Enième incarnation du plus célèbre des monstres cinématographiques, le Godzilla version 2014 envoie bien du bois. C’est un gros blockbuster d’action avec tout ce que cela peut laisser sous-entendre au niveau de l’épaisseur du scénario, de certaines failles dans ce dernier, d’improbabilité, de déluge d’action et d’effets spéciaux. Mais c’est un bon blockbuster. Derrière la caméra, on trouve pour son premier film à gros budget (et deuxième long métrage seulement) Gareth Edwards, le réalisateur du très bon Monsters. Après avoir utilisé les monstres en filigrane de l’histoire, comme éléments de décor, il passe à la vitesse supérieure et leur donne ici les premiers rôles, les humains n’étant finalement que de bien frêles petites choses à l’efficacité toute relative.
On découvre Joe Brody, scientifique américain dans une centrale nucléaire japonaise. Une catastrophe va détruire la centrale, forçant à évacuer la zone. La femme de Brody meurt dans l’accident. Des années plus tard, le fils Brody se rend au Japon pour encore une fois tenter de convaincre son père de laisser tomber une théorie complotiste voulant qu’il y ait plus qu’une classique catastrophe naturelle derrière les événements. Bien entendu, Joe n’a pas tout faux puisque l’on va découvrir qu’un monstre titanesque est mêlé à tout cela. Un peu d’infodump plus tard (sous la forme d’une organisation secrète qui sait tout), on va retrouver notre fils Brody qui parcourt le monde à la poursuite de ces monstres et tentant de comprendre comment les stopper.
Le film enchaîne surtout les scènes épiques avec des destructions d’envergure, cheminant vers un affrontement final titanesque et apocalyptique. Les transitions d’une scène de baston à la suivante sont plus ou moins réussies mais on n’est pas là pour s’occuper tellement des humains. Oh bien sûr, il y a la tragique histoire du père Brody, le lien du fils à sa femme et son enfant (avec sa volonté de ne pas répéter les erreurs paternelles), les zooms sur les enfants (dans le métro, sur la plage, etc.), … le réalisateur tente de nous faire nous attacher aux protagonistes. Mais mis à part la tragédie Brody du début (tenue par un Bryan Cranston toujours aussi bon), cette partie ne marche pas tant que ça. Le héros reste assez cliché et monolithique, et manque un peu de charisme (j’avais préféré Aaron Taylor-Johnson dans Kick-Ass). Et puis il y a quand même certaines coïncidences scénaristiques trop grosses, des ficelles aussi épaisses qu’un câble de téléphérique.
Par contre le spectacle est au rendez-vous. Que ce soit dans le design des monstres, leur représentation, leurs actions, jusqu’aux expressions sur le visage de Godzilla, on tient là un petit bijou. Et la bande-son qui accompagne tout cela (les pas des monstres, les battements sourds, les cris, …) est carrément énorme (désolé, chers voisins). Les scènes de bastons sont énormes et démontrent l’ampleur et la puissance de ces créatures. Et franchement c’est cela que l’on vient chercher avec ce genre de film. Je n’ai pas glissé la galette dans le lecteur en espérant y voir une histoire à la profondeur exceptionnelle. J’en ai pris plein les yeux et plein les oreilles et j’en redemande (je suis en pleine découverte de ma nouvelle télé HD). Et le traitement du tout est tellement bon que l’on accepte volontiers les défauts.