De temps en temps, comme ça, on tente une expérience incroyable du genre « regarder un film de genre français ». Et je dois avouer que c’est souvent assez surprenant. Définitivement il y a un truc particulier qui met les français à part. Y compris quand ils cherchent à faire dans le méchant, le violent. Ma dernière expérience avec Frontière(s) n’avait pas été complètement convaincante. A l’intérieur avait fait parler de lui, j’en ai lu des critiques joliment positives (en particulier suite à la sortie du Livide des deux mêmes réalisateurs), alors j’ai tenté le coup. C’est un film basé sur les standards du home invasion, avec une femme seule chez elle et terrorisée par une personne qui l’y prend en otage, avec violence et sang à la clé. Rien de très transcendant jusque là. Mais nos réalisateurs y ont mis leur grain de sel pour nous apporter des éléments propres. Déjà pour commencer, l’héroïne n’est pas juste une ado bimbo écervelée à gros boobs comme c’est trop souvent le cas. On a ici une trentenaire bien enceinte ; en fait tellement enceinte qu’elle doit aller à la maternité le lendemain de cette terrible nuit. Et puis elle est blessée au visage, avec cicatrice à la clé, suite à un accident de voiture dans lequel elle a perdu son mari (ça c’est le tout début du film) ; même qu’elle ne passe pas son temps en décolleté ou sous-vêtements. Ensuite la maison qui s’avère plus normale, plus raisonnable, plus standard et classique, bref plus de chez nous que les immenses trucs à l’américaine. Et puis c’est pas un gros méchant pervers et sadique, mais ici l’adversaire est une femme, extrêmement menaçante et tout aussi perverse et sadique que les bourrins habituels.
Bon, faut pas se voiler la face, mais on a quand même quelques trucs habituels de ce genre de film. En particulier certaines réactions un peu incompréhensibles des personnages ou certains moments vraiment too much, carrément trop improbables. Mais l’ensemble du film reste crédible, solide. Et même si on passe l’essentiel à se dire que c’est quand même n’importe quoi et que la méchante agit sans raison, et bien la révélation de son identité et de ses buts est assez bien foutue. Franchement je l’avais pas vu venir comme ça. Et puis l’ambiance est vraiment bien posée. On a une gradation de cette situation oppressante, du suspens, de la tension ; on sent bien monter la sauce. Certes il y a quelques moments comme dits ci-dessous qui sont un peu too much et cassent le truc ( attention spoilers : la mère, le flic qui se relève), mais globalement le film est réussi. Et la violence qui suit cette gradation pour arriver à un truc bien gore.Et puis il y a ce jeu avec le boulot de l’héroïne : photographe ; ce n’est pas là que pour faire joli, mais c’est réellement utilisé à certains moments.
On notera encore le look sympa en dark-gothique de la tête d’affiche Béatrice Dalle ; elle s’en sort très bien en méchante diabolique et complètement cinglée. L’héroïne campée par Alysson Paradis (oui, la sœur de…) est aussi un très bon personnage ; épatante. Le reste est composé de seconds rôles qui ont peu de place pour s’exprimer car le film repose vraiment sur la confrontation entre ces deux.
Au final, ce film n’est certes pas indispensable, mais il me réconcilie avec le film de genre français. Globalement réussi, il atteint ce que l’on attend dans son style ; avec cette petite touche qui le fait sortir de l’ornière des clichés hollywoodiens. Du coup je vais bien me laisser tenter par Livide.
Une réflexion sur « À l’intérieur »