importance énorme. Les explosions, détonations, alternant avec un silence rendu d’autant plus pesant que le vrombissement des graves vous vrille les oreilles.
Bref, au final, ce film est vraiment une très grande réussite, un grand moment, prenant et poignant, superbement réalisé. Un grand bravo à Mme Bigelow pour cette nouvelle réussite…
Une réflexion sur « Démineurs »