Parasite

On est en Corée. Une famille habite pauvrement dans un appartement tout petit presque en sous-sol. A l’étroit, sans ressources, ils vivent au jour le jour, sans grand espoir que la situation s’améliore. Un pote du fils propose à ce dernier un poste de prof privé d’anglais dans une famille très huppée vivant dans une immense demeure bourgeoise. Bien sûr le fils accepte, se créé un personnage pour intégrer ce nouveau monde, et va mettre le doigt dans un engrenage complexe. Le goût de l’argent et de la belle vie va grignoter son entourage et les choses vont devenir compliquées, tendues, dangereuses et même glauques.

Difficile d’en dire plus sans trop déflorer le sujet… Attendez-vous juste à plonger dans des événements bizarres et à rencontrer des situations décalées.

John-ho Bong (Snowpiercer, Okja,…) signe ici un film très réussi ; il a reçu la Palme d’Or certes, mais c’est rarement un critère pour moi car il y a vraiment de tout dans ces Palmes d’Or. Ici c’est vraiment justifié. Le film est réellement superbe, avec des plans toujours bien pensés, bien travaillés, qui nous plongent dans l’action. L?image, la lumière, le cadrage, les teintes, tout joue pour nous rappeler cette dichotomie à la base du film, cette opposition de classes sociales qui ne peuvent vivre ensemble qu’en se bouffant mutuellement, l’une étant toujours le parasite de l’autre. De là, on peut se demander qui est le parasite de l’autre… les riches qui ne peuvent rien faire sans les talents et le savoir-faire des pauvres, ou les pauvres qui ont besoin de l’argent des riches. Et hop, voilà, c’est lancé. Au-delà d’un film esthétiquement et techniquement de haut vol, on a de réelles thématiques très intéressantes et ce clash social devient le sujet de fonds du long-métrage. Mais ce n’est pas juste cela. Parasite est aussi un film de genre avec sa part de violence, son orientation polar et la manière dont les choses partent en vrille. Attention cependant, car si violence il y a, elle n’arrive qu’au paroxysme d’une longue attente, d’une tension qui monte et se construit, d’une série de scènes où les moins riches sont régulièrement montrés du doigt et rabaissés. Le film est assez lent et le réalisateur prend son temps pour bien montrer les choses et construire son propos. Et c’est cette plongée lente dans cette ambiance glauque et sourde qui donne toute sa force au film. Le tout chargé de juste ce qu’il faut d’humour pour faire passer. Une grande réussite de fonds et formelle donc.

Mais le film ne serait pas aussi bon sans l’engagement sans faille de ses acteurs dont les prestations sont réellement incroyables. Je connais assez peu le cinéma coréen mais je vois par exemple Kang-Ho Song, qui figure au générique de plusieurs films sur ma liste « à voir », ou Woo.Sik Choi (Dernier Train pour Busan), Ils sont très bons et participent fortement à l’instauration de l’ambiance complètement décalée du film. J’ai vu le film en vo sous-titrée, bien que je ne comprenne pas un mot de coréen, et je dois dire que leurs intonations et leurs jeux sonnaient très juste.

J’ai eu au début un peu de peine à plonger dans le film, j’avoue, car c’est assez lent et on voit mal où le réalisateur veut en venir (j’ai cru un moment à une critique sociale très basique opposant riches et pauvres de manière simpliste). Mais l’esthétique et la maîtrise des scènes m’ont retenu. Et j’ai découvert un film assez dingue, envoûtant, prenant, qui m’a attiré au fond de son histoire. Et au final j’ai passé un très bon moment.

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