Et hop, nouvelle présentation de deux jeux que j’ai découverts et bien aimés. Ces deux achats remontent à ma dernière virée à cannes, mais je n’avais pas encore eu le temps de venir vous en parler ici. Réparons donc cette injustice avec un avis hautement subjectif (le mien) basé sur quelques parties de chaque et non pas des études approfondies.
Le Bois des Couadsous
En passant devant le stand des éditions Opla, le très sympathique Florent Toscano m’a alpagué pour que je vienne tâter de sa nouvelle sortie, Le Bois de Couadsous, un jeu de Blaise Muller (auteur de l’excellent Quarto) illustré par Jonathan Munoz. Les Couadsous sont des sortes d’écureuils anthropomorphes fort mignons qui veulent stocker des noisettes pour l’hiver. Le but de ce petit jeu très rapide sera donc d’être le premier à avoir 5 noisettes. On dispose pour cela sur la table un carré de neuf tuiles (3 par 3) ; chacune est recto-verso et chaque face représente un élément de la forêt, à savoir un champignon, une pierre ou une feuille, qui peuvent être jaune. bleu ou rouge. Au bout de chaque rangée, une tuile avec une ou deux noisettes. Chaque joueur place la tuile de son Couadsou devant la rangée de son choix et hop, c’est parti.
Le premier joueur va tenter de traverser sa rangée dans la forêt pour atteindre les noisettes au bout. Pour ce faire, il devra deviner quelle est la couleur de l’élément placé sous la première tuile, puis la deuxième, puis la troisième. A chaque fois on retourne la tuile pour vérifier ; si c’est juste, il peut deviner la suivante, sinon il s’arrête et le joueur suivant va jouer sur sa rangée. Il est rare d’avoir la chance d’y arriver du premier coup bien entendu mais en faisant usage de sa mémoire, un joueur va petit à petit retenir l’ordre des couleurs et pourra donc s’emparer de la tuile de noisettes au bout de sa rangée. Il se déplacera alors d’une rangée et pourra tenter le coup plus loin. Sauf que voilà, petit souci pour les autres joueurs, ils vont à ce moment-là retourner la tuile de leur Couadosus, indiquant ainsi qu’ils ne jouent plus avec les couleurs mais avec les formes sous les tuiles. Et là c’est un deuxième tour de mémoire qu’il va falloir faire fonctionner, et ce n’est pas gagné.
Sous son format petit et mignon, Le Bois des Couadsous s’avère être un vrai tueur de neurones qui va vous faire fumer le cerveau. Malgré cela, il reste accessible aux enfants qui auront toujours un grand plaisir à battre les adultes (on sait qu’ils sont souvent très bons sur les jeux de mémoire). C’est joli, petit (pratique pour prendre dans les bagages en vacances), intéressant, rapide, prenant, avec un terrible goût de « on en rejoue vite une petite ». Y’a bon.
Raptor
Ici c’est un jeu des deux Bruno, celui des plaines (Faidutti) et celui des montagnes (Cathala) comme on dit par chez nous ; deux grands du monde du jeu que l’on ne présente plus tellement ils ont de jeux (souvent très bons) à leur actif. Et c’est illustré par le grand Vincent Dutrait qu’on ne présente plus non plus d’ailleurs. Ici on est dans un jeu à deux joueurs asymétrique (donc pas comme les échecs, les deux joueurs ayant des buts, capacités et actions différentes) qui nous projette sur une île lointaine et isolée ou les raptors existent toujours et sont traqués par des scientifiques voulant les capturer.. L’un des joueurs va prendre en main le destin de maman raptor et ses bébés, son but étant de sauver au moins trois petits ou de ne plus avoir aucun scientifique sur l’île. En face, l’autre joueur va prendre en main les scientifiques qui gagneront s’ils capturent au moins 3 petits, ou si la mère est touchée par au moins 5 fléchettes soporifiques, ce qui la mettra hors d’état de nuire. Deux joueurs, deux factions très différentes, quatre conditions de victoire. Jusque là, ça va. On va poser au centre de la table un plateau modulable, permettant ainsi de varier la position des divers rochers et autres obstacles du jeu. Chaque joueur va prendre le deck de cartes de sa faction, les figurines concernées, et quelques jetons pour les scientifiques. Chaque joueur mélange ses cartes pour en faire une pioche et tire les trois premières pour en faire sa main.
Lors d’un tour de jeu, chaque joueur va poser face cachée une carte de sa main devant lui. On révèle ensuite les deux cartes en même temps. Chaque carte a un numéro unique et une ou deux actions. Si elles ont la même valeur, les deux cartes sont défaussées sans effet et on passe au tour suivant. Si les valeurs sont différentes, on va alors jouer le ou les effets de la carte de plus faible valeur ; les effets varient selon que l’on joue raptor ou scientifique. Ensuite, le deuxième joueur pourra effectuer un certain nombre d’actions dont le nombre est égal à la différence entre les valeurs des deux cartes jouées (les actions possibles dépendent aussi du camp joué) ; par contre il n’applique pas les effets de sa carte. On va ainsi jouer tout après tour, vérifiant au passage si l’une des conditions de victoire est atteinte (les plateaux individuels permettent de suivre cela plutôt bien). On repioche une carte pour refaire sa main à 3 cartes (les effets de certaines cartes permettent de récupérer sa défausse mais celle-ci est au pire remélangée en une pioche si la pioche est vide).
Ce jeu est très sympa. Il pose une bonne ambiance, le thème est bien senti (même si dans les premières phases de conception du jeu, le thème était très différent). Il faut dire que les petite figurines et les jolies illustrations aident à se mettre dans le bain, avec une ambiance bien pulp ; les fans de Jurassic Park apprécieront. Le jeu est tendu, et la victoire n’est jamais complètement acquise, on a de jolis retournements de situation. Les sensations sont très différentes selon le camp joué, les tactiques aussi, et il faudra quelques parties de part et d’autres pour vraiment maîtriser les stratégies et les cartes de chaque camp. Prenant, ce Raptor est donc une bonne réussite.