Quatrième tome de la saga A Song of Fire and Ice de George R R Martin, A Feast for Crows arrive donc après le trépidant et prenant A Storm of Swords duquel je pensais le plus grand bien. Pour cette suite, l’auteur se retrouvait avec un livre beaucoup trop long pour être édité tel quel ; il a dès lors pris la décision de le séparer en deux, mais pas de manière chronologique. Martin a séparé les deux livres en usant de la distance géographique. Et donc on ne retrouve ici qu’une partie des personnages, centrés sur les intrigues autour de King’s Landing et environs. Cela implique pas mal de monde et une zone quand même assez large car comprenant les Iron Islands ou les terres des Aryn. Mais du coup c’est frustrant car il y a des personnages que j’apprécie énormément et que je ne retrouve pas ici, comme Tyrion, Danaerys ou Jon Snow. Par contre on en découvre de nouveaux ; avec le nombre de morts récents, il fallait ouvrir un peu les points de vue pour en garder un nombre intéressant.
En fait il y a beaucoup de texte et c’est par moment un peu long. Et lent. Certes il y a quelques jolies claques et de bien belles révélations. Mais globalement c’est assez mou après le très solide troisième livre. Il ne se passe pas toujours grand chose. Par exemple on a une Brienne qui, avec toutes ses capacités et talents, devient en fait un guide touristique bourrin. Martin l’utilise pour nous faire voir du pays, nous faire visiter en profondeur un territoire qu’il se plaît à détailler. C’est sympa en soi et l’univers prend une sacrée profondeur, mais ça ne fait pas tellement avancer le schmilblick ; pas avant un bon moment en tout cas (et quand ça le fait finalement avancer, c’est une grosse claque, mais bon, cela valait-il la peine d’attendre autant ?). Idem avec les subtils des Iron Islands ; on passe pas mal de pages à se demander ce qu’ils viennent faire là et quel sera leur rôle jusqu’à une fin de chapitre où on voit quel rôle important va leur être attribué et comment ils vont nouer ensemble divers fils disparates. C’est pareil pour pas mal d’autres. Samwell, dont on se demande à quoi il sert pendant très longtemps, pendant de nombreux chapitres qui n’apportent rien avant un final qui laisse entrevoir une conséquence assez épique. Sansa qui devient un peu moins cruche certes mais qui ne sert à pas grand chose. Quand à Arya, elle aussi on ne voit pas trop où tout cela nous mène.
Mais il y a des persos qui évoluent de fort belle manière. A commencer par Jaime, dont le changement d’attitude est impressionnant. Sa découverte de certains secrets familiaux et sa nouvelle position, ainsi que sa volonté de respecter ses promesses, c’est vraiment sympa à voir. Cersei est aussi assez impressionnante ; elle devient tellement paranoïaque et elle cherche tellement le pouvoir qu’elle en perd de vue de nombreuses choses essentielles ; son chapitre final est lui aussi solide et envoie bien du bois.
On a donc un roman qui me laisse un peu sur ma faim. Raccourci et amaigri, il aurait pu être plus tendu et rester un seul ouvrage avec sa suite. Mais je suis pressé d’en savoir plus, et de revoir les personnages pas croisés ici. Alors j’ai enchaîné rapidement avec le cinquième, histoire de voir où l’auteur emmène tout ce petit monde.