Période électorale oblige, on nous parle des partis, et des camps politique à tout bout-de-champ. Normal. Baromètres électoraux, sondages, interviews, résultats, nombre de sièges, répartition, analyses, tout y passe. Tous les jours on retombe dessus. Il y a juste quelque chose que je comprends pas, c’est où on définit finalement la gauche et la droite. Et pourtant je ne suis pas spécialement un novice en politique, je connais pas trop mal le fonctionnement de nos institutions et je suis un peu engagé dans ce milieu. Mais il y a des fois où ça me dépasse.
Que l’on place le PS et les Verts à gauche, c’est logique, ça se tient. Le PS a toujours été de gauche, même s’il pâlit vachement avec les années ; mais on n’est pas encore au niveau du PS français qui n’a plus de « socialiste » que le nom. Les Verts sont originellement quand même ancrés à gauche, et le fait de vouloir encadrer le développement pour ne pas tout laisser aller n’importe comment est assez éloigné du libéralisme si cher à la droite. ca se tient donc pas mal.
Je ne parle du POP et autres Solidarités situés très très à gauche, là on est bons.
Personne ne met en doute le positionnement très à droite de l’UDC qui ne mérite définitivement plus son « C » (pour « centre », des fois que certains l’auraient oublié, d’ailleurs le Tribunal Fédéral a encore récemment précisé que quelqu’un qui est normalement informé connaît la position non-centriste de ce parti).
Nan moi ce qui me fait rire c’est les fameuses appellations « centre » et « centre-droite ». Le PLR navigue entre « droite » et « centre-droite » selon les médias, tandis que PBD et Verts-Libéraux sont presque toujours mis au centre, parfois un peu au « centre-droite ». A se demander s’il y a parmi ces partis une honte à se positionner à droite. Parce que franchement… « PBD »= »Parti bourgeois démocrate »… Il y a « bourgeois » là-dedans. Et quoi de plus représentatif de la droite que les bourgeois? Rappelons que ce parti est quand même né quand l’UDC n’a pas supporté qu’une des leurs soit élue au Conseil Fédéral parce que ce n’était pas celle qu’ils avaient présenté ; ils ont donc préféré l’exclure plutôt que d’avoir deux sièges au Conseil Fédéral (et depuis ils se plaignent de la perte de ce siège, c’est assez amusant, mais là n’est pas le sujet). Donc la création du PBD repose sur d’anciens UDC, à savoir donc bien à droite. Les positions du parti, son appellation, tout le place à droite de l’échiquier politique. Je ne parle pas d’extrême-droite nationaliste avec œillères comme à l’UDC mais d’une droite standard que, même si on n’est pas d’accord avec, on peut discuter avec. De même « Verts’Libéraux » ; c’est moi ou bien il y a « Libéraux » dans le titre? Et le libéralisme, c’est bien quelque chose de solidement ancré à droite, non? Quand au « PLR », lui aussi « libéral », il se trouve aussi bien placé à droite.
Je ne comprends donc pas cette volonté de ne parler que de « gauche » et de « centre-droit » dans l’échiquier politique, avec la seule UDC destinée à la droite (OK, il y a aussi la Lega, le MCG tout à droite aussi). Non il faut être clair. Ces partis PLR, PBD, Verts’Lib, sont de droite. l’UDC à l’extrême-droite comme la gauche à son extrême-gauche. Quel est le problème à avouer son positionnement politique clairement? Je fais le même parallèle avec la transparence du financement des partis et des campagnes ; la droite s’y oppose systématiquement, avec l’attitude de ceux qui auraient quelque chose à cacher. Alors qu’il est tout naturel pour un électeur de savoir d’où viennent les fonds pour se faire une idée des manivelles, engrenages et divers retours d’ascenseurs. Je suis peut-être un peu tordu, mais j’ai l’impression qu’il y a pas mal de gens qui n’assument pas leurs idées et actions politiques.
Crédit photo : Latéralisation, par Raphaëlle Laf Euille, sur Flickr, licencec CC (CC BY-NC-ND 2.0)
C’est quand même un chouïa plus compliqué que cela. Déjà, rien que le mot « libéral » n’a pas forcément la même signification suivant à qui on demande, et on confond souvent « libéralisme » et sa forme récente, dite aussi « ultra-libéralisme », façon Thatcher, Reagan et consorts.
Historiquement, le libéralisme a d’abord été de gauche: ce sont les partis qui appellent à la fin de l’ancien régime lors de la Restauration, vers 1815-1830. Puis ce fut le radicalisme qui a été de gauche – voire de gauche révolutionnaire, notamment à Genève en 1846 (on parle ici de « Révolution radicale »).
En fait, le gros problème des partis de gauche, c’est que, techniquement, ils ont gagné: ils ont apporté des avancées sociales majeures et, du coup, leurs positions qui étaient peut-être « de gauche » il y a trente ans, ne le sont plus tellement aujourd’hui. En face de ça, on a un parti qui prétend avoir une vision pour l’avenir. Pas de bol, sa vision, c’est le XIXe siècle.
Et la boucle sera bouclée… 😉