1980, dans l’Arkansas, deux enfants disparaissent sans laisser de trace. Deux détectives de la police sont sur l’affaire et vont découvrir un cas complexe et tordu. En 1990, une nouvelle révélation rouvre le dossier et nos deux hommes vont remettre l’ouvrage sur le métier, creusant plus profond dans une enquête qui va s’avérer plus complexe et tordue. 2015, l’un des deux détectives à la retraite répond pour un documentaire au sujet de cette disparition, ouvrant de nouvelles pistes pour donner une conclusion, certes tardive, à ses recherches. La série nous fait suivre ces trois époques en parallèle, sautant allègrement de l’une à l’autre et nous promenant dans les tréfonds d’une enquête dont l’impact sur la vie des deux hommes sera énorme.
Nic Pizzolatto a créé True Detective et en reste le principal meneur, showrunner de cette saison, scénariste de tous les épisodes et réalisateur de plusieurs d’entre eux ; notons aussi à la réalisation Jeremy Saulnier (Blue Ruin, Green Room,…) et Daniel Sackheim (Law and Order, X-Files, Game of Thrones,…). La première saison avait été une très grande réussite. La deuxième, bien que en-dessous, restait très sympathique. On retrouve ici ce qui fait la marque de la série, aprce que rappelons que chaque saison est une histoire complètement différente avec des personnages différents et des choses qui n’ont rien à voir. Par contre chaque saison est marquée par des personnages forts, torturés, des liens difficiles entre eux, une intrigue tordue et à tendance malsaine, et une réalisation aux petits oignons ; c’est à nouveau le cas.
Techniquement, la série est toujours une réussite. La réalisation est de grande qualité avec des images parfois assez dingues. Le choix des plans et des cadrages est très bon. Et la photographie participe à poser une ambiance qui nous entraîne dans l’intrigue. On en prend visuellement plein la gueule. Il y a aussi la technique du maquillage, nécessaire pour rendre correctement le vieillissement des personnages sur les trois temporalités, et le résultat est bluffant. La série maintient un rythme tendu et nous offre les différentes éléments et révélation petit à petit. Bon je dirais que la révélation finale avec toute l’explication, certes bien glauque et tordue, est assez évidente ; ce n’est qu’une confirmation de ce que l’on a vu auparavant. Il y a bien cet épilogue qui ajoute un enjeu dramatique au tout. A noter que la série est plutôt lente, ce n’est pas un déchaînement d’action, même s’il y a quelques scènes où ça castagne. Mais l’idée est plutôt de nous entraîner tranquillement dans l’histoire, de nous plonger dans l’ambiance, de nous faire rencontrer des personnages profonds et changeants.
En parralèle de l’histoire, de l’enquête en elle-même, il y a aussi quelques thématiques bien amenées. Comme par exemple avec le fait que le personnage principal soit atteint de pertes de mémoire, une maladie qui s’accentue avec l’âge et qui donne un twist intéressant à la temporalité de 2015 surtout ; sans compter ce que cette situation ajoute à l’épilogue en termes d’émotion. On suit le personnage qui subit cette situation, qui en souffre, qui en vit des conséquences pas toujours simples ; et qui parfois en joue, en prétendant ne pas pouvoir continuer l’interview. On a aussi un assez fort accent sur le racisme, l’évolution de la perception des personnes de couleur sur 35 ans, la difficulté à s’imposer comme homme noir dans une Amérique profonde ; comme dans la première saison, le contexte géographique et social donne du poids et est constitutif de la série. Et puis on a aussi toute la question des liens familiaux, qu’il s’agisse du couple, de l’amour, des raisons de se mettre ensemble, ou des liens filiaux.
La série tient à nouveau beaucoup aussi à la performance des acteurs. A commencer par Mahershala Ali (Les 4400, Predators, Hunger Games, Alita Battle Angel,…) réellement impressionnant, portant un personnage complexe marqué par la guerre, cherchant à être intègre mais portée par des penchants plus sombres ; vraiment une interprétation de grande qualité. Son partenaire c’est Stephen Dorff (Blade,…), lui aussi très réussi en flic typique de l’Amérique profonde, désabusé et tiraillé entre ses aspirations. Et puis les autres qui ne sont pas en retrait comme Carmen Ejogo (The Purge 2, Les Animaux Fantastiques, Alien Covenant,…), Scoot McNairy (Gone Girl, Batman V Superman,…), Ray Fisher (Justice League), Michael Geyeyes, Scott Sheperd, Steven Williams (21 Jump Street, X-Files,…), et même une courte mais marquante apparition de Michael Rooker (Horribilis, Super, les Gardiens de la Galaxie,…) Et une galerie de rôles plus discrets mais toujours justes et réussis.
Une très bonne troisième saison donc, tenant autant à l’intrigue qu’au contexte (contexte social, personnages, ambiance, liens entre les personnages, etc.) Une réussite technique et artistique pour une série qui s’impose vraiment. Je conseille chaudement.
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